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Météo 89

Météo au beau fixe pour la start-up icaunaise

Bien connu des internautes et réseaux sociaux icaunais, le site Météo 89 se lance à la conquête du secteur agricole et des viticulteurs. Rencontre avec son créateur, Raphaël Roth
Par Dominique Bernerd
Météo au beau fixe  pour la start-up icaunaise
C’est en 2010 que Raphaël Roth, météophile invétéré depuis son plus jeune âge, a créé le site interne
À l’instar des aventures d’Obélix et de la potion magique, Raphaël Roth a du tomber dans la marmite météo dans sa prime jeunesse ! De son propre aveu, passant plus de temps à cinq ans, devant la chaine Météo que les dessins animés, avec pour idoles les présentateurs vedette de l’époque, qui avaient nom Louis Bodin ou Guillaume Séchet ! La passion n’a fait que croître au fil des années, au point de créer à l’adolescence, avec son comparse de toujours, Clément Meirone, le site Internet «Météo 89», dédié aux prévisions météorologiques sur le département. La présence sur les réseaux sociaux s’est amplifiée, au point de compter aujourd’hui plus de 30 000 fans du site météo sur Facebook, devenu à l’automne dernier une start-up dont l’ambition est désormais de conquérir les secteurs professionnels, notamment agricoles et viticoles. Hébergée dans les locaux auxerrois de Groupama Paris Val de Loire, la jeune société souhaite proposer tout un panel de prestations à la carte, pouvant intéresser aussi bien les coopératives que les exploitants individuels. Avec pour particularité, un réel travail de prévisionniste, au plus près du terrain : «Après avoir fermé la station d’Auxerre il y a quatre ans, Météo France s’apprête à faire de même pour Dijon et Chalons et c’est Strasbourg qui aura en charge le département. Fournissant un travail automatique à partir de données brutes sans expertise, sans réelle connaissance du terrain et du climat local…» Aux antipodes du travail quotidien des deux jeunes étudiants en géographie environnementale et géomorphologie : «debout tous les matins à 5 h 30, pour un premier regard sur les modèles satellitaires, avant une analyse à partir des cartes locales, des fonds de vallée, de la nébulosité, des effets de la pleine lune, etc.»

Des services personnalisés pour l’agriculture et la viticulture
Les prévisions météo sont appelées dans les années futures à jouer un rôle de plus en plus grand dans les activités humaines. Au registre desquelles bien sur l’agriculture et la viticulture. Deux créneaux que le gérant de Météo 89 a vu monter en puissance depuis les épisodes de gel du printemps dernier et qu’il souhaite développer en 2018, en proposant des prestations ciblées : «avec des prévisions à J+1 et J+2, des tableaux personnalisés remplis quotidiennement, ainsi que les tendances pour les jours à venir. Plusieurs grands domaines y ont déjà souscrit et nous sommes en train d’adapter le dispositif pour des viticulteurs plus petits. Autre secteur visé, celui des coopératives, avec la mise en place récemment, d’un tableau de protection et de gestion des cultures, par rapport à la pluviométrie et aux traitements phyto. Un service à la carte proposant en option un contact direct avec un prévisionniste…» Une prestation pouvant également intéresser le grand public, lors d’évènements familiaux comme un mariage ou toute fête à l’extérieur. En projet à l’attention des agriculteurs : la fourniture d’un bulletin prévisionnel personnalisé par arrondissement, à partir de la station météo connectée Meteus, développée par Isagri et Terre-Net, pour l’informer en temps réel, du climat dans ses cultures.

Des effets du changement climatique déjà présents
La présence sur les réseaux sociaux n’a fait que s’amplifier au fil des années, triplant le nombre de fans sur Facebook en quatre ans. Certains servent de relais à la start-up auxerroise, envoyant des photos d’évènements météo ou, comme Jonathan, un habitant du Tonnerrois, des vidéos réalisées à partir de drones. Une interactivité renforcée par des «live» où Raphaël dialogue avec les internautes. Petit rappel à l’attention des «climato sceptiques» qui, à l’instar du locataire de la Maison Blanche, semblent confondre météo et climat : «deux choses qui n’ont rien à voir. Si la météo consiste à prévoir le temps qu’il fera dans les jours à venir, la climatologie engrange des données, observations et tendances afin d’établir des projections pour le futur, toujours avec un regard sur le passé…» Quant au changement climatique, nul besoin d’aller loin pour en mesurer les effets, selon le jeune météophile : «nous avons déjà dans le département, moins de neige que les hivers précédents et sommes confrontés de plus en plus à des températures au dessus des normales de saison. Des changements apparaissent dans le cycle végétal, avec des floraisons, des moissons et des vendanges, de plus en plus précoces. Autant de conséquences directement liées au changement climatique. Autre phénomène : des vins de plus en plus sucrés, du fait d’un ensoleillement record à certains endroits…» Si la planète a déjà connu au fil des siècles une alternance de cycles froids et chauds, c’est la première fois dans son histoire que l’activité humaine a ainsi un impact direct sur le réchauffement climatique. Pour Raphaël Roth, l’occasion de rappeler que «si le climat reste toujours supérieur à nous et sera seul décideur, nous avons encore la possibilité d’agir pour le faire aller du bon côté…»