Point de vue
«Ne faisons pas de cas isolés des généralités»
«L’éleveur qui a fait la une du journal Le Bien Public du 9 mars 2017 est probablement responsable de ne pas avoir suffisamment surveillé, nourri et déparasité ses animaux. Par contre, il ne faut pas oublier qu’il se cache derrière lui un homme au très grand cœur, qui quelque part l’a trahi. Il n’a jamais su dire non, et s’est laissé embarquer dans des projets démesurés en matière de bâtiments, cheptel, matériel, foncier... Chose à laquelle il n’était pas préparé. Il s’est retrouvé victime de la Politique agricole d’il y a 15 ans, qui consistait à faire croire aux paysans que le remède miracle pour dégager du revenu passait par la chasse aux hectares, au nombre d’animaux quelle que soit l’espèce, afin de constituer des références. Résultat sur le terrain, c’est exactement le contraire qui s’est passé et cette chasse aux primes mène à court terme de nombreuses exploitations au début des problèmes, voire à la catastrophe. Quand l’agriculteur s’en aperçoit, il est souvent trop tard. C’est bien souvent qu’alors s’enchaînent des problèmes financiers, de santé et sociaux. Alors, peut-on lui jeter la pierre ? Je pose la question.
Au-delà de ces considérations, j’étais le seul éleveur sur le site, mandaté par le président du GDS 21 (Groupement de défense sanitaire) Pascal Martens. Celui que, comme le relate Frédéric Freud, président de l’OABA, «ce qu’il a vu l’a secoué» (édition du BP du jeudi 9 mars 2017, page 5). Cela ne m’a pas seulement secoué mais ébranlé, heureusement que j’étais alors épaulé par la présence de Pascal Martens, de notre secrétaire général Florent Lefol et de notre technicienne Virginie Pabiou. Je tiens à les remercier tous trois, ainsi que l’ensemble du bureau du conseil d’administration, le directeur Stéphane Ratay et son personnel pour leurs messages de soutien. Les jeudi 2 mars et vendredi 3 mars ont été deux jours que j’ai vécus non seulement dans la tristesse de voir un éleveur désorienté et abattu, mais que Pascal Martens ne laissera pas tomber dans l’avenir. Tristesse de voir l’image de la misère agricole faire la Une des quotidiens. L’élémentaire décence implique que la misère ne doit pas être photographiée.
Alors trop c’est trop, cela suffit, il faut y mettre un terme.Aujourd’hui, il est de notre devoir de tous nous unir afin de détecter au plus tôt les éleveurs en difficultés avant qu’ils ne puissent plus se relever. Le réseau de délégués du Groupement de défense sanitaire est à même d’être un lanceur d’alerte. Nous devons aussi être en capacité de prendre en charge les animaux sur la nouvelle Région Bourgogne Franche Comté dans les cas où cela s’avèrerait nécessaire. Tout cela m’interroge. Mais je suis avant tout un vieux paysan de 59 ans, qui avec plus de 40 années d’activité a gardé sa liberté de dire et de penser. En 1994, une Cuma intercommunale a vu le jour. Elle compte à ce jour douze exploitations pour dix-huit exploitants.
Tous ses adhérents sont des éleveurs compétents, respectueux de l’environnement et soucieux du bien-être animal. Bernard Thévenot, qui nous accueille aujourd’hui sur son exploitation ainsi que son frère Jean-François, a la lourde tâche d’assurer le bon fonctionnement de notre coopérative. Malheureusement depuis l’an 2000, seules deux années ont été correctes en termes de revenu. C’est très peu, la gestion de nos exploitations s’en ressent forcément et nos trésoreries en sont très fortement impactées. Il faut cependant tenter de se sortir la «tête de l’eau» et redonner un minimum de confiance à la jeune génération (sur le canton d’Arnay-le-Duc, 50 % des exploitants ont moins de 40 ans). Pour cela, il faut arrêter de laisser circuler de fausses affirmations, telle que la présidente de L214 (mercredi 2 mars à 21 heures sur France 5) prétendant que 80 % des éleveurs maltraitent leurs animaux. C’est tout à fait faux ! L’association L214 ne représente qu’une poignée d’individus. Certes, il faut reconnaître qu’une très faible partie d’entre nous ne sont pas dignes d’être éleveurs. On retrouve cela dans toutes les professions. Il nous faut aussi revoir la Politique agricole dans sa globalité et revenir à l’exploitation familiale, qui elle a fait ses preuves.
En 2010, Pascal Martens a souhaité que je rejoigne l’équipe du Bureau du GDS 21 et que je le représente à la cellule «Eleveurs en difficulté», ce n’est pas un dossier simple à gérer : preuve en est ces jeudi 2 et vendredi 3 mars. Les interlocuteurs sanitaires des éleveurs restent plus que jamais le GDS 21 et le GTV (Groupement technique vétérinaire).
Que personne ne voit dans ces propos un quelconque appel du pied que ce soit du point de vue politique ou syndical. L’heure est grave, car cette exploitation n’est malheureusement pas seule dans cette situation, mais la Profession agricole doit faire face, sans ne jamais déroger a ses obligations.»
Au-delà de ces considérations, j’étais le seul éleveur sur le site, mandaté par le président du GDS 21 (Groupement de défense sanitaire) Pascal Martens. Celui que, comme le relate Frédéric Freud, président de l’OABA, «ce qu’il a vu l’a secoué» (édition du BP du jeudi 9 mars 2017, page 5). Cela ne m’a pas seulement secoué mais ébranlé, heureusement que j’étais alors épaulé par la présence de Pascal Martens, de notre secrétaire général Florent Lefol et de notre technicienne Virginie Pabiou. Je tiens à les remercier tous trois, ainsi que l’ensemble du bureau du conseil d’administration, le directeur Stéphane Ratay et son personnel pour leurs messages de soutien. Les jeudi 2 mars et vendredi 3 mars ont été deux jours que j’ai vécus non seulement dans la tristesse de voir un éleveur désorienté et abattu, mais que Pascal Martens ne laissera pas tomber dans l’avenir. Tristesse de voir l’image de la misère agricole faire la Une des quotidiens. L’élémentaire décence implique que la misère ne doit pas être photographiée.
Alors trop c’est trop, cela suffit, il faut y mettre un terme.Aujourd’hui, il est de notre devoir de tous nous unir afin de détecter au plus tôt les éleveurs en difficultés avant qu’ils ne puissent plus se relever. Le réseau de délégués du Groupement de défense sanitaire est à même d’être un lanceur d’alerte. Nous devons aussi être en capacité de prendre en charge les animaux sur la nouvelle Région Bourgogne Franche Comté dans les cas où cela s’avèrerait nécessaire. Tout cela m’interroge. Mais je suis avant tout un vieux paysan de 59 ans, qui avec plus de 40 années d’activité a gardé sa liberté de dire et de penser. En 1994, une Cuma intercommunale a vu le jour. Elle compte à ce jour douze exploitations pour dix-huit exploitants.
Tous ses adhérents sont des éleveurs compétents, respectueux de l’environnement et soucieux du bien-être animal. Bernard Thévenot, qui nous accueille aujourd’hui sur son exploitation ainsi que son frère Jean-François, a la lourde tâche d’assurer le bon fonctionnement de notre coopérative. Malheureusement depuis l’an 2000, seules deux années ont été correctes en termes de revenu. C’est très peu, la gestion de nos exploitations s’en ressent forcément et nos trésoreries en sont très fortement impactées. Il faut cependant tenter de se sortir la «tête de l’eau» et redonner un minimum de confiance à la jeune génération (sur le canton d’Arnay-le-Duc, 50 % des exploitants ont moins de 40 ans). Pour cela, il faut arrêter de laisser circuler de fausses affirmations, telle que la présidente de L214 (mercredi 2 mars à 21 heures sur France 5) prétendant que 80 % des éleveurs maltraitent leurs animaux. C’est tout à fait faux ! L’association L214 ne représente qu’une poignée d’individus. Certes, il faut reconnaître qu’une très faible partie d’entre nous ne sont pas dignes d’être éleveurs. On retrouve cela dans toutes les professions. Il nous faut aussi revoir la Politique agricole dans sa globalité et revenir à l’exploitation familiale, qui elle a fait ses preuves.
En 2010, Pascal Martens a souhaité que je rejoigne l’équipe du Bureau du GDS 21 et que je le représente à la cellule «Eleveurs en difficulté», ce n’est pas un dossier simple à gérer : preuve en est ces jeudi 2 et vendredi 3 mars. Les interlocuteurs sanitaires des éleveurs restent plus que jamais le GDS 21 et le GTV (Groupement technique vétérinaire).
Que personne ne voit dans ces propos un quelconque appel du pied que ce soit du point de vue politique ou syndical. L’heure est grave, car cette exploitation n’est malheureusement pas seule dans cette situation, mais la Profession agricole doit faire face, sans ne jamais déroger a ses obligations.»