Maraîchage
Pas le droit de se planter
Un agriculteur du Val de Saône présente sa plantation de salades débutée il y a un mois et évoque les difficultés du marché.
Quinze mille plants à l’heure. La planteuse de Jacky Drouelle, maraîcher aux Maillys dans le canton d’Auxonne, a vive allure. «Elle est de marque Ferrari, et ce n’est pas une plaisanterie ! C’est un homonyme du célèbre constructeur de bolides» relève Jacky Drouelle, qui assure 90% des volumes côte d’oriens avec deux autres producteurs du secteur. Si la bonne humeur est de mise, en ce mercredi 18 mars très ensoleillé, le maraîcher du Val de Saône ne cache pas ses interrogations sur le marché : «j’espère que ce sera un peu mieux cette année. En 2014, j’ai vendu mes salades au prix moyen de 17,5 centimes d’euros, avec un coût de revient de 15 centimes... Dans le même temps, on retrouve les produits dans les rayons au prix minimum de 80 centimes. Ça peut même monter à 1,10€». La situation «ne va pas en s’arrangeant» poursuit Jacky Drouelle: «il y a un rapport de un à cinq entre le prix payé au producteur et le prix trouvé en rayon. Il y a dix ans, ce rapport n’était que de 3,5. Les légumes suivent la même tendance que les autres productions, telles que la viande ou le lait». Producteur de 30 hectares de salades -soit 2 100 000 plants-, Jacky Drouelle est appuyé par son fournisseur Dominique Frances, de la société hollandaise Beekenkamp basée dans l’Yonne : «Le marché du légume est en grande difficulté. Il n’y a plus que cinq ou six centrales d’achat en France et elles décident de tout : des prix et des volumes... En plus, les habitudes alimentaires changent. La consommation baisse de 4% chaque année. Avant, nous mangions tous une salade avec le fromage. Ce n’est plus le cas!» Jacky Drouelle ajoute «une couche» sur les coûts de productions : «le maraîchage mobilise pas mal de main d’œuvre. J’emploie personnellement quatre salariés à temps plein et deux saisonniers. Quand le Smic est à 13€/h en France, il n’est qu’à 6,20€/h en Belgique et à 5,05€/h en Allemagne. La concurrence que nous subissons n’est pas juste».