Accès au contenu
Production laitière

«Nous n’avions pas besoin de ça»

Le président d’Alysé évoque les difficultés du secteur laitier en cette période si particulière.
Par Aurélien Genest
«Nous n’avions pas besoin de ça»
Nicolas Michaud, à Pagny-le-Château, s’inquiète de la baisse de production dans la plupart des élevages.
La situation évolue vite. Contacté la semaine dernière, Nicolas Michaud informait que tous les transformateurs laitiers ou presque avaient déjà demandé aux éleveurs de diminuer leur production. «Les baisses de volumes vont jusqu’à 15 % pour l’instant, nous ne savons pas ce que cela donnera dans les prochains jours», relevait, soucieux, le responsable professionnel. «Les entreprises tournent au ralenti, elles manquent d’effectifs», poursuit ce dernier, «dans le même temps, des produits d’origines contrôlées et protégées sont beaucoup moins consommés depuis la fermeture de la restauration collective. En ce moment, le premier souci des Français est de consommer des produits de base, nous sommes victimes des bons produits que nous faisons». Cette situation est un «gros coup dur» pour le président d’Alysé : «il est certain que nous n’avions pas besoin de ça. Nous venions tout juste de sortir d’une longue crise laitière, la plupart d’entre nous commençaient à remonter la pente». L’heure est actuellement à l’adaptation : «chaque cas est forcément différent, la plupart des producteurs diminuent les concentrés pour limiter la production, certains n’ont d’autres possibilités que de vider du lait à l’égout…»

Difficultés pour tous
Cette situation n’est facile pour personne. Nicolas Michaud cite notamment le cas de la fromagerie Delin, à Gilly-lès-Cîteaux : «une grande partie de la production fromagère est du haut de gamme, prend la direction de la restauration et de l’export. C’est forcément compliqué pour eux aussi en ce moment. La plupart des pays sont confinés, personne ne consomme… Cette fromagerie est aussi victime de son succès avec le lait UHT, avec des difficultés de réapprovisionnement en cartons d’emballage». L’éleveur de Pagny-le-Château enchaîne par d’autres exemples : «j’entends dire, et j’imagine bien, que l’Époisses rencontre des problématiques du même genre. Idem pour les producteurs de chèvres qui, en plus, ne peuvent plus aller vendre leurs produits sur un certain nombre de marchés. Plus généralement, c’est tout l’élevage qui est touché avec cette pandémie : en viande, il n’y a plus de débouchés pour les vaches de réforme qui partaient en restauration collective. Les marchés de la viande de haute qualité sont plombés, je ne parle même pas des éleveurs ovins qui préparaient des agneaux pour Pâques».