Accès au contenu
Maïs ensilage

Petits rendements, grandes conséquences

Un élevage allaitant à proximité de Pouilly-en-Auxois évoque la récolte de fourrages et l’impact financier sur l’alimentation du bétail.
Par Aurélien Genest
Petits rendements, grandes conséquences
Les résultats n’ont rien à voir avec ceux de 2014.
Comme un peu partout en Côte d’Or, la récolte de maïs ensilage n’a pas été bonne au Gaec Mimeur à Thoisy-le-Désert. Ensilés début septembre, les 13 hectares de l’exploitation laissent apparaître un rendement voisin de 7 t/ha de matière sèche, un score quasiment de moitié par rapport à ce qu’il est couramment rencontré lors d’une bonne année. «Ce résultat est mauvais, mais pour dire vrai, je m’attendais à quelque chose d’encore plus décevant vu le temps que nous avons eu cet été !» confie Laurent Mimeur. L’agriculteur salue les bienfaits des 100 millimètres d’eau du 14 juin et des quelques précipitations juste avant la récolte, ayant permis à la culture de «terminer tant bien que mal». Son frère Denis remarque certaines disparités de rendements dans son secteur, selon les date de semis : «ceux qui ont semé tôt s’en sont un peu mieux sortis mais le bilan reste très décevant dans son ensemble. Cela aura un impact important sur l’alimentation des animaux de chaque exploitation».

Pour combler ce manque de récolte, les deux éleveurs devront limiter les ventes de leurs céréales: près de 50 tonnes de blés seront ainsi réorientés pour nourrir leur cheptel bovin allaitant. A cela s’ajoutera l’onéreux achat d’aliments... «la facture liée à cette baisse de rendements est difficile à chiffrer aujourd’hui, tout dépendra de la date à laquelle nous lâcherons les animaux l’an prochain, mais il est fort probable qu’elle dépasse les 15 000 voire 20 000 euros pour notre exploitation. Un hectare de maïs de perdu équivaut généralement à 4 tonnes d’aliments concentrés» relève Laurent Mimeur. La bonne qualité espérée du maïs ensilage (l’analyse est en cours) ne devrait guère changer la donne : les veaux devront recevoir davantage d’aliments, de foin et de paille que prévu. Même chose pour l’engraissement des vaches de réforme qui nécessitera lui aussi des adaptations alimentaires.

1 000 euros du Conseil départemental ?
La lourde facture tente d’être «allégée» par les éleveurs. Pour le moment, seule l’aide aux transports du Conseil départemental est acquise (10 centimes d’euros/tonne/km pour l’achat d’aliments de substitution, pour un maximum de 1 000 euros par exploitation), mais celle-ci ne représente que 5% des pertes subies. Denis et Laurent Mimeur espèrent obtenir différents allègements fonciers et  misent sur des prises en charge d’intérêts d’emprunts pour atténuer les pertes. Après une consommation élevée en paille (plus de 100 tonnes ont été utilisées depuis l’affouragement des bêtes au pré), les difficultés s’enchaînent pour l’exploitation côte d’orienne avec les restrictions de la fièvre catarrhale ovine: «nous avons encore 50 bêtes à faire partir, leur départ va être décalé d’un mois avec la FCO» déplore Denis Mimeur qui tente de relativiser : «heureusement, les trois quarts des bovins ont pu être vendus avant les restrictions... Aujourd’hui, il nous reste principalement des femelles. On se serait bien passé de cet épisode sanitaire car nous allons devoir garder les animaux plus longtemps, leur prise de poids va nous coûter cher et tout laisse à penser que nous les vendrons moins cher car beaucoup de bovins vont se retrouver disponibles en même temps sur le marché».