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élevage allaitant

«Ne pas subir un manque de rentabilité devenu chronique»

Jeudi 12 novembre prochain, à Châtillon en Bazois, la section bovine de la FDSEA de la Nièvre organise sa traditionnelle soirée-débat consacrée à l’élevage allaitant. En présence de Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération Nationale Bovine.
Par Propos recueillis par S.L, FDSEA 58
«Ne pas subir un manque de rentabilité devenu chronique»
Emmanuel Bernard, président de la section bovine de la FDSEA 58.
La section bovine de la FDSEA pose un constat sa    ns détour sur la situation de l’élevage allaitant nivernais en cette fin d’année 2015. Après une nouvelle année où se sont compilés les aléas économiques, climatiques et sanitaires et après quasiment dix années de bas revenu, la crise qui affecte les exploitations est profonde. Et la conjoncture dégradée n’est en somme qu’une crise qui en rajoute à la crise.
Considérant que des marges de manœuvre demeurent tout de même pour les éleveurs, la section bovine a souhaité mettre cette année l’accent sur l’économique et sur le cœur même de la mécanique enrayée depuis une dizaine d’année : le système d’exploitation. Rapide point sur le sujet avec Emmanuel Bernard, président de la section bovine de la FDSEA 58.

- Pourquoi une soirée sur cette thématique quand la crise conjoncturelle que traverse l’élevage est LE sujet de tous les instants ?
Emmanuel Bernard : «Parce qu’il arrive des moments où il est bon de poser les valises, de souffler et de tenter de poser un regard froid et lucide sur les choses. La soirée organisée par la section bovine depuis cinq ans maintenant est propice à ce genre d’exercice où l’on essaye chaque année de prendre un peu de recul sur l’action syndicale quotidienne sur les prix, la PAC, la sécheresse … Après dix années de revenus moyens dégradés dans les fermes, on ne peut plus, même si c’est une vérité, seulement s’alerter de prix qui ne permettent pas de correctement couvrir les coûts de production, ou d’une réforme de la Pac qui ne sera pas aussi bénéfique pour les éleveurs qu’avait pu le laisser entendre le ministre de l’Agriculture. Nous pensons qu’en dépit des difficultés, les éleveurs ne peuvent pas subir éternellement un manque de rentabilité devenu chronique».

- Quelle sera votre approche ?
E.B. : «On est là sur un sujet qui touche au cœur même de l’organisation de nos systèmes d’exploitation. La Nièvre a historiquement, comme nombre de département du berceau des races à viande, fait le choix d’une spécialisation poussée de ses systèmes de production. Pour compenser la dégradation de la valeur ajoutée, on a agrandi les exploitations et les cheptels, sans pour autant et ça, ce sont les chiffres comptables qui le disent, stimuler grandement les revenus. Malgré tout, à système d’exploitation comparable, on constate des écarts de revenu importants qui démontrent que la conduite du système d’exploitation, les choix stratégiques qui sont opérés en matière d’investissements, d’équipements bâtiments sont aussi des clefs qui ont un effet important sur le revenu des producteurs. Nous souhaitons mettre ces éléments là en avant, pour nourrir la réflexion de chacun sur ses pratiques, ses choix quotidiens. Il n’y a pas de modèles ou de solutions toutes faites. Chaque exploitation à sa particularité et chaque éleveur adapte ses choix à sa réalité. Il ne faut pas attendre que toutes les solutions viennent de l’extérieur. Et si en quittant Châtillon, les gens ont une idée de ce qu’ils vont pouvoir «creuser» en rentrant à la maison ce sera une bonne chose et ils pourront enrichir cela dans le cadre du rallye élevage de la chambre en fin de mois.
Face à un problème récurrent, il existe deux attitudes possibles : Mettre la tête dans le sable et s’assurer de continuer à subir ou essayer de regarder froidement les choses pour agir. Il nous est en tout cas insupportable de voir certains éleveurs perdre le goût du métier à force de crise et de manque de rentabilité de leur activité. Mais il y a encore des moyens pour dégager du revenu en élevage et c’est ce sur quoi nous tenterons de mettre le doigt, dans l’échange avec les éleveurs, la semaine prochaine».