On a des choses à faire ensemble !
Faire le lien entre tous les acteurs concernés par le développement d'une alimentation saine et de proximité : tel était le « fil rouge » du dernier Conseil départemental de l'alimentation de Côte-d'Or. Pour que les Projets alimentaires territoriaux (PAT) fonctionnent, producteurs, transporteurs et acheteurs doivent se connaître et se comprendre.
Anne-Claire Ollivier, en charge de la mise en œuvre du plan d'action logistique au sein du Département de la Côte-d'Or le rappelait, lors du Conseil département de l'alimentation, organisé à Dijon le 2 octobre : « Pour un bon déploiement des Projets alimentaires territoriaux (PAT) il faut additionner plusieurs actions complémentaires. Notre rôle est de mettre en relation producteurs, acheteurs et logisticiens. » Avoir une approche qui prend en compte les attentes, les besoins et les limites de chacun paraît effectivement incontournable. Cette logique fut mise en lumière à l'occasion de la présentation de l'état d'avancement de plusieurs PAT mis en œuvre sur le territoire (voir encadré). Mais elle apparaissait aussi dans les échanges d'une table ronde consacrée au thème de la construction d'un réseau de logistique locale pour le développement de l'alimentation de proximité. C'est souvent l'aspect le plus compliqué, comme le confirmait Fatima Michelin, cheffe de cuisine au collège de Montbard. Elle travaille avec le collectif d'agriculteurs des Fermes de l'Auxois : « notre premier menu conçu selon ce partenariat a été servi le 16 octobre. Les mentalités changent, je veux en finir avec cette image du chef de cuisine qui ouvre des boîtes de conserve. Dans mon collège, depuis que nous proposons des légumes locaux et souvent bio, les jeunes en mangent de plus en plus. Mais il faut savoir jouer sur les saveurs. »
Essais et tentatives
Il faut aussi que les échanges soient fluides. Éleveur laitier à Moloy, Mathias Colson réfléchit depuis longtemps à la meilleure solution possible pour livrer ses produits. « La logistique c'est chronophage et pas toujours rentable. Il y a le problème des livraisons qui obligent à faire beaucoup de kilomètres pour des petites quantités ». Pourtant, contrairement à beaucoup, Mathias Colson a intégré dès le départ ses coûts de logistique dans ses prix de revient. Toujours en recherche de solutions, il a fait des essais avec le logisticien Cap Nord Livraisons qui se sont révélés concluants. Cette entreprise de Longvic est dirigée par Bertrand Tassin. Son expertise de logisticien lui permet d'avoir un rôle de conseil auprès des producteurs : « on étudie le besoin, on repense le modèle. On ne répond pas forcément à toutes les situations mais on peut présenter différents schémas et trouver celui qui correspondra le mieux aux attentes du producteur ». Log'Issimo, autre acteur du transport, confirmait, par la voix de son représentant, Philippe Lemaire une sollicitation croissante des producteurs envers les logisticiens : « Pour nous, ce marché est très prometteur et très porteur, même s'il représente un défi technique ».
Engagements sécurisants
Ce défi, Emmanuel Perdriset, dirigeant de Pomona Terre Azur, à Chevigny-Saint-Sauveur, l'aborde avec une ambition réelle et où la notion de contractualisation et de sécurisation de ses partenaires agricoles est centrale : « on prend avec eux des engagements sur trois à cinq ans ce qui leur permet d'investir dans des outils de stockage ou de conservation ». Sur ces questions d'alimentation de proximité l'entreprise veut communiquer et revendique sa place vis-à-vis de certaines filières agricoles locales. « C'est notre métier de commerçant de valoriser des productions locales, concluait Emmanuel Perdriset. Il est très important de consacrer de l'énergie à la mise en relation des différents acteurs concernés (producteurs, logisticiens, acheteurs) ». Ce n'est pas Laura Giachero qui le démentira, elle qui est la cofondatrice de la plateforme La Charrette qui met en liens producteurs, acheteurs et logisticiens. « En Côte-d'Or, on a plus de 450 utilisateurs de La Charrette. Le travail qu'on mène dans ce département nous a permis de faire évoluer notre modèle. On croit beaucoup dans la structuration autour d'intermédiaires existants, il n'est pas nécessaire de tout réinventer. Il faut accompagner les utilisateurs pour qu'ils aillent sur des fonctionnements différents de ceux qu'ils connaissent. Passer par un transporteur n'est pas du tout quelque chose d'évident au départ pour un producteur agricole. Il faut donc instaurer une confiance et c'est notre rôle ». Ensemble, ils iront sans doute plus loin…
Deux collectivités pilotes
Deux exemples de structuration en cours de PAT étaient livrés lors de ce Conseil départemental de l'alimentation. Maëva Vincent (Communauté de Communes des Terres d'Auxois) a cité le projet de cuisine centrale destiné à relocaliser la production des repas pour les cantines scolaires, dans un secteur rural où se trouvent beaucoup de petites cantines avec peu de repas et très éloignées les unes des autres. La communauté de communes, en quête de partenaires pour consolider son projet a franchi une nouvelle étape avec le centre hospitalier de Semur-en-Auxois qui va mutualiser la production de ses repas avec ce qui existe pour les cantines. La collectivité va organiser son second forum territorialisé sur l'alimentation locale à Semur-en-Auxois le 25 novembre. De son côté, Agathe Mathey a détaillé l'avancée du PAT de la Communauté de communes Cap Val de Saône. Elle organisera elle aussi un forum territorialisé sur l'alimentation locale le 4 novembre à Tréclun. Par ailleurs deux expérimentations sont en cours dans le cadre du projet Mutualisons les initiatives entre agriculteurs et mangeurs (MIAM), pour la mise en place d'actions de solidarité alimentaire : la structuration de dons de produits alimentaires agricoles pilotée par Solaal BFC en lien avec la Banque Alimentaire, et l'expérimentation de chèques alimentaires durables sur le territoire. Une cuisine centrale se profile aussi à Auxonne, en partenariat avec la communauté de communes Mirebellois et Fontenois, qui interviendra en complémentarité avec d'autres débouchés pour les producteurs agricoles locaux. Elle sera dimensionnée pour 3 000 repas/jour.