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Mélanges variétaux de blés

Pourquoi et comment ?

Arnaud Gauffreteau, ingénieur agronome INRA, a travaillé sur le projet Wheatamix concernant les associations variétales en blé. Il interviendra lors d’une formation de la Chambre d’agriculture de l’Yonne sur cette thématique le 28 mai prochain.
Par Orianne Mouton
Pourquoi et comment ?
( Crédit photo : Réussir )
Le projet Wheatamix a été mené par l’Inra en collaboration avec six Chambres d’agriculture du bassin parisien. Pendant quatre ans, les recherches visaient à analyser les mélanges variétaux de blé sous toutes les coutures : du choix des associations à l’impact des cultures en mélange sur les filières, en passant par l’étude sur le développement des plantes ou encore les services écosystémiques rendus par les associations variétales. Arnaud Gauffreteau, ingénieur agronome à l’Inra, a participé à ce projet. «La culture du blé en mélange variétal s’est beaucoup développée ces dernières années En 2010, il y avait 1 % de surfaces de blé semées en mélanges, ça a commencé à exploser à partir de 2014-2015, avec 2 à 3 %. En 2018 s’est passé à 8,3 %.» Si le semis en mélange explose autant, c’est que ses intérêts sont nombreux. «Les principales motivations des agriculteurs à faire des associations variétales sont d’abord de réduire les intrants, puis de stabiliser la production et enfin de simplifier la logistique de semis et de stockage liée aux variétés sur leur exploitation tout en ayant une diversité génétique.»

Un levier d’action sur les rouilles et la septoriose
«On sait que les mélanges ont un fort effet sur les maladies, principalement les maladies aériennes que sont la rouille et la septoriose : si on fait correctement son mélange, on a une protection des variétés sensibles par les variétés résistantes. Cet effet permet de se passer éventuellement d’un traitement, mais surtout de pouvoir attendre des conditions favorables à l’application d’un produit, puisque la maladie se développe beaucoup moins vite. L’agriculteur a donc plus de marge de manœuvre pour traiter. La culture en association permet également de cultiver une variété que l’on n’aurait pas pu faire seule, comme celles ayant tendance à verser : une variété qui verse au milieu de trois variétés qui ne versent pas va être retenue et rester droite. Ou encore une ou deux variétés à barbe dans un mélange permettront de limiter les dégâts liés aux animaux, qui ont tendance à moins traverser ou manger des blés barbus.»

Une meilleure résistance aux accidents climatiques
Concernant les rendements observés lors des différents essais, il ressort en moyenne un léger avantage de 2 % pour les résultats d’une parcelle en mélange par rapport aux moyennes des parcelles en variété pure. «Ce qui ressort surtout de l’étude, c’est qu’un blé en mélange variétal résiste mieux en cas d’accident, comme en 2016 où il y a eu une grosse pression de maladies, et où les mélanges variétaux avaient des rendements moyens de 5 % de plus qu’en pur.»
Les associations variétales sont intéressantes, à condition de respecter certaines règles, comme le rappelle le spécialiste : «On s’est rendu compte qu’on pouvait avoir une grande marge de manœuvre dans le mélange des variétés. Mais il existe quelques règles à respecter, notamment en fonction des résistances aux maladies.»
Côté aval, l’étude se montre optimiste sur le développement de l’acceptation des mélanges, «Plein de verrous sautent ces derniers temps, et les filières s’ouvrent de plus en plus aux mélanges. Même si en France, ils ne sont pas encore acceptés pour la panification, pour l’export, ça ne pose généralement aucun problème.»

Une formation pour réfléchir à ses mélanges variétaux
Arnaud Gauffreteau interviendra et présentera en détail les résultats des travaux de Wheatamix et leur application dans les fermes lors de la formation «Mélanges variétaux de blé : pourquoi et comment ?» organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne. Sébastien Piaud, conseiller de la Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne, sera à ses côtés pour présenter les travaux réalisés dans son département. L’objectif de la formation est de connaître les intérêts des mélanges de variétés de blé et leurs impacts sur les maladies, ainsi que concevoir des mélanges de variétés adaptés au contexte de son exploitation. Elle aura lieu le 28 mai au matin à Maillot et sur une après-midi début juin pour visiter les essais en Seine-et-Marne. Pour toute information et inscription, contacter Élodie Joudelat - 03 86 64 64 78 – e.joudelat@yonne.chambagri.fr