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Filière porcine

Mieux valoriser les déchets de l’agro-alimentaire

Second volet de nos reportages chez des éleveurs porcins, avec le Gaec Collot-Chesnet, dont les deux associés, naisseurs-engraisseurs à Mézilles, ont fait le choix de mieux valoriser les déchets de l’agro-alimentaire afin de réduire leurs coûts de production
Par Marianne Ranque
Mieux valoriser les déchets de l’agro-alimentaire
L’exploitation produit 4000 porcs par an.
Le Gaec Collot-Chesnet est le fruit de l’association de 2 éleveurs de Puisaye. Laurent, installé en 1990 sur 15 ha avec un atelier poulet et gavage, monte en 1992 un atelier plein air de 80 truies. Marc, le second associé, était installé sur 6 ha avec 80 truies en plein air en 1991. En 1994, ils forment leur Gaec et reprennent l’exploitation du père de Marc. Ils augmentent alors progressivement le nombre de truies pour arriver à 250 mères en plein air. ils sont alors naisseurs post - sevreur (vente des porcelets à 25 kg : schéma classique à l’époque).
En 2002, Véronique, l’épouse de Laurent et sœur de Marc les rejoint dans le Gaec. Ils profitent alors de l’arrivée d’une troisième associée pour réorganiser les tâches de l’exploitation et lui confient la charge de la comptabilité et de l’atelier volailles. Ils déplacent et modifient la FAF (fabrication d’alimentation à la ferme), ramenant le nombre de truies à 160 mères. Ils installent les truies en bâtiment et construisent un atelier engraissement avec alimentation soupe pour accueillir la totalité de la production. En 2011, le Gaec entreprend des travaux de mise aux normes et démolit une partie du bâtiment existant, afin de monter un nouveau abris pour les truies gestantes. Modernisant les bâtiments en 2012 pour permettre la distribution de la soupe dans la zone de post sevrage et maternité. L’arrêt du plein air a été lié à la pression sanitaire due aux fortes populations de sangliers (brucellose) ainsi qu’à la volonté d’alléger la charge de travail liée à la production plein air.  Tout au long de leur carrière, les exploitants ont fait le choix de moderniser leur outil de production pour réduire le besoin en termes de temps passé et faciliter les tâches.

Bientôt l’installation d’un JA
La SAU de l’exploitation ne permettait pas l’autosuffisance alimentaire  et afin de limiter les achats d’alimentation, le Gaec a fait le choix de s’orienter vers les co-produits de l’industrie agro-alimentaire. C’est ainsi qu’ils valorisent aujourd’hui 3 types de co-produits différents :
Du lactosérum (acheté à Senoble via le groupement Cirhyo.)
De la purée de pomme de terre issue de la transformation industrielle via ce même groupement.
Des déchets de viennoiserie industrielle

Dans un contexte viande porcine où la rentabilité varie fortement depuis de nombreuses années, l’exploitation à fait le choix de réduire  autant que possible les coûts liés à l’alimentation. Cependant la valorisation de ces co-produits ne permet pas d’apporter de protéines et l’exploitation est contrainte d’acheter des tourteaux (soja+colza) pour complémenter la ration. Le suivi de l’élevage et l’amélioration des performances est un axe majeur dans la maîtrise des charges. Le suivi informatique des rations permet de limiter le gaspillage des animaux tout en suivant de près leur appétit. Les exploitants font partie de Cirhyo et reconnaissent l’importance du groupement dans le suivi des performances : « même si on a l’impression de progresser, on fait parfois un saut de puce si on se compare aux autres. » Valorisé à 100 %, le lisier permet aussi, pour sa part, une réduction des achats d’engrais. Les cultures, notamment au printemps répondent plus rapidement aux apports par rapport à l’épandage de fumier pailleux. Le lisier est un engrais complet qui permet de limiter la fumure de fond sans détérioration du potentiel des sols. Les bâtiments sur caillebotis permettent aussi de mieux gérer l’ambiance. Les animaux sont moins sujets aux variations de température.
Le Gaec a pour projet d’installer un JA sous peu. « L’activité le permet partiellement en limitant le recours à l’embauche du salarié du groupement. Quand on a investi en porcs, les bâtiments ont des spécificités propres qui limitent les alternatives » constate Laurent. En même temps il a conscience que son outil est viable et malgré la baisse des prix de la viande, ils ont envie de continuer à investir dans leur outil et à le faire perdurer. Habitué aux variations des cours de la viande, l’éleveur s’inquiète tout de même du rapport coût de production / prix de vente qui s’est fortement dégradé cette année. « Notre production est soumise au marché depuis des années, c’est dur mais aussi plus juste, on est dans la réalité du marché ».

L’exploitation en quelques chiffres :

SAU : 90 ha
UTH : 3,5
Production annuelle : 4000 porcs, 160 truies, 2 poulaillers label
Points forts de l’exploitation :
Emplacement isolé : possibilité d’extension ou de projet bâtiment loin de tout riverain
Complémentarité des associés
Mise aux normes réalisée
Bâtiments récents et fonctionnels
Valorisation intégrale des effluents
Ce qui pourrait faire envisager un arrêt de l’atelier :
Une dégradation trop importante de la rentabilité de l’exploitation, mais « même avec une rentabilité faible, l’arrêt est difficile car il faut rembourser »