Retour sur la conférence «grandes cultures»
Mickaël Geloen : «il faut jouer des leviers agronomiques»
De la conférence «Grandes cultures» du 13 mars dernier à Pougues-les-Eaux, il était ressorti que les agriculteurs devaient respecter leurs fondamentaux pour trouver des marges d’amélioration des résultats. Dans chaque domaine d’expertise, les intervenants avaient, durant dix minutes, fait le point. Terres de Bourgogne entame une série d’interviews de ces conseillers. 1er entretien avec Mickaël Geloen, conseiller «cultures» de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, sur la conduite technique.
- Terres de Bourgogne : «De quel constat êtes-vous parti ?
Mickaël Geloen : Nous constatons, depuis 4 ou 5 ans, que sur certaines parcelles, il y a un problème de maîtrise du désherbage, des graminées de type vulpin sur céréales et des géraniums sur colzas, ainsi qu’un plafonnement des rendements. Particulièrement dans les rotations colza-blé-orge, la plus pratiquée car la plus rentable, et souvent associée à une simplification du travail du sol. Aujourd’hui, quand on obtient 38 ou 40 q/ha, on est contents ! En matière de désherbage, on peut associer des coûts supplémentaires jusqu’à 150 euros avec des résultats souvent décevants. On se rend compte qu’on arrive au bout de la chimie. Il faut arriver à maintenir son efficience et tout l’intérêt réside dans son association avec l’agronomie, afin de casser la spirale tout en maintenant les coûts...
- TdB : Quelles sont les pistes d’améliorations ?
MG : Il y en a trois. La première consiste à introduire une culture de printemps dans la rotation, soit des dicots en semis précoce (pois/féverole), soit des graminées en semis précoce (orge de printemps), soit des dicots tardifs (tournesol/soja) ou des graminées tardives (maïs). Au moins une de ces cultures dans la rotation CBO permet de limiter les adventices. On maîtrise le niveau d’infestation acceptable qui permet ensuite de maîtriser chimiquement l’année suivante sans surcoût. La question, c’est quelle culture de printemps choisir. Il n’ y a pas de recette, ce qui est important, c’est le raisonnement à la rotation, par rapport à ce qu’attend l’agriculteur. La difficulté, c’est de trouver le débouché derrière : il faut s’en assurer avant le semis.
- TdB : La 2ème possibilité ?
MG : Il s’agit de répondre à des marchés de niche, type cultures porte-graine (trèfle, luzerne, coriandre, pois potager...). C’est beaucoup plus exotique de contractualiser pour la production de semences. Il y a un bon effet précédent, notamment sur les légumineuses. On coupe le cycle des adventices et on fournit de l’azote dans le système.
- TdB : Et la 3ème ?
MG : Il s’agit de changer l’ordre dans la rotation, par exemple de passer d’un colza-blé-orge-pois-blé à un pois-colza-blé-orge ou d’un colza-blé-orge-maïs-blé à un maïs-orge-colza-blé. Dans le premier cas, le pois est plus costaux face aux ravageurs et il y a un effet désherbage mais çà limite la paille, ce qui est peut-être moins intéressant pour les polyculteurs-éleveurs. Dans le second, le problème fusariose et celui du désherbage de l’orge sont réglés après la culture de printemps.
- TdB : Il faut donc avoir une approche plus globale de son système...
MG : Oui, il faut aussi miser sur l’observation de la végétation et du sol, par des analyses et des reliquats sortie hiver (RSH). Par exemple, en végétation, il faut arriver à un seuil minimal de 6 pieds sur 40 touchés par le piétin verse avant tout traitement spécifique. Le delta n’est pas anodin : on parle de 40 euros de charges supplémentaires. Il faut que cela se rationnalise ! Je précise qu’à l’heure des outils de précision, les drônes n’ont d’intérêt que si le système est équilibré et maîtrisé, à la différence des situations à risque où l’outil ne permet pas de moduler. Et puis sur le sol, les analyses permettent d’éviter de mettre 60 unités de phosphore et potasse (PK) quand le sol est correct. Un traitement, c’est entre 40 et 60 euros de charges de plus...
-TdB : il n’y a donc pas de recette miracle...
MG : Il n’y a pas un levier, il faut regarder tous les leviers, l’allègement des charges, le prix de vente. L’enjeu, c’est une rotation diversifiée incluant une culture de printemps de temps en temps et arriver à bien la vendre. L’important, c’est le raisonnement à la rotation ou au système de culture, et non pas culture par culture, ce qui permet de calculer les marges brutes et donc de raisonner globalement. Jusqu’à présent, les agriculteurs ont simplifié leurs rotations ou leur travail du sol : demain, ils auront intérêt à complexifier en introduisant des cultures ou des leviers agronomiques. Et puis, il faut aussi anticiper les risques ! Rien ne sert d’introduire ces cultures sur toutes les parcelles, mieux vaut commencer par les parcelles à risques. Sinon, on va droit dans le mur au niveau chimique. Ce n’est pas en mettant 200 euros de traitement que l’on résoudra le problème du désherbage et du plafonnement des rendements»!
Mickaël Geloen : Nous constatons, depuis 4 ou 5 ans, que sur certaines parcelles, il y a un problème de maîtrise du désherbage, des graminées de type vulpin sur céréales et des géraniums sur colzas, ainsi qu’un plafonnement des rendements. Particulièrement dans les rotations colza-blé-orge, la plus pratiquée car la plus rentable, et souvent associée à une simplification du travail du sol. Aujourd’hui, quand on obtient 38 ou 40 q/ha, on est contents ! En matière de désherbage, on peut associer des coûts supplémentaires jusqu’à 150 euros avec des résultats souvent décevants. On se rend compte qu’on arrive au bout de la chimie. Il faut arriver à maintenir son efficience et tout l’intérêt réside dans son association avec l’agronomie, afin de casser la spirale tout en maintenant les coûts...
- TdB : Quelles sont les pistes d’améliorations ?
MG : Il y en a trois. La première consiste à introduire une culture de printemps dans la rotation, soit des dicots en semis précoce (pois/féverole), soit des graminées en semis précoce (orge de printemps), soit des dicots tardifs (tournesol/soja) ou des graminées tardives (maïs). Au moins une de ces cultures dans la rotation CBO permet de limiter les adventices. On maîtrise le niveau d’infestation acceptable qui permet ensuite de maîtriser chimiquement l’année suivante sans surcoût. La question, c’est quelle culture de printemps choisir. Il n’ y a pas de recette, ce qui est important, c’est le raisonnement à la rotation, par rapport à ce qu’attend l’agriculteur. La difficulté, c’est de trouver le débouché derrière : il faut s’en assurer avant le semis.
- TdB : La 2ème possibilité ?
MG : Il s’agit de répondre à des marchés de niche, type cultures porte-graine (trèfle, luzerne, coriandre, pois potager...). C’est beaucoup plus exotique de contractualiser pour la production de semences. Il y a un bon effet précédent, notamment sur les légumineuses. On coupe le cycle des adventices et on fournit de l’azote dans le système.
- TdB : Et la 3ème ?
MG : Il s’agit de changer l’ordre dans la rotation, par exemple de passer d’un colza-blé-orge-pois-blé à un pois-colza-blé-orge ou d’un colza-blé-orge-maïs-blé à un maïs-orge-colza-blé. Dans le premier cas, le pois est plus costaux face aux ravageurs et il y a un effet désherbage mais çà limite la paille, ce qui est peut-être moins intéressant pour les polyculteurs-éleveurs. Dans le second, le problème fusariose et celui du désherbage de l’orge sont réglés après la culture de printemps.
- TdB : Il faut donc avoir une approche plus globale de son système...
MG : Oui, il faut aussi miser sur l’observation de la végétation et du sol, par des analyses et des reliquats sortie hiver (RSH). Par exemple, en végétation, il faut arriver à un seuil minimal de 6 pieds sur 40 touchés par le piétin verse avant tout traitement spécifique. Le delta n’est pas anodin : on parle de 40 euros de charges supplémentaires. Il faut que cela se rationnalise ! Je précise qu’à l’heure des outils de précision, les drônes n’ont d’intérêt que si le système est équilibré et maîtrisé, à la différence des situations à risque où l’outil ne permet pas de moduler. Et puis sur le sol, les analyses permettent d’éviter de mettre 60 unités de phosphore et potasse (PK) quand le sol est correct. Un traitement, c’est entre 40 et 60 euros de charges de plus...
-TdB : il n’y a donc pas de recette miracle...
MG : Il n’y a pas un levier, il faut regarder tous les leviers, l’allègement des charges, le prix de vente. L’enjeu, c’est une rotation diversifiée incluant une culture de printemps de temps en temps et arriver à bien la vendre. L’important, c’est le raisonnement à la rotation ou au système de culture, et non pas culture par culture, ce qui permet de calculer les marges brutes et donc de raisonner globalement. Jusqu’à présent, les agriculteurs ont simplifié leurs rotations ou leur travail du sol : demain, ils auront intérêt à complexifier en introduisant des cultures ou des leviers agronomiques. Et puis, il faut aussi anticiper les risques ! Rien ne sert d’introduire ces cultures sur toutes les parcelles, mieux vaut commencer par les parcelles à risques. Sinon, on va droit dans le mur au niveau chimique. Ce n’est pas en mettant 200 euros de traitement que l’on résoudra le problème du désherbage et du plafonnement des rendements»!