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Viticulture

«Nous faisons face à une véritable incertitude»

Comme les autres secteurs la viticulture n’échappe pas à la crise du coronavirus. Depuis le début du confinement, les ventes sont quasiment à l’arrêt, et les professionnels du secteur sont très inquiets des conséquences économiques. Katia Mauroy, présidente du syndicat viticole de l’aire AOC de Pouilly nous donne l’état d’esprit qui règne au sein de l’appellation.
Par Propos recueillis par Théophile Mercier
«Nous faisons face à une véritable incertitude»
- Comment est vécue cette crise du covid-19 ?
Katia Mauroy : «C’est la véritable incertitude. Il est difficile de savoir comment réagir car nous n’avons pas de recul, pas de précédent. Nous sommes évidemment très inquiets, d’autant que nous avions senti les effets de la crise dès le mois de février. Certains de nos adhérents avaient misé sur des salons professionnels comme ProWein, donc c’est un manque à gagner important. Aujourd’hui quasiment plus une vente ne se fait au sein de l’AOC, c’est du jamais vue. Nous avons peur de perdre nos clients qui sont eux-mêmes dans une situation difficile. Je pense en premier lieux aux restaurants qui représentent une part importante de nos chiffres d’affaires. Ce secteur ne se portait déjà pas très bien alors cette crise ne va rien arranger. L’export qui représente 50 % de nos ventes est fortement impacté aussi. Les pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, et la Belgique sont aussi touchés par la crise donc il est difficile à ce stade de faire des projections de reprise. Si le confinement s’arrête au 11 mai, en faisant le dos rond ça devrait passer, mais au-delà je crains que certaines exploitations ne puissent pas s’en remettre».

- Les viticulteurs de l’AOC ont-ils déjà vécu des évènements similaires ?
KM : «Nous avions eu par le passé des méventes dans les années soixante-dix, quatre-vingt et surtout durant la crise de 2008, mais le coronavirus c’est incomparable. C’est la raison pour laquelle nous avons alerté les parlementaires sur notre situation. Nous avons également fait des remontées auprès du BIVC, de la Fédération des Unions Viticole du Centre et l’association nationale des élus du vin. Nous voulons que nos charges soient annulées et non pas reportées et que l’on débloque des aides au stockage car il faudra bien trouver de la place pour le millésime 2020 qui arrive. Par ailleurs, il faut que les banques jouent leur rôle de relais en nous accordant des prêts à taux zéro et que les dossiers Agrimer soient traités rapidement. Il faudra aussi que l’on puisse obtenir les aides rapidement et non pas en deux ou trois ans comme c’est le cas en général».

- Comment se présente le millésime 2020 ?
KM : «Pour le moment, nous sommes sur des bases d’une des années le plus précoces que l’on ait jamais enregistrée. Donc, nous sommes au travail car la vigne progresse très vite. L’hiver ayant été très pluvieux, certains travaux n’ont pas pu être effectués. Néanmoins, cela nous permet de nous aérer la tête et de penser à autre chose, même si ce n’est pas évident».