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Filière porcine

Optimiser le temps de travail pour réduire les charges

Dernier volet du chapitre de nos reportages chez les éleveurs porcins. Cette semaine, nous visitons l’EARL Hardoin, un post sevreur-engraisseur à Charny. Il expose comment dans son exploitation, il optimise au mieux le temps passé à soigner les animaux et comment il entretient les bâtiments pour réduire les charges.
Par Marianne Ranque
Optimiser le temps de travail pour réduire les charges
La fosse à lisier est aujourd’hui suffisante. Mais pour combien de temps ?
Christophe Hardoin s’installe en 1999 avec la reprise de terres de 50 Ha et forme un Gaec avec ses parents qui sont déjà naisseurs-engraisseurs depuis 1975. Ils profitent de l’installation de Christophe pour faire construire une porcherie pour 70 truies.

Cette porcherie truies gestantes-maternité est faite d’un seul tenant pour faciliter le déplacement des truies et réduire les efforts de distribution d’aliments par rapport aux anciens bâtiments. Ils avaient déjà au préalable construit un bâtiment engraissement en 1989 et un bâtiment post-sevrage en 1994. Dès l’installation de Christophe, l’exploitation oriente ses choix d’investissements vers une simplification du travail et une optimisation du temps passé sur l’atelier.  En 2010 le père de Christophe prend sa retraite et il  décide d’arrêter la partie «maternité».

Il devient donc post sevreur-engraisseur. Sa mère prend sa retraite en 2013 et Christophe, resté seul sur l’exploitation, doit recruter un salarié à temps plein. Il transforme les bâtiments truies gestantes en atelier d’engraissement pour accueillir des bandes de 220 porcelets toutes les 9 semaines. Les porcelets sont achetés et revendus au groupement Cyrhio.

Une limitation des frais de main d’œuvre
La nourriture est produite sur l’exploitation. Tout est stocké sur place et transformé en farine. 38% de la production de céréales de l’exploitation est valorisée directement par les porcs (blé, pois, orge) et les concentrés sont achetés auprès du groupement (tourteaux de soja et colza). Ce sont donc 3 000 quintaux qui sont stockés en cellules sur l’exploitation avec une distribution automatique de la farine.

L’objectif pour le producteur est de réduire au maximum le temps passé auprès des porcs pour limiter les charges de main-d’œuvre. L’arrêt de l’atelier naisseurs a aussi permis de réduire de manière significative l’utilisation des antibiotiques et de baisser les frais vétérinaires. Christophe souhaite se dégager du temps pour ses autres activités : les cultures, mais aussi les vidanges de fosses septiques.

La valorisation est insuffisante
Ces activités rapportent plus d’argent à l’exploitation que la vente des porcs dont la valorisation est de plus en plus maigre.  «Aujourd’hui, en porcs la valorisation n’est pas au rendez-vous, à 1,20€ on ne s’en sort pas» (ndlr : interview réalisée en juin avant les accords sur les prix de la viande). «Si les porcs étaient payés 15 cents de plus au kilo, au final le consommateur ne verrait pas de différence alors que pour nous ça changerait tout !»
Pourtant, ce passionné ne se verrait pas arrêter son élevage : «il y a toujours eu des porcs à la maison» mais il est lucide sur son activité. «Je préfère utiliser mon temps ailleurs car la valorisation est meilleure» explique-t-il.  Il évoque les pistes qu’il avait envisagées pour augmenter l’activité porcine. Il s’était engagé dans la filière qualité Carrefour mais devant les difficultés de la marque à valoriser ses produits porcins, la demande a été réduite et Christophe s’est vu contraint d’arrêter en 2014. A ce jour, aucune forme de valorisation n’est proposée à l’éleveur.