Point de vue
Pas de colza en 2019
Hubert Mony, également de Francheville, a diminué de moitié sa surface en céréales en une décennie. Et pour la première fois depuis 22 ans, l’agriculteur ne sèmera pas de colza le mois prochain.
Le Côte-d’orien livrait son ressenti la semaine dernière, lors de la récolte de son blé : « Comment faire pour gagner notre vie dans nos parcelles à faibles potentiels, ayant moins de 20 cm de terre ? C’est la question que je me pose très régulièrement. Nous n’avons jamais passé autant de temps à réfléchir à notre assolement. Les problèmes sont multiples : en colza, les altises arrivent, il faudrait tout le temps traiter. À un moment donné, au niveau écologique, il faut arrêter. En désherbage, il n’y a pas de nouveauté et les discussions autour de l’huile de palme n’annoncent rien de bon. En conséquence, j’ai décidé de ne pas semer pas de colza en août. Pour les céréales, rien n’évolue non plus au niveau des prix. Sur le plan technique, nous ne savons plus quoi faire face à la résistance des vulpins. Je le reconnais, je n’ai jamais été démotivé à ce point pour les productions végétales. L’allongement des rotations avec l’herbe et la luzerne est certes une solution, je peux me le permettre car j’élève des animaux. L’agriculture bio, j’y réfléchis mais je pense qu’il faudrait disposer de meilleures terres. Le réchauffement climatique ne nous est pas favorable et les problèmes pédoclimatiques s’annoncent de plus en plus nombreux… ». Devant ces contraintes, Hubert Mony a décidé de poursuivre le développement de son troupeau ovin. Celui-ci a déjà doublé depuis 2010 en race Romane. Des croisés Suffolk feront prochainement leur apparition dans le cadre d’un GIEE en partenariat avec Terre d’ovin, organisation de producteurs bourguignons.