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Cultures

Nouvelle campagne, nouveaux espoirs

L’implantation du colza vient de se terminer en Côte d’Or. Rencontre avec Fabrice Genin, responsable du pôle «productions végétales annuelles» à la Chambre d’agriculture.
Par Aurélien Genest
Nouvelle campagne, nouveaux espoirs
Valentin Quirot et Fabrice Genin, à Marsannay-le-Bois.
C’est reparti pour un tour : la campagne 2015-2016 est lancée avec l’implantation du colza qui vient de s’achever. Les premiers semis ont été effectués dès le 15 août dans le nord du département et il y a quelques jours dans les secteurs les plus tardifs. Bonne nouvelle: cette première étape culturale de l’année s’est plutôt réalisée dans de bonnes conditions, avec le retour des pluies qui a facilité le travail dans les champs. «C’est un premier point positif, il ne devrait pas y avoir de problèmes de levées» relève Fabrice Genin, agriculteur à Marsannay-le-Bois. «Nouvelle campagne, nouveaux espoirs» résume le responsable professionnel à la Chambre d’agriculture, qui fait part de son point de vue : «chaque année, on repart à zéro. C’est l’un des avantages de notre métier, même si on peut avoir un passif économique derrière soi... Chaque campagne est une nouvelle chance de faire mieux que la précédente».
Les possibilités d’innover restent malgré tout limitées, le Côte d’orien le reconnaît volontiers. De plus en plus décrié face à des problèmes techniques liés au désherbage, le colza reste une «obligation» dans les rotations selon Fabrice Genin : «c’est l’un des meilleurs précédents du blé».

Un certaine routine ?
Pour Fabrice Genin «ll est difficile de faire autre chose devant le nombre limité de cultures qui nous est proposé. Il y a bien la moutarde mais la famille est la même et les problèmes de désherbage ne sont pas résolus. Les surfaces disponibles n’ont, de toute manière, pas la capacité de remplacer le colza. Allonger les rotations avec du tournesol, du soja, du maïs ou du pois représente une prise de risque conséquente, il n’y a qu’à voir cette année».
L’exploitant ne s’attend pas à de bonnes récoltes dans ces dernières cultures : «après le pois qui n’a pas été flamboyant, le maïs grain s’annonce tout simplement catastrophique, ce sera dans la continuité de ce qui a été obtenu en ensilage. Il a plu en août mais les composantes de rendements se déterminent en juillet et les dégâts liés à la mauvaise fécondité sont bien présents. Il n’y a pas beaucoup de grains dans certains secteurs. Pour le soja, il y a de grandes chances que ce soit très moyen aussi, à moins que celui-ci ait pu être irrigué correctement. Les résultats du tournesol seront probablement médiocres».

Une Pac limitante
Fabrice Genin ne pense pas à un nouveau délaissement du colza cette année, lui qui a vu ses surfaces baisser de 6% l’an passé : «cette tendance ne devrait pas être aussi forte cette fois-ci. La situation économique tendue n’incite pas à la prise de risque. Les soutiens qui ont disparu dans la nouvelle Pac n’invitent pas non plus au changement... Les soutiens dont nous disposions représentaient une partie fixe de notre chiffre d’affaires, on ne peut que regretter de ne plus les avoir dans nos secteurs aux conditions pédoclimatiques plus que limitées».

Cultures de printemps Un retour des précipitations trop tardif

Pour Christine Boully, responsable agronomique à Bourgogne du Sud, le retour des pluies depuis un peu plus d’un mois a quelque peu «sauvé les meubles» sans faire toutefois de miracle : «Couplé au retour d’une certaine fraîcheur, il a calmé l’évolution brutale des cultures de printemps et a même provoqué un certain reverdissement, ou au moins une détente du feuillage. Cela permet surtout un meilleur remplissage des grains présents. Mais cela ne change rien à leur nombre limité par les conditions caniculaires lors de la fécondation. Les rendements sont certes légèrement revus à la hausse par rapport aux prévisions un mois en arrière, mais ceux de l’année dernière ne sont pas atteignables. Les récoltes que nous envisagions très précoces le seront un peu moins que prévu, sans doute pas avant début septembre pour les tournesols, mi-septembre pour les sojas voire pour les maïs. Les ensilages de maïs ont démarré autour du 15 août et se sont généralisés la semaine dernière. Les rendements sont inférieurs de 20 à 40% au moins par rapport à la normale, avec moins de grains. Il est encore trop tôt pour évaluer leur valeur alimentaire».