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CoDEA (Comité départemental de l’économie agricole)

Ne pas rester seul face à la crise

A la cellule d’urgence, succède le Comité Départemental de l’Economie Agricole, ou CoDEA, mis en place pour permettre aux partenaires économiques et financiers de l’Yonne, de s’organiser pour mieux coordonner leurs soutiens aux exploitants
Par Dominique Bernerd
Ne pas rester seul face à la crise
En juillet dernier, Didier Roussel s’était rendu sur différentes exploitations du département pour prendre la mesure de la crise traversée, comme ici, dans le sénonais
Face à la crise sans précédent que traverse l’agriculture depuis plusieurs mois, une cellule d’urgence avait été mise en place dès le printemps 2015, présidée par le préfet, pour mettre en œuvre le plan de soutien exceptionnel de l’élevage. A cette crise structurelle qui touchait certaines filières, notamment l’élevage et la production laitière, se sont ajoutées les intempéries du printemps dernier, où se sont succédés épisodes de gel, grêle et d’inondations. Aujourd’hui, des difficultés conjoncturelles de tous ordres, provoquées par ces évènements climatiques, menacent la solidarité financière de nombre d’exploitations, voire leur pérennité : pertes d’exploitation, chômage partiel, ruptures de trésorerie, capacité de refinancement compromises…
Confrontés à ce contexte économique et social inédit, les partenaires financiers et sociaux qui ont aidé plus de 360 dossiers depuis un an, dans le cadre de la cellule d’urgence, souhaitent inscrire leur travail dans la durée et ont transformé la cellule d’urgence en un Comité Départemental de l’Économie Agricole (Codea). Ce comité a vocation à devenir le pendant permanent du Codefi (Comité départemental d’Examen des Difficultés de Financement des Entreprises), présidé par le préfet et le directeur départemental des finances publiques, qui accompagne les entreprises artisanales, industrielles, de services aux prises avec des difficultés. Présidé par le préfet, il réunira régulièrement les administrations de l’État (DDFIP, DDT, Direccte), la mutualité sociale agricole, le médiateur du crédit (Banque de France) et les principaux banquiers du secteur, la Chambre d’agriculture de l’Yonne, ainsi que les structures en charge du suivi comptable économique et financier des exploitations, comme le CER FranceYonne. Plus que jamais, face à cette crise sans précédent, touchant l’ensemble des filières, il est essentiel de savoir réagir et il est vivement conseillé aux exploitants en difficulté, de contacter le plus en amont possible l’un des organismes précités, tous mobilisés pour fournir une aide et un conseil adaptés à chaque cas de figure.

Se faire connaître le plus vite possible

Parmi les différents partenaires présents au sein du CoDEA, la Direction Départementale des Territoires de l’Yonne. Entretien avec son directeur, Didier Roussel
■ Quelles sont les missions de ce nouvel organisme ?
Didier Roussel : «on souhaite un traitement double au problème agricole : à la fois sur le plan économique, avec les autres partenaires, comme les banques et le CER France, pour trouver une solution avant que les choses ne se dégradent et l’on vise en priorité pour cela, une cible majoritaire d’exploitations, confrontées à ce problème. Mais en parallèle, nous voulons pouvoir assurer un traitement social, pour accompagner les personnes vers une éventuelle reconversion si besoin… »
■ La différence avec la cellule d’urgence mise en place depuis un an ?
«Très peu, si ce n’est que ce comité sera pérenne, là où la cellule d’urgence avait vocation à ne pas durer dans le temps et répondait à la crise structurelle rencontrée par le secteur de l’élevage. Mais là, on s’aperçoit bien que la crise va être profonde, à la fois conjoncturelle et structurelle d’où l’idée de pérenniser l’outil.»
■ Quelles seront les limites du CoDEA ? Pouvez-vous imposer certaines mesures ?
«Bien sur que non, on ne peut rien imposer. L’idée étant que l’agriculteur sollicite l’un des partenaires et surtout, qu’il accepte qu’on l’aide. Tout repose sur une démarche volontaire de sa part. Nous sommes accompagnés pour cela par le relais de tous les participants, que ce soit la Chambre d’agriculture, la MSA, les banques, les syndicats agricoles aussi. Cette structure, ce n’est pas seulement l’Etat, mais bien l’ensemble de tous »
■ Il est important que toute personne en difficulté se fasse connaître le plus en amont possible ?
«C’est même primordial. Il ne faut pas hésiter à parler de ses problèmes, qu’ils soient d’ordre économique ou social, à travers l’un des partenaires du comité, peu importe lequel. Il est important de bien retenir ce message : « vous n’êtes pas tout seul, on essaie de vous aider et trouver des solutions…»