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Dégâts de sangliers

«Nous aussi, ça nous coûte de l’argent»

Face aux importants dégâts de gibier dans le département, les chasseurs préconisent la prévention. Rencontre avec Florent Ortu, directeur de la fédération départementale des chasseurs de la Nièvre, Bernard Perrin, président et Guy Roblin, vice-président.
Par Propos recuillis par Céline Clément
«Nous aussi, ça nous coûte de l’argent»
De gauche à droite : Florent Ortu, directeur de la fédération départementale de chasse, Guy Roblin, vice-président et Bernard Perrin, président
- Les agriculteurs se plaignent des dégâts commis par les sangliers dans les cultures. Quelle est votre position ?
Florent Ortu, Bernard Perrin, Guy Roblin : «Les dégâts ne nous arrangent pas, ça nous coûte de l’argent alors qu’est-ce qu’on fait ? De la prévention : protection des cultures, être sur le terrain pour limiter les dégâts. Car nous les chasseurs, ça nous coûte presque 1 million d’euros pour la fédération de la Nièvre. 900 000€ de budget de dégâts de gibier : 70 000€ de frais d’expertise, 50 000€ de clôtures,  25 000€ d’entretien, 150 000€ de charges diverses et surtout 600 000€ d’indemnisations. Un chasseur nivernais, ça lui coûte 100€ par an donc si on pouvait faire diminuer les dégâts on le ferait».

- Constatez-vous une augmentation de la population de sangliers dans la Nièvre ?
F.O., B.P., G.R. : «Nous avons connu le même nombre de prélèvements que l’année dernière, soit 4438 sangliers. Dans l’Yonne et la Côte d’Or il y a plus de sangliers donc nous ne sommes pas en surpopulation. On aimerait bien qu’il y ait du sanglier mais avec moins de dégâts, mais on gère du vivant et il y a aussi des facteurs qu’on ne maîtrise pas comme le temps, la nourriture».

- Les agriculteurs aimeraient que davantage de bagues soient attribuées. Cette solution est-elle envisageable ?
F.O., B.P, G.R. : «On est à 68% de réalisations mais il est difficile d’arriver à 99%. Ensuite les dégâts ne sont pas proportionnels au nombre de sangliers. Concernant les attributions, nous avons 4 sections d’attribution par an. Ces attributions sont discutées dans les CTL, où les agriculteurs sont sièges et ont des postes à parité avec le nombre de chasseurs. Or il y a des CTL où les représentants agricoles ne viennent pas. C’est important que les agriculteurs s’y rendent».


- Les agriculteurs évoquent des dérives dans la pratique de l’agrainage. Est-ce le cas ?
F.O., B.P., G.R. : «L’agrainage est autorisé dans le département de la Nièvre sur une surface boisé ou en friche, d’un minimum de 50 ha d’un seul tenant et à distance minimum de 100 m des cultures et de 250 m dans le Morvan. Pour agrainer, il faut signer une convention avec la fédération qui stipule que l’on doit agrainer toute l’année. Sur 1700 territoires, il y en 290 sur lesquels on agraine dans la Nièvre et cette pratique est très encadrée».

- Qu’en est-il des sociétés de chasse privées, sont-elles soumises aux même règles fixées par la fédération ?
F.O., B.P., G.R. : «Les sociétés privées sont toutes soumises aux mêmes règles et sont contrôlées sur le terrain par des agents de la fédération. Ce sont des contrôles inopinés, le but étant de limiter les dégâts».

- Que répondez-vous aux agriculteurs qui se plaignent de zones de réserve « sauvage » ?
F.O., B.P., G.R. : «Les zones de réserve sont des réserves de l’Etat sur des territoires de chasse. Officiellement il n’y a pas de réserve fédérale. Après on ne peut pas interdire à un responsable de chasse d’avoir des zones qui lui permettent de garder un peu de sangliers».

- Quels sont vos rapports avec les agriculteurs sur le terrain?
F.O., B.P., G.R. : «On a une très bonne entente avec la Chambre d’Agriculture, la FDSEA et ce n’est vraiment pas la guerre. 99% des cas se traitent dans de bonnes conditions mais parfois ce sont des problèmes humains et le sanglier se retrouve instrumentalisé».


- Pour résumer, comment expliquez-vous la portée de ces dégâts et quelles solutions préconisez-vous ?
F.O., B.P., G.R. : «Ces dégâts peuvent aussi s’expliquer par l’augmentation des cultures et des quantités de maïs. Les risques aujourd’hui ne sont pas les mêmes. L’agriculture était plus axée sur l’élevage il y a 25 ans, aujourd’hui il y a beaucoup de colza, une culture très appétente pour le gibier. C’est aussi l’évolution socio-économique qui veut ça. Pour nous il est important que les agriculteurs soient au fait de la réglementation et qu’ils déclarent tout de suite les dégâts».