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Expérimentations

Pour une moutarde extra forte

L'Inrae a récolté de nouvelles variétés de moutarde la semaine dernière à Bretenière. Des tests visent à sélectionner les graines les plus productives mais aussi et surtout, les plus résilientes.


 

Par AG
Pour une moutarde extra forte
Chaque micro-parcelle mesure 1,50m de large (comme la coupe de la moissonneuse) et neuf mètres de long. Moins d'une minute suffit à les moissonner.

Une soixantaine de parcelles récoltées par heure, c'est possible, quand il s'agit d'expérimentations ! Nous étions le 1er juillet sur une plateforme de l'Inrae à Bretenière, à quelques pas de la Maison de l'agriculture. Guillaume Poussou, technicien de recherche, était au volant d'une mini-moissonneuse et nous a consacré quelques instants, une fois sa tâche accomplie, pour nous présenter les grandes lignes de son travail : « Nous testons 45 variétés en bas intrants et 60 sans le moindre produit phytosanitaire. Ces dernières, sans le moindre traitement, nous permettent de voir des choses qui ne seraient pas visibles autrement. Par exemple, une variété très productive peut être handicapée par un stress fort, par exemple un ravageur ou de l'enherbement. À l'inverse, une variété moyennement productive est susceptible de bien conserver son potentiel de rendements en cas d'aléa. Tous ces points sont étudiés et évalués afin de trouver les meilleurs compromis, les variétés les plus résilientes qui, une fois sur le marché, pourront mieux passer le cap si un traitement n'obtient pas, pour une raison ou pour une autre, son efficacité souhaitée ». L'un des principaux enseignements de l'année sera sans doute en lien avec la rouille blanche : « cette maladie a été bien présente à partir du mois d'avril. Il sera facile d'apprécier les variétés les plus sensibles et à l'inverse, les plus tolérantes ».

La moutarde le vaut bien

Un sélectionneur aura la tâche de faire le tri dans ces nouvelles variétés, qu'il a préalablement créées : « les résultats obtenus seront corrélés à d'autres expérimentations, cette fois-ci menées avec des produits phytosanitaires. Ce travail de sélection commence à porter ses fruits, nous le voyons bien depuis plusieurs années. Les choix variétaux permettent une plus grande résilience de la culture ». Guillaume Poussou rappelle que la moutarde de Bourgogne représente des centaines d'emplois : « de plus, le produit est connu dans le monde entier, il fait partie de notre patrimoine : il faut se réjouir que la filière se soit structurée et essaie de répondre aux nouveaux enjeux, notamment climatiques, avec l'idée d'être toujours en avance. Ces expérimentations sont plus que nécessaires devant l'apparition de nouvelles maladies. La rouille blanche, justement, en est un bel exemple, il n'y en avait pas avant. L'enherbement est aussi plus important suite au retrait de certaines matières actives. Les pressions d'insectes sont également plus fortes. Créer des variétés dans ce contexte spécifique de contraintes fortes et de résilience recherchée devrait permettre d'identifier les variétés les plus robustes ».

 

Point moisson

À la date du 3 juillet, 1 500 ha de moutarde de Bourgogne étaient récoltés. Les rendements varient de 10 à 25 q/ha pour une moyenne de 17,5 q/ha, laissant présager une très belle année pour les producteurs.