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Baigneux-les-Juifs

«Pire qu’en 2003»

La société coopérative agricole de déshydratation de la Haute Seine tenait son assemblée générale le 15 avril. La sécheresse de 2015 a été plus que sévère.
Par Aurélien Genest
«Pire qu’en 2003»
Les adhérents ont assisté au bilan de l’année écoulée.
(en médaillon) Claude Nocquard, président de la coopérative, a fait part d’un rendement moyen de luzerne 5t/ha.
Il était temps de tourner définitivement la page. L’année écoulée a été «catastrophique» d’après Claude Nocquard, le président de la coopérative de déshydratation de Baigneux-les-Juifs. L’impact de la sécheresse s’est fait lourdement ressentir avec des tonnages plus que décevants. Les quantités de luzerne déshydratée dépassent très timidement la barre des
7 000 tonnes, sur un total de 1 400 hectares. «Nous terminons sur une moyenne de 5t/ha. C’est du jamais vu, ce résultat est pire que celui de 2003. Lors d’une année moyenne, nous atteignons les 8, voire 9t/ha, sans que cela soit exceptionnel pour autant» commente le président. Avec ses 1 683 tonnes, le maïs ne relève pas la donne, lui qui dépassait les 5 000 tonnes en 2011 et 2012, et encore les 4 500 tonnes en 2014. «Certaines parcelles n’ont donné que 1,5t/ha...» a illustré le directeur Dominique Garnaud. «L’année 2015 a été compliquée pour tous les fourrages, dans leur globalité» poursuit Claude Nocquard. La société coopérative agricole de déshydratation de la Haute Seine a également déploré une certaine mévente de ses produits, conséquence de la crise de l’élevage. «La production de la Marne a été relativement bonne. Elle n’a pas trop souffert de la sécheresse et cela ne nous a pas arrangés non plus» confie le président.

Incendie en juillet
Les autres produits de diversification de l’usine ont été logés à la même enseigne: «ces derniers nous aident généralement à tourner lors d’années difficiles, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous sommes diversifiés. Mais cela n’a pas fonctionné en 2015, le très faible niveau des cours des matières premières agricoles n’a pas été favorable du tout. La conjoncture a limité les achats en maïs. La surproduction de bois au niveau national nous a plombés. Nous vendons d’ordinaire du marc de raisin : les pépins servent à fabriquer de l’huile mais une surproduction a là aussi bridé le marché... Le son de moutarde, lui, n’a pas marché non plus». Pour ne rien arranger, l’usine de Baigneux a été victime d’un incendie début juillet, détruisant l’un de ses bâtiments de stockage : «cela nous a très fortement perturbés dans le fonctionnement» relève Claude Nocquard, «ce sinistre nous a beaucoup monopolisés en terme de gestion, mais fort heureusement, nous sommes bien assurés et nous disposerons prochainement d’un bâtiment neuf, qui sera opérationnel courant juin».

Objectif 10 000 tonnes
L’année 2016 ne pourra être que meilleure pour la coopérative... «Cela fait quatre années que nous connaissons des sécheresses et les tonnage en pâtissent. Nous souhaiterions arriver au moins à 10 000 tonnes en luzerne cette année, d’autant que nous venons d’augmenter de 350 hectares notre surface de production. Cela représente une bonne quinzaine d’agriculteurs qui ont rejoint le dispositif, nous avions souhaité élargir notre périmètre de récolte» explique Claude Nocquard. Malgré les difficultés de 2015, les prix payés aux adhérents ne bougeront pas grâce à un effort financier de la coopérative. A l’approche de la première coupe, prévue début mai, les producteurs tentent d’afficher de l’optimisme avec les dernières précipitations, même si «l’absence d’hiver a quelque peu sali les parcelles». «A cette période de l’année, nous ne nous faisons généralement peu de soucis, les semaines à venir nous permettront de nous donner de premières impressions» note le président. L’aspect coopératif a fait l’objet de discussions et de rappels «très utiles» à la fin de cette assemblée. «La coopération est une notion très importante dans ce monde individualiste» termine Claude Nocquard, «il ne faut pas se servir de la coopérative comme un supermarché : l’adhérent doit bien se rappeler qu’il en est propriétaire. Il doit s’en servir intelligemment et avoir conscience qu’il est acteur de son avenir».