Grandes cultures
Moissons : Dijon Céréales dresse un bilan positif
Pour Dijon Céréales, qui représente près de 70% de la collecte en Côte-d'Or, c'est acquis : 2009 sera un bon cru, voire très bon pour le colza et l'orge de printemps. Quelques points noirs sont toutefois à déplorer. Les sévices des cécydomies dans le blé laissent un goût d'inachevé. Témoignages.
Jean-Marie Perraudin (responsable technico-commercial de la région Auxois/Morvan-Châtillonnais) : du tout bon en colza et orges de printemps !
«Pour le colza, c'est une année exceptionnelle. Une implantation difficile, un hiver assez marqué et des petits colzas au 15 janvier, ne nous plaçaient pas dans un contexte optimum. Les conditions climatiques du printemps auront finalement été déterminantes, en permettant une bonne évolution florale puis un remplissage des grains et des siliques idéal. Les rendements se situent entre 35 et 45qx/ha pour une moyenne de 39qx/ha (32 en 2008). On notera quelques très belles performances en terres profondes de l'Auxois et du Châtillonnais (50qx)».
Orge de printemps, c'est incroyable !
«L'orge de printemps est tout aussi exceptionnel, incroyable ! L'implantation s'est faite dans de bonnes conditions, la végétation a été régulière sans stress ni échaudage en fin de cycle. Les rendements vont de 50 à 85 qx/ha pour une moyenne supérieure à celle de l'orge d'hiver. Le calibrage est supérieur à 90% et les protéines sont faibles, voir trop faibles (inférieures à 10%)».
Petite déception pour l'orge d'hiver
«Les rendements sont dans la moyenne : entre 62 et 64q/ha. La climatologie du printemps laissait espérer mieux ! Une dose d'azote calculée et limitée pour des raisons environnementales et économiques, n'a certainement pas permis au potentiel de s'exprimer pleinement. Le rendement brassicole est très bon (82%) et le taux de protéines se situe autour de 10,8».
C'est bon pour le blé
«En blé, c'est une bonne année. Les rendements vont de 65qx à 90qx/ha en terre profonde pour une moyenne de 72 q/ha (64 q/ha en 2008). Les conditions de récolte délicates avec des pluies à répétitions nous on fait perdre quelques points de PS. Le taux de protéines est satisfaisant (11,4%), c'est 0,6 point de moins que l'année dernière. L'azote utilisée pour faire du rendement, ne se retrouve pas dans les grains !
Ceci-dit, majoritairement, tout le monde signe pour des années comme celle-ci.
D'un point de vue général, le nouveau contexte économique avec sa volatilité des prix, conduit à certaines pratiques comme la baisse à répétition de la fumure de fond, ou encore l'impasse sur certains traitements, ce qui à certains moments, n'est pas sans conséquences».
Jean-Luc Vadot (responsable technico-commercial des régions Plaine Dijonnaise et Tille-Vingeanne-Bèze) : en blé, les cécydomies ont fait du mal !
«Le colza est un très bon cru sur notre zone, à inscrire dans les annales ! Il y a eu une bonne luminosité et une belle floraison. Malgré une implantation délicate, les rendements vont tourner autour de 40 q/ha (32 q/ha en 2008). Certaines parcelles dans la Plaine, en Vingeanne et vers Mirebeau atteignent même 50q/ha».
Excellent en orge de printemps
«La récolte d'orge de printemps est excellente. L'implantation a été idéale et le cycle végétatif régulièrement arrosé. Les rendements se situent entre 70q/ha et 75qx/ha, les protéines entre 9 à 10,5%, presque faibles parfois».
Une récolte très «brassicole»
«En orge d'hiver, le rendement est correct avec 70q/ha (5 q/ha de moins que l'an passé). La qualité est très bonne : les protéines se situent entre 10,5 et 11,5% et le calibrage atteint les 80% alors qu'il n'était que de 70% en 2008. Nous revenons à un orge très brassicole».
De vrais regrets pour le blé
«Pour le blé, c'est une troisième année atypique. Il y a une grande hétérogénéité des résultats. La technicité des agriculteurs et le suivi de la protection des cultures ont été des facteurs prépondérants. Le fait marquant sur notre zone a été l'attaque des cécydomies, à propos de laquelle nous avons rapidement interpellé nos adhérents par le biais de nos bulletins techniques. La zone la plus touchée est le Sud et l'Est de Dijon. Ce qui est dommage pour un agriculteur, c'est qu'après avoir investi 400€/ha pour sa culture, une impasse sur un traitement d'une petite dizaine d'euros/ha a eu pour conséquence 20 à 25 quintaux de moins en rendement, soit environ 250 euros de perte. La rouille en 2007 puis la fusariose en 2008 nous avaient aussi joué de mauvais tours, preuve qu'il ne faut jamais rien négliger en matière de traitements. C'est aussi ça l'agriculture raisonnée».
Commercialisation
Pascal Demay (responsable céréales Dijon Céréales) : une très bonne moisson dans un marché lourd
« Les agriculteurs ont bien travaillé, la moisson est belle. C'est désormais à nous de commercialiser au mieux les produits dans le contexte difficile que l'on connaît. Les marchés sont très lourds suite à l'importante récolte 2008, européenne et mondiale. Nous démarrons la moisson avec des stocks importants en Europe, les dégagements sont incertains. Un des marchés les plus inquiétants est celui de la brasserie, compte tenu du niveau des récoltes 2008, confirmée par 2009. La première partie de campagne de commercialisation est donc morose. Seule une moindre récolte de l'hémisphère Sud pourrait arranger les choses.
Pour le colza, malgré la très bonne récolte française et à priori allemande, le bilan européen est donné comme relativement équilibré. Si le pétrole se maintient et que la filière des biocarburants fonctionne correctement, il y a de quoi espérer...
Pour le blé, la qualité va être déterminante. Si la récolte du Nord de la France et de l'Europe de l'Est est de moindre qualité, on a un espoir de voir naître deux marchés : un haut de gamme et un fourrager. Notre région peut se placer dans le marché de qualité. Enfin, le marché directeur de la campagne sera celui du maÏs avec notamment la récolte américaine. C'est sur ce marché que se fondent nos espoirs de reprise des marchés.»
Agronomie
Mickaël Mimeau (responsable technique adjoint) : «Le facteur le plus marquant cette année a été le climat. L'hiver a été froid et l'arrêt de la végétation assez marqué. Le nombre d'épis était relativement faible, tout spécialement en orge d'hiver qui ont pu souffrir du déchaussement.. Mais cela est devenu un facteur positif sur les blés avec la belle fin de printemps. Cette période de fertilité a été propice : il n'y a pas eu de grosses amplitudes de température et le rayonnement a été très important. Par la suite, les conditions de remplissage ont également été correctes, avec pour conséquences l'établissement de poids de mille grains très corrects. Certes, les week-ends ont été relativement chauds mais à chaque fois, ils ont été liés à une humidité satisfaisante. Les cécidomyies sont de petits moucherons. L'insecte est actif le soir et pond dans les épis. Ce sont les larves qui attaquent les grains. Leur période de ponte s'est trouvée en concordance avec la date d'épiaison de certaines variétés, notamment les plus précoces, autour du 20 mai. Le mot d'ordre à l'avenir est de bien observer les parcelles, sachant que le potentiel est présent. Il n'y avait pas eu de telle attaque depuis 1979 en Côte d'Or».
PROPOS RECUEILLIS PAR AURELIEN GENEST
«Pour le colza, c'est une année exceptionnelle. Une implantation difficile, un hiver assez marqué et des petits colzas au 15 janvier, ne nous plaçaient pas dans un contexte optimum. Les conditions climatiques du printemps auront finalement été déterminantes, en permettant une bonne évolution florale puis un remplissage des grains et des siliques idéal. Les rendements se situent entre 35 et 45qx/ha pour une moyenne de 39qx/ha (32 en 2008). On notera quelques très belles performances en terres profondes de l'Auxois et du Châtillonnais (50qx)».
Orge de printemps, c'est incroyable !
«L'orge de printemps est tout aussi exceptionnel, incroyable ! L'implantation s'est faite dans de bonnes conditions, la végétation a été régulière sans stress ni échaudage en fin de cycle. Les rendements vont de 50 à 85 qx/ha pour une moyenne supérieure à celle de l'orge d'hiver. Le calibrage est supérieur à 90% et les protéines sont faibles, voir trop faibles (inférieures à 10%)».
Petite déception pour l'orge d'hiver
«Les rendements sont dans la moyenne : entre 62 et 64q/ha. La climatologie du printemps laissait espérer mieux ! Une dose d'azote calculée et limitée pour des raisons environnementales et économiques, n'a certainement pas permis au potentiel de s'exprimer pleinement. Le rendement brassicole est très bon (82%) et le taux de protéines se situe autour de 10,8».
C'est bon pour le blé
«En blé, c'est une bonne année. Les rendements vont de 65qx à 90qx/ha en terre profonde pour une moyenne de 72 q/ha (64 q/ha en 2008). Les conditions de récolte délicates avec des pluies à répétitions nous on fait perdre quelques points de PS. Le taux de protéines est satisfaisant (11,4%), c'est 0,6 point de moins que l'année dernière. L'azote utilisée pour faire du rendement, ne se retrouve pas dans les grains !
Ceci-dit, majoritairement, tout le monde signe pour des années comme celle-ci.
D'un point de vue général, le nouveau contexte économique avec sa volatilité des prix, conduit à certaines pratiques comme la baisse à répétition de la fumure de fond, ou encore l'impasse sur certains traitements, ce qui à certains moments, n'est pas sans conséquences».
Jean-Luc Vadot (responsable technico-commercial des régions Plaine Dijonnaise et Tille-Vingeanne-Bèze) : en blé, les cécydomies ont fait du mal !
«Le colza est un très bon cru sur notre zone, à inscrire dans les annales ! Il y a eu une bonne luminosité et une belle floraison. Malgré une implantation délicate, les rendements vont tourner autour de 40 q/ha (32 q/ha en 2008). Certaines parcelles dans la Plaine, en Vingeanne et vers Mirebeau atteignent même 50q/ha».
Excellent en orge de printemps
«La récolte d'orge de printemps est excellente. L'implantation a été idéale et le cycle végétatif régulièrement arrosé. Les rendements se situent entre 70q/ha et 75qx/ha, les protéines entre 9 à 10,5%, presque faibles parfois».
Une récolte très «brassicole»
«En orge d'hiver, le rendement est correct avec 70q/ha (5 q/ha de moins que l'an passé). La qualité est très bonne : les protéines se situent entre 10,5 et 11,5% et le calibrage atteint les 80% alors qu'il n'était que de 70% en 2008. Nous revenons à un orge très brassicole».
De vrais regrets pour le blé
«Pour le blé, c'est une troisième année atypique. Il y a une grande hétérogénéité des résultats. La technicité des agriculteurs et le suivi de la protection des cultures ont été des facteurs prépondérants. Le fait marquant sur notre zone a été l'attaque des cécydomies, à propos de laquelle nous avons rapidement interpellé nos adhérents par le biais de nos bulletins techniques. La zone la plus touchée est le Sud et l'Est de Dijon. Ce qui est dommage pour un agriculteur, c'est qu'après avoir investi 400€/ha pour sa culture, une impasse sur un traitement d'une petite dizaine d'euros/ha a eu pour conséquence 20 à 25 quintaux de moins en rendement, soit environ 250 euros de perte. La rouille en 2007 puis la fusariose en 2008 nous avaient aussi joué de mauvais tours, preuve qu'il ne faut jamais rien négliger en matière de traitements. C'est aussi ça l'agriculture raisonnée».
Commercialisation
Pascal Demay (responsable céréales Dijon Céréales) : une très bonne moisson dans un marché lourd
« Les agriculteurs ont bien travaillé, la moisson est belle. C'est désormais à nous de commercialiser au mieux les produits dans le contexte difficile que l'on connaît. Les marchés sont très lourds suite à l'importante récolte 2008, européenne et mondiale. Nous démarrons la moisson avec des stocks importants en Europe, les dégagements sont incertains. Un des marchés les plus inquiétants est celui de la brasserie, compte tenu du niveau des récoltes 2008, confirmée par 2009. La première partie de campagne de commercialisation est donc morose. Seule une moindre récolte de l'hémisphère Sud pourrait arranger les choses.
Pour le colza, malgré la très bonne récolte française et à priori allemande, le bilan européen est donné comme relativement équilibré. Si le pétrole se maintient et que la filière des biocarburants fonctionne correctement, il y a de quoi espérer...
Pour le blé, la qualité va être déterminante. Si la récolte du Nord de la France et de l'Europe de l'Est est de moindre qualité, on a un espoir de voir naître deux marchés : un haut de gamme et un fourrager. Notre région peut se placer dans le marché de qualité. Enfin, le marché directeur de la campagne sera celui du maÏs avec notamment la récolte américaine. C'est sur ce marché que se fondent nos espoirs de reprise des marchés.»
Agronomie
Mickaël Mimeau (responsable technique adjoint) : «Le facteur le plus marquant cette année a été le climat. L'hiver a été froid et l'arrêt de la végétation assez marqué. Le nombre d'épis était relativement faible, tout spécialement en orge d'hiver qui ont pu souffrir du déchaussement.. Mais cela est devenu un facteur positif sur les blés avec la belle fin de printemps. Cette période de fertilité a été propice : il n'y a pas eu de grosses amplitudes de température et le rayonnement a été très important. Par la suite, les conditions de remplissage ont également été correctes, avec pour conséquences l'établissement de poids de mille grains très corrects. Certes, les week-ends ont été relativement chauds mais à chaque fois, ils ont été liés à une humidité satisfaisante. Les cécidomyies sont de petits moucherons. L'insecte est actif le soir et pond dans les épis. Ce sont les larves qui attaquent les grains. Leur période de ponte s'est trouvée en concordance avec la date d'épiaison de certaines variétés, notamment les plus précoces, autour du 20 mai. Le mot d'ordre à l'avenir est de bien observer les parcelles, sachant que le potentiel est présent. Il n'y avait pas eu de telle attaque depuis 1979 en Côte d'Or».
PROPOS RECUEILLIS PAR AURELIEN GENEST