Accès au contenu
Innov’Action

Pour enrichir les prairies

La Chambre d’agriculture de Côte-d’Or organisait une journée technique sur le sursemis le 24 août près de Semur-en-Auxois.
Par Aurélien Genest
Pour enrichir les prairies
Une cinquantaine de personnes avaient fait le déplacement, soit près de trente élevages allaitants et laitiers.
Belle mobilisation il y a quelques jours dans le petit village de Saint-Euphrône. Une cinquantaine de personnes avaient fait le déplacement, pour près de trente élevages allaitants et laitiers représentés.

La technique du sursemis était à l’honneur, avec des ateliers dédiés à l’optimisation de l’exploitation des prairies.

Le premier d’entre eux s’est intéressé au fonctionnement du sol sous couvert prairial. Christian Barneoud, pédologue à la Chambre régionale Bourgogne-Franche-Comté, a démontré l’importance «cruciale» du sol dans le bon fonctionnement de la prairie et dans sa production en termes de rendement et de qualité de fourrage produit.

Caractéristiques physiques et structure du sol ont été étudiées. La méthode dite Pépone a été réalisée à la fourche à palette avec l’extraction d’une motte de terre d’une centaine de kilogrammes. Rapide et peu destructrice, cette méthode demande peu de préparation manuelle.

La couche humifère de surface et le sommet de la couche suivante offrent une bonne lisibilité des discontinuités du sol pour réaliser un diagnostic et corriger d’éventuels problèmes.

Envisager un sursemis
Le sursemis a été présenté, avec le rappel de plusieurs bases. Cette technique de rénovation des prairies évitant le retournement d’une parcelle peut s’envisager si les zones de sol nu représentent plus de 10% de la surface.

Le sursemis doit être réalisé avant que les espaces vides ne soient colonisés par les espèces non souhaitées. La prairie doit bénéficier d’un bon fond prairial : au moins 30% des espèces présentes doivent avoir une bonne valeur fourragère (ray-grass anglais, fétuque des prés ou élevée, dactyle, fléole, trèfle, lotier…)

Si ces espèces représentent moins de 30%, un re-semis total est à envisager. Un sursemis doit être réalisé en condition optimale de germination, sur un sol réchauffé et humide. Cette technique présente des résultats aléatoires en grande partie liés au climat suivant l’implantation : les conditions météorologiques n’étant pas toujours prévisibles, il peut être préférable de procéder à des sursemis réguliers avec de plus petites quantités de semences plutôt que de tout miser sur une seule intervention.

Un test de trois mélanges
Trois mélanges prairiaux ont été implantés le 24 août à Saint-Euphrône. Le premier est composé de trois trèfles blancs (3kg/ha). Le second est un mélange pour une durée de vie de trois ans, très agressif, avec plus de 50 % de légumineuses comprenant deux variétés de ray-grass hybride, du trèfle violet et du trèfle blanc. Le troisième mélange, d’une durée de vie de cinq ans et plus, comprend du ray-grass anglais tétraploïde et diploïde, de la fétuque élevée, du dactyle, du ray-grass hybride diploïde et du trèfle blanc. Si les trois mélanges ont été semés avec le Guttler, le deuxième l’a également été avec un semoir à céréales classique avec un semoir centrifuge.
L’étude montrera s’il est possible de réaliser un sursemis sans avoir recours à des outils spécialisés. Cet essai sera suivi par la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, les résultats seront communiqués dans Herbe Hebdo et dans Terres de Bourgogne.

Place à la réflexion

Le rendez-vous était donné sur une parcelle de Julien Capiau, agriculteur faisant partie du réseau Herbe Hebdo. Contacté il y a quelques mois par Florent Gavard, conseiller à la Chambre d’agriculture, l’éleveur de 34 ans avait accepté de se prêter «au jeu» , devant les bénéfices espérés du sursemis : «Cela fait un petit moment que j’entends parler de cette technique mais je ne l’ai jamais utilisée. Elle peut être intéressante pour mon exploitation. Mon chargement est important et la quasi-totalité de mes prairies sont des anciens champs. J’améliore déjà le plan d’herbe avec du compost mais le sursemis me permettrait d’aller encore plus loin. Une réflexion s’imposera en fonction des résultats obtenus, notamment sur les mélanges à utiliser et le matériel à utiliser. Du semoir à céréales classiques aux outils spécialisés, il existe plusieurs options pour la réalisation d’un sursemis».