FDSEA 89
«N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas...»
Satisfaits de la mobilisation qui a vu une soixantaine d’agriculteurs de l’Yonne rejoindre leurs homologues de Seine-et-Marne pour bloquer le site pétrolier Total de Grandpuits, Damien Brayotel et Gilles Robillard dressent un point d’étape à l’issue de l’action menée.

Des faits… Ces quelques mots ont bien résumé l’esprit de la dernière mobilisation. Une façon de mettre enfin au grand jour le double discours de nos politiques. Cela fait plus de 6 mois que FNSEA/JA négocient avec un gouvernement sourd à nos demandes. L’économie des exploitations, des filières n’a plus aucun poids face aux lobbies des ONG environnementales. Vous avez certainement pu les rencontrer par le biais des réseaux sociaux par exemple ou sur certains plateaux télévisés. Les «experts» invités pour parler d’agriculture sont bien souvent de ces mêmes associations. Et quand un expert (un vrai) est invité, c’est pour voir en toile de fond soit une souffrance animale, soit un pulvé, ou pire, un hélicoptère qui traite au glyphosate une parcelle de colza (ne riez pas, ces images ont fait le tour des télévisions).
Il n’était donc plus tenable que ce double discours perdure. Le discours d’une agriculture de proximité qui se doit de respecter l’environnement d’un côté et, de l’autre, un discours accusateur et moralisateur envers les exploitants français, un discours qui, chaque jour, nous rend coupables d’un nouveau mal en France. Nicolas Hulot, pour ne pas le citer, se permet de prôner plus d’environnement, de biodiversité au quotidien et se permet de signer, en parallèle, avec le groupe Total, l’importation d’huile de palme à hauteur de 450 000 tonnes par an. Une huile provenant de déforestation et traversant un océan est tout ce qu’il y a d’écologique, n’est-ce-pas ?
Ces mêmes membres du gouvernement qui soutiennent - pardon - qui se veulent ambassadeurs et porteurs d’une Europe forte, vont à l’encontre des décisions européennes. Prenons juste l’exemple du glyphosate : l’Europe reconduit la validité du produit pour 5 ans alors que les annonces françaises ne le sont que pour 3, sans d’ailleurs avoir réussi à prouver une quelconque toxicité.
Bel exemple encore que les États Généraux de l’Alimentation (EGA) où les exploitants français devaient retrouver du revenu par une meilleure répartition des charges. La finalité : des charges supplémentaires.
Que dire encore sur ces EGA où il est promis aux consommateurs une alimentation locale, saine, durable avec une traçabilité irréprochable… Pour réponse à ces promesses, le président est prêt à signer des accords avec le Mercosur sur des viandes non tracées, non locales, avec un modèle totalement différent du nôtre, affaiblissant de surcroît nos exploitations déjà fragiles.
Et que dire de ces consommateurs, bien souvent pris en otage, voulant une qualité irréprochable tout en ne souhaitant pas dépenser plus. Un consommateur qui ne comprend plus rien, qui fait malheureusement trop confiance à des médias acquis à la cause des lobbies environnementalistes. Des mots chocs, des images chocs, de quoi faire perdre toute crédibilité à notre belle et diverse agriculture française.
… Aux actes…
Comment rétablir une vérité, comment se faire entendre autrement, comment dire stop à des inepties ? Comment mettre au grand jour ces incohérences, cet «agribashing» quotidien ?
Le choix de bloquer les raffineries était le moyen de faire monter la pression au niveau du gouvernement sans pour autant créer de gêne pour les consommateurs déjà durement touchés par les grèves ferroviaires depuis le printemps.
Il nous a fallu du temps pour vous motiver, vous convaincre de la pertinence de cette mobilisation. «Une mobilisation de plus, pour arriver à quoi ?» Réponse bien souvent entendue. Et nous, responsables de FDSEA et JA, pouvons l’entendre, il est vrai que l’envie de se défendre fait place peu à peu à la résignation. Un mouvement qui, au départ, vous laissait perplexes, nous l’entendions.
Puis, au final, par le biais d’explications, nous avons réussi à vous convaincre et à créer ce mouvement : une soixantaine d’agriculteurs icaunais sur la raffinerie de Grandpuits, bravo. Bravo, car il n’est pas facile de s’absenter 24 h de son exploitation. Pas facile de se motiver à quelques jours de la moisson ou en pleine fenaison. Mais vous y étiez, dans la bonne humeur, dans la convivialité. Les adhérents de Seine-et-Marne ont apprécié ce renfort icaunais, appuyé par l’apport de nos produits locaux.
…Pour un résultat…
Et après. Oui, des résultats, nous en avons obtenus. Certes, certains sont peu perceptibles, d’autres le seront plus.
Tout d’abord, nous avons par ce mouvement rétabli une vérité, des vérités. Nous avons mis au grand jour les incohérences gouvernementales. Nous avons montré aux consommateurs ce qu’est notre agriculture, ce que nous défendons. Nos revendications étaient légitimes, ce mouvement a permis de recentrer le débat. Sur ces 3 jours de blocage, nous avons senti un soutien des consommateurs.
La décision de mettre fin à ce mouvement en était d’ailleurs une résultante : ne pas gêner les usagers de la route, ne pas les prendre en otage. 3 jours, aucune station ne s’est retrouvée en pénurie de carburant. Juste montrer au gouvernement que nous avons, nous aussi, les capacités de bloquer le pays. Nous ne voulions pas aller jusque-là.
Des résultats au niveau gouvernemental, il y en a eu. Le premier, et non des moindres, est que les différents ministères sont revenus à la table des négociations… quand tout dialogue était rompu. Le ministre a pris acte que le gouvernement devait rappeler les lignes rouges à ne pas dépasser dans les négociations internationales. La distorsion de concurrence ne peut que mener à la baisse de rentabilité des exploitations françaises. Il s’est engagé par ailleurs à œuvrer pour plus d’homogénéité dans les règles européennes.
Le Corena (Comité de Révision des Normes Agricoles), visant à simplifier les normes et à réduire les sur-transpositions de normes européennes au niveau français, sera remis en activité après plus d’un an d’interruption. Ce comité permettra de pointer les absurdités (et il y en a) qui sont sources de perte de compétitivité.
Quant au GPI (Grand Plan d’Investissement), le ministre s’est engagé à ce que les 5 milliards initialement prévus servent bien à accompagner et développer les plans de filières. Ce qui est aujourd’hui très important pour nos différentes productions et leurs débouchés.
Enfin, le secrétaire d’état auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, engage la France au niveau européen à encadrer les importations d’huile de palme et soutient par le fait les biocarburants français tels que le B10 ou B100. Ce qui est, pour nous producteurs de colza, une avancée positive.
…Que nous surveillerons !
Nous ne sommes pas dupes des promesses qui peuvent être non tenues et des écrits non appliqués… Nous avons ces derniers jours montré que le réseau FNSEA/JA pouvait se mobiliser, faire des actions propres, sans dégradations, sans prendre en otage les citoyens. Mais nous avons surtout rappelé que nous serons mobilisés pour que les écrits et belles paroles ministérielles se concrétisent. Il a été rappelé, à juste titre, que la mobilisation est suspendue, en attendant les actes.
Encore merci à tous les exploitants qui se sont mobilisés. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une belle moisson, une belle fin de fenaison avec, espérons-le, une météo moins capricieuse que ces derniers temps.
Il n’était donc plus tenable que ce double discours perdure. Le discours d’une agriculture de proximité qui se doit de respecter l’environnement d’un côté et, de l’autre, un discours accusateur et moralisateur envers les exploitants français, un discours qui, chaque jour, nous rend coupables d’un nouveau mal en France. Nicolas Hulot, pour ne pas le citer, se permet de prôner plus d’environnement, de biodiversité au quotidien et se permet de signer, en parallèle, avec le groupe Total, l’importation d’huile de palme à hauteur de 450 000 tonnes par an. Une huile provenant de déforestation et traversant un océan est tout ce qu’il y a d’écologique, n’est-ce-pas ?
Ces mêmes membres du gouvernement qui soutiennent - pardon - qui se veulent ambassadeurs et porteurs d’une Europe forte, vont à l’encontre des décisions européennes. Prenons juste l’exemple du glyphosate : l’Europe reconduit la validité du produit pour 5 ans alors que les annonces françaises ne le sont que pour 3, sans d’ailleurs avoir réussi à prouver une quelconque toxicité.
Bel exemple encore que les États Généraux de l’Alimentation (EGA) où les exploitants français devaient retrouver du revenu par une meilleure répartition des charges. La finalité : des charges supplémentaires.
Que dire encore sur ces EGA où il est promis aux consommateurs une alimentation locale, saine, durable avec une traçabilité irréprochable… Pour réponse à ces promesses, le président est prêt à signer des accords avec le Mercosur sur des viandes non tracées, non locales, avec un modèle totalement différent du nôtre, affaiblissant de surcroît nos exploitations déjà fragiles.
Et que dire de ces consommateurs, bien souvent pris en otage, voulant une qualité irréprochable tout en ne souhaitant pas dépenser plus. Un consommateur qui ne comprend plus rien, qui fait malheureusement trop confiance à des médias acquis à la cause des lobbies environnementalistes. Des mots chocs, des images chocs, de quoi faire perdre toute crédibilité à notre belle et diverse agriculture française.
… Aux actes…
Comment rétablir une vérité, comment se faire entendre autrement, comment dire stop à des inepties ? Comment mettre au grand jour ces incohérences, cet «agribashing» quotidien ?
Le choix de bloquer les raffineries était le moyen de faire monter la pression au niveau du gouvernement sans pour autant créer de gêne pour les consommateurs déjà durement touchés par les grèves ferroviaires depuis le printemps.
Il nous a fallu du temps pour vous motiver, vous convaincre de la pertinence de cette mobilisation. «Une mobilisation de plus, pour arriver à quoi ?» Réponse bien souvent entendue. Et nous, responsables de FDSEA et JA, pouvons l’entendre, il est vrai que l’envie de se défendre fait place peu à peu à la résignation. Un mouvement qui, au départ, vous laissait perplexes, nous l’entendions.
Puis, au final, par le biais d’explications, nous avons réussi à vous convaincre et à créer ce mouvement : une soixantaine d’agriculteurs icaunais sur la raffinerie de Grandpuits, bravo. Bravo, car il n’est pas facile de s’absenter 24 h de son exploitation. Pas facile de se motiver à quelques jours de la moisson ou en pleine fenaison. Mais vous y étiez, dans la bonne humeur, dans la convivialité. Les adhérents de Seine-et-Marne ont apprécié ce renfort icaunais, appuyé par l’apport de nos produits locaux.
…Pour un résultat…
Et après. Oui, des résultats, nous en avons obtenus. Certes, certains sont peu perceptibles, d’autres le seront plus.
Tout d’abord, nous avons par ce mouvement rétabli une vérité, des vérités. Nous avons mis au grand jour les incohérences gouvernementales. Nous avons montré aux consommateurs ce qu’est notre agriculture, ce que nous défendons. Nos revendications étaient légitimes, ce mouvement a permis de recentrer le débat. Sur ces 3 jours de blocage, nous avons senti un soutien des consommateurs.
La décision de mettre fin à ce mouvement en était d’ailleurs une résultante : ne pas gêner les usagers de la route, ne pas les prendre en otage. 3 jours, aucune station ne s’est retrouvée en pénurie de carburant. Juste montrer au gouvernement que nous avons, nous aussi, les capacités de bloquer le pays. Nous ne voulions pas aller jusque-là.
Des résultats au niveau gouvernemental, il y en a eu. Le premier, et non des moindres, est que les différents ministères sont revenus à la table des négociations… quand tout dialogue était rompu. Le ministre a pris acte que le gouvernement devait rappeler les lignes rouges à ne pas dépasser dans les négociations internationales. La distorsion de concurrence ne peut que mener à la baisse de rentabilité des exploitations françaises. Il s’est engagé par ailleurs à œuvrer pour plus d’homogénéité dans les règles européennes.
Le Corena (Comité de Révision des Normes Agricoles), visant à simplifier les normes et à réduire les sur-transpositions de normes européennes au niveau français, sera remis en activité après plus d’un an d’interruption. Ce comité permettra de pointer les absurdités (et il y en a) qui sont sources de perte de compétitivité.
Quant au GPI (Grand Plan d’Investissement), le ministre s’est engagé à ce que les 5 milliards initialement prévus servent bien à accompagner et développer les plans de filières. Ce qui est aujourd’hui très important pour nos différentes productions et leurs débouchés.
Enfin, le secrétaire d’état auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, engage la France au niveau européen à encadrer les importations d’huile de palme et soutient par le fait les biocarburants français tels que le B10 ou B100. Ce qui est, pour nous producteurs de colza, une avancée positive.
…Que nous surveillerons !
Nous ne sommes pas dupes des promesses qui peuvent être non tenues et des écrits non appliqués… Nous avons ces derniers jours montré que le réseau FNSEA/JA pouvait se mobiliser, faire des actions propres, sans dégradations, sans prendre en otage les citoyens. Mais nous avons surtout rappelé que nous serons mobilisés pour que les écrits et belles paroles ministérielles se concrétisent. Il a été rappelé, à juste titre, que la mobilisation est suspendue, en attendant les actes.
Encore merci à tous les exploitants qui se sont mobilisés. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une belle moisson, une belle fin de fenaison avec, espérons-le, une météo moins capricieuse que ces derniers temps.