Élevage
«Nous restons une référence pour les cotations»
Après deux étés marqués par la sécheresse, les présidents des deux marchés au cadran font le point sur l’état de la conjoncture et l’actualité de la filière bovine. Ils en profitent également pour affirmer de nouveau leur position d’acteur majeur et incontournable dans le commerce de la viande bovine.

La situation n’est certes pas excellente, mais les présidents des deux marchés au cadran veulent rester optimistes. «À ce jour nous avons tous les deux des retards sur le volume des ventes, mais il faut féliciter les éleveurs qui font des efforts importants pour maintenir une qualité de présentation des bêtes» explique Alexandre Lorré, président du marché au cadran de Corbigny. Malgré leur optimisme, la réalité de la conjoncture est bien là : le marché des vaches et des broutards se maintient difficilement et le cours du broutard a baissé de 100 euros par rapport à la même période l’année dernière. «Sur le broutard, on constate un poids moins élevé que l’an dernier. La demande actuelle est d’avoir des broutards entre 380 à 430 kg pas plus. La génisse de dix-huit mois se vend moins bien à l’export. Aujourd’hui à l’export, ce sont les femelles laitonnes de 300 à 350 kg qui sont demandées» ajoute le président de la Sicagemac. Calculette en main, Martial Tardivon chef des ventes à la Sicafome donne quelques repères de prix comparables aux deux marchés au cadran : «Sur les huit premiers mois cette année, les bovins toutes races confondues se vendent 1 043 euros contre 1 068 euros en 2018. Le mouton lui se vend aujourd’hui 109 euros en moyenne contre 114 euros en 2018 et 118 euros en 2017, toujours sur les huit premiers mois de l’année. Il faut préciser que cette année, les soins apportés aux animaux ont coûté plus cher aux éleveurs» tient à rappeler Martial Tardivon.
«La contractualisation n’est pas une bonne solution pour nous»
L’une des pistes envisagées par l’interprofession bovine pour redonner de la plus-value aux exploitations serait de se tourner vers la contractualisation. Un outil qui est au cœur de la loi Egalim issue des États Généraux de l’Alimentation et qui vise à établir un contrat type entre un éleveur et un acheteur à partir des coûts de production de l’éleveur. Ce dernier serait selon la loi au début de la négociation. «Cette solution c’est ni plus ni moins que de l’intégration à l’image de la filière volaille» répondent en chœur les deux présidents. Benoît Blandin ajoute : «On ne peut pas forcer quelqu’un à acheter s’il n’en a pas besoin. Il en va de même avec la viande. Que va-t-il se passer pour un éleveur le jour où l’acheteur aura besoin d’un volume moins important ? Où va aller le surplus de bêtes ?» s’interroge le président de la Sicafome. «Nous revendiquons notre liberté de commercer avec qui on veut. De plus, je pense que ceux qui nous proposent ces outils n’ont pas conscience de l’importance d’un marché au cadran. Sans nous, il n’y aurait pas de cotations donc plus de référence. Notre objectif est de trouver le panel d’acheteurs le plus large possible pour permettre aux éleveurs de valoriser au mieux leurs bêtes» estime Alexandre Lorré. Il faut bien aussi avoir en tête qu’il n’y a pas de départ d’une bête sans un prix derrière et c’est ce qui rassure les éleveurs.
Nous avons aussi toute une démarche d’amélioration de service avec par exemple les ventes en vidéo que nous avons mis en place à la Sicafome récemment. Tous les éleveurs ne pourront pas le faire, mais c’est un outil supplémentaire martèle Benoît Blandin. «Ajoutons aussi que nous avons nous cadrans, un rôle pédagogique où le volet humain est très important d’autant plus dans ces périodes oppressantes. Nous avons la chance à Corbigny d’avoir la Chambre d’agriculture à disposition ce qui permet des échanges avec les éleveurs. Ces derniers peuvent aussi peaufiner la préparation de leurs bêtes en venant s’informer des cotations. Nous sommes utiles pour le territoire» estime Alexandre Lorré.
«La BVD va représenter un coût supplémentaire»
C’est l’actualité sanitaire du moment : la BVD qui est rentrée en vigueur le 1er août dernier.
Pour Martial Tardivon, cette obligation peut être une bonne chose à condition que le développement soit simultané entre tous les départements : «Si on ne veut pas restreindre le commerce dans les années à venir, il faut faire ce qu’il faut car le statut BVD pourrait nous être demandé dans les échanges internationaux. Mais j’espère que l’on ne va pas reproduire les mêmes erreurs que pour l’IBR qui s’est étendu sur plusieurs années. Aujourd’hui, on constate néanmoins 90 % de bêtes qualifiées. Mais je reconnais que la BVD va être encore une charge supplémentaire pour les éleveurs» estime Martial Tardivon.
«La contractualisation n’est pas une bonne solution pour nous»
L’une des pistes envisagées par l’interprofession bovine pour redonner de la plus-value aux exploitations serait de se tourner vers la contractualisation. Un outil qui est au cœur de la loi Egalim issue des États Généraux de l’Alimentation et qui vise à établir un contrat type entre un éleveur et un acheteur à partir des coûts de production de l’éleveur. Ce dernier serait selon la loi au début de la négociation. «Cette solution c’est ni plus ni moins que de l’intégration à l’image de la filière volaille» répondent en chœur les deux présidents. Benoît Blandin ajoute : «On ne peut pas forcer quelqu’un à acheter s’il n’en a pas besoin. Il en va de même avec la viande. Que va-t-il se passer pour un éleveur le jour où l’acheteur aura besoin d’un volume moins important ? Où va aller le surplus de bêtes ?» s’interroge le président de la Sicafome. «Nous revendiquons notre liberté de commercer avec qui on veut. De plus, je pense que ceux qui nous proposent ces outils n’ont pas conscience de l’importance d’un marché au cadran. Sans nous, il n’y aurait pas de cotations donc plus de référence. Notre objectif est de trouver le panel d’acheteurs le plus large possible pour permettre aux éleveurs de valoriser au mieux leurs bêtes» estime Alexandre Lorré. Il faut bien aussi avoir en tête qu’il n’y a pas de départ d’une bête sans un prix derrière et c’est ce qui rassure les éleveurs.
Nous avons aussi toute une démarche d’amélioration de service avec par exemple les ventes en vidéo que nous avons mis en place à la Sicafome récemment. Tous les éleveurs ne pourront pas le faire, mais c’est un outil supplémentaire martèle Benoît Blandin. «Ajoutons aussi que nous avons nous cadrans, un rôle pédagogique où le volet humain est très important d’autant plus dans ces périodes oppressantes. Nous avons la chance à Corbigny d’avoir la Chambre d’agriculture à disposition ce qui permet des échanges avec les éleveurs. Ces derniers peuvent aussi peaufiner la préparation de leurs bêtes en venant s’informer des cotations. Nous sommes utiles pour le territoire» estime Alexandre Lorré.
«La BVD va représenter un coût supplémentaire»
C’est l’actualité sanitaire du moment : la BVD qui est rentrée en vigueur le 1er août dernier.
Pour Martial Tardivon, cette obligation peut être une bonne chose à condition que le développement soit simultané entre tous les départements : «Si on ne veut pas restreindre le commerce dans les années à venir, il faut faire ce qu’il faut car le statut BVD pourrait nous être demandé dans les échanges internationaux. Mais j’espère que l’on ne va pas reproduire les mêmes erreurs que pour l’IBR qui s’est étendu sur plusieurs années. Aujourd’hui, on constate néanmoins 90 % de bêtes qualifiées. Mais je reconnais que la BVD va être encore une charge supplémentaire pour les éleveurs» estime Martial Tardivon.
La parole aux éleveurs
En marge du marché au cadran de Moulins-Engilbert lundi dernier, nous sommes allées à la rencontre des éleveurs présents durant la vente pour avoir leurs sentiments sur l’actualité de la filière : Nous avons interrogé dans un premier temps Thierry Laporte, éleveur à Chougny. Pour lui, la sécheresse a eu un impact direct sur le poids de ses animaux : «Mes broutards ont perdu environ 40 kg par rapport à l’année dernière et mes premières échographies laissent entrevoir une augmentation de vaches vides de l’ordre de 10 % contre 5 % l’année dernière. Enfin coté commerce, je vais arrêter les génisses de dix-huit mois car je perds de l’argent dessus» nous a-t-il confiés. En ce qui concerne la contractualisation, les éleveurs interrogés restent prudents voire septiques. C’est le cas d’Hervé Sarrazin, exploitant à Onlay : «Si la contractualisation peut me permettre d’avoir les mêmes avantages que le marché au cadran pourquoi pas, mais j’en doute. Aujourd’hui nous sommes payés à trois jours à Moulins-Engilbert, alors que les groupements sont souvent à quinze jours. Je pense qu’il faut plutôt se battre pour valoriser nos productions contre les accords de libre-échange. Il faut que l’agriculture se rebelle» estime l’éleveur.