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Interview

Pour un prix respectueux des éleveurs

Alors que la mobilisation syndicale de la FNB bat son plein, Emmanuel Bernard, secrétaire général adjoint de la FNB et président de la section bovine FDSEA 58, revient en quelques mots sur l’enjeu du cœur de gamme pour les éleveurs.
Par S.L
• La FNB mobilise depuis le milieu de semaine ses sections bovines pour faire pression sur Carrefour qui refuse de rentrer dans la démarche «cœur de gamme». Allez-vous suivre le mouvement ?
E.B : «Oui bien sûr, la section bovine de la FDSEA et les JA 58 ont mobilisé leurs adhérents pour samedi 10 septembre où le magasin Carrefour de Nevers-Marzy sera bloqué. L’enjeu du prix de la viande est stratégique pour les éleveurs, qu’ils produisent du gras ou du maigre. On n’a jamais vu des broutards chers quand la viande est au plus bas. Et au rythme où les prix dégringolent, l’automne risque d’être terrible. Donc on mobilise».

• Sur le marché quelle situation ?
E.B : «Les prix ne cessent de chuter sur le marché intérieur sous l’effet de la restructuration laitière qui inonde le marché de la viande et de la stratégie de Bigard qui continue de saper le segment « race à viande » pour tirer les prix vers le bas. Côté export, pas de signes positifs malgré les quelques pistes ouvertes jusqu’alors. Sur ce marché, c’est l’acheteur qui décide ! Ce dont on a besoin c’est de cotations qui ne soient le reflet d’un marché artificialisé par des gros faiseurs qui saignent les paysans».

• Mobilisation pour le cœur de gamme donc ?  
E.B : «Oui, avec Carrefour dans le viseur qui refuse de jouer le jeu. C’est une enseigne qui avec la filière qualité Carrefour en 96, avait une longueur d’avance. Sans la prise en compte du cœur de gamme, aujourd’hui Carrefour régresse. Et le cœur de gamme, ce n’est pas compliqué ! C’est seulement un accord gagnant-gagnant, pour respecter le travail de l’éleveur. Nous nous présentons devant les directions des enseignes avec une proposition d’engagement écrit sur trois critères : Un engagement d’approvisionnement minimal à hauteur de 50 % en race à viande, des animaux conformés R, R=, et la fixation d’un mécanisme de retour financier vers l’éleveur, intégrant la prise en compte des coûts de production. Et ça marche ! Dans l’Ouest, les éleveurs qui travaillent avec Système U depuis cet été encaissent en moyenne 400 € de plus par bête, sans hausse du prix consommateur. Carrefour est un gros faiseur. Son engagement dans la démarche aux côtés de système U donnerait un signal fort au marché. Et ça les éleveurs en ont besoin pour les finances et le moral».