Mieux organiser son travail, ça s'apprend !

Le travail en agriculture a changé : la main-d’œuvre familiale est aujourd’hui remplacée par le salariat, les exploitations augmentent sans cesse en taille, le type de travail à réaliser est aussi en mutation. Tout cela impose aux agriculteurs un nouveau rapport à leur profession et de nouvelles compétences à acquérir. La formation peut être un outil, d’autant qu’elle contribue à « casser » l’isolement parfois créé par la surcharge de travail ou par la difficulté à communiquer au sein de l’exploitation. Les élus du comité Vivea (fonds d’assurance formation des chefs d’exploitation) de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) ont donc lancé depuis un an un dispositif spécifique : « L’humain au cœur du travail » qui vise à développer l’offre de formations régionale sur les thèmes de l’organisation du travail, des relations humaines et du bien-être au travail. En 2024, 130 agriculteurs ont pu participer à des formations dans ce cadre, selon des modalités diverses.

Formation sur mesures

Parmi ces bénéficiaires, Marine Seckler, agricultrice à Blanot, en Saône-et-Loire, entre Tournus et Mâcon, a accepté de partager son expérience. Installée seule en 2012, elle a été rejointe par son associé en 2017. Le Gaec gère plusieurs productions en agriculture biologique et vente directe : une quarantaine de vaches allaitantes, une centaine de brebis, 200 poules pondeuses et 50 porcs plein air. En 2024, Marine et son associé ont participé à une formation « Communication et relations humaines dans le travail », organisée par Dev’Agri (centre de formation des Jeunes Agriculteurs de BFC), dans le cadre de l’appel d’offres spécifique de Vivea « L’humain au cœur du travail ». Cette formation a été construite sur mesures pour le Gaec et elle s’est déroulée sur le lieu de l’exploitation. Marine Seckler se forme beaucoup. Elle a suivi des formations techniques pour progresser sur les différents ateliers présents sur la ferme. Elle s'est aussi investie dans des formations plus stratégiques : Agri’Actes en 2023 (formation de responsables professionnels proposée par la Chambre régionale d’agriculture), « Management Practice » en 2024 (formation sur le management organisée par l’Institut Agro Dijon). Elle a fait le lien entre la formation « Communication et relations humaines dans le travail » de Dev’Agri et l’appel d’offres de Vivea « L’humain au cœur du travail » comprenant un volet spécifique sur les relations au sein des collectifs de travail. « Cette thématique, explique-t-elle, a attiré mon attention parce que notre Gaec fonctionnait extrêmement mal à ce moment-là. J’ai pensé qu’une formation pourrait nous aider à apprendre à gérer nos problèmes d’entente. J’ai contacté Dev’Agri pour leur demander de nous organiser une formation personnalisée sur ce thème. Je leur ai suggéré de solliciter une formatrice que j’avais déjà eu l’occasion de voir, il y a quelques années, dans le cadre d’une formation destinée aux administrateurs des JA, et dont j’avais apprécié les compétences. Dev’Agri a monté cette formation et a travaillé avec la formatrice pour affiner les objectifs pédagogiques et le programme de formation à déposer à Vivea. »

L'intérêt du travail in situ

Cette formation s'est révélée parfaitement adaptée à leurs attentes. Comme les séances se passaient sur la ferme, la formatrice a pu s’imprégner de leur environnement et de leur façon de travailler, et cerner rapidement leurs besoins. Autre avantage : Marine et son associé ont entendu les mêmes choses au même moment. « Cela apporte infiniment plus que lorsqu’un des associés va en formation et revient expliquer à l’autre ce qu’il a appris… » constate l'agricultrice. Le fait d’avoir eu 4 demi-journées réparties sur plusieurs mois permettait également de faire des pauses et prendre le temps de réfléchir, voire de tester des solutions entre les sessions. « Cette formation, souligne Marine Seckler, a grandement amélioré l’ambiance dans le Gaec ! Chacun d’entre nous a retrouvé de la confiance en soi et du bien-être dans le travail en général. Aujourd’hui, nous savons comment réagir l’un envers l’autre lorsqu’un problème apparaît ou qu’une décision importante doit être prise. Nous avons appris à mieux discuter, s’écouter et se comprendre. Cette expérience m’a même donné envie de continuer à approfondir la question du fonctionnement des collectifs. Pour notre Gaec, l’idéal serait que la formatrice revienne environ une fois par an pour suivre nos progrès, et nous aider à maintenir nos acquis, voire les améliorer dans le temps. » Ce que l'agricultrice de Saône-et-Loire retire de cette expérience, c’est que l’on ne perd jamais son temps en formation, et que l’on apprend toujours quelque chose. « Je n’ai jamais été déçue. En plus, c'est un moyen idéal pour faire connaissance avec d’autres agriculteurs. Les discussions avec les collègues font aussi partie de la formation et elles sont toujours très riches. Sortir de son exploitation pour échanger avec d’autres permet de se maintenir à jour. C’est indispensable si l’on veut être prêt à s’adapter et à durer face à la complexité des enjeux climatiques et sociétaux actuels. »