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Session de la Chambre d’agriculture

Mal-être et incompréhension sur de nombreux dossiers

C’est une fois de plus un inventaire à la Prévert qui aura animé la partie informative de la session de la Chambre d’agriculture 21. Au programme : les accords internationaux dommageables pour certaines productions, la PAC dont l’horizon recule à mesure que le temps passe et les nombreuses interventions sur des questions de conjoncture.
Par Anne-Marie Klein
Mal-être et incompréhension sur de nombreux dossiers
Entre demande de prise en charge des cotisations et préparation des élections des délégués, la MSA ne chôme pas et compte sur la réactivité des agriculteurs pour faire remonter rapidement les dossiers de demandes d’exonération. L’autre sujet c’est celui de la nécessaire mobilisation des candidatures de délégués sur le terrain, gages «de l’identité d’un régime agricole à préserver», comme l’a rappelé Dominique Bossong, président de la MSA Bourgogne.
Objet de toutes les surenchères, les zones de non-traitement (ZNT) mobilisent elles aussi les élus agricoles, qui interpellent les représentants politiques et ceux de l’État pour que la raison et le dialogue l’emportent. Mais le plus préoccupant reste bien entendu le «mal-être» des agriculteurs, dont l’action comme la vocation «sont attaquées de toutes parts» comme le signale Fabrice Genin, membre de la Chambre d’agriculture.
Même remarque de Fabrice Faivre, président de la FDSEA 21, qui insiste «sur la situation préoccupante de l’agriculture dans son ensemble», avec des agriculteurs «qui ont le moral dans les chaussettes» et dont les trésoreries sont fortement mises à mal par les conséquences de la sécheresse. «Le 8 octobre, les paysans seront dans la rue et sur les autoroutes» prévient le syndicaliste, pour manifester partout en France «un ras-le-bol généralisé».

Des politiques d’État «incohérentes»
En accord avec ce constat, Jacques de Loisy, représentant la coopération au travers de Dijon Céréales, dénonce les effets conjugués d’un contexte réglementaire pénalisant et d’un climat limitant, alors que les prix sont au plus bas pour certaines productions.
Face à cela, l’attente est grande d’un rééquilibrage de la Pac et de mesures permettant «d’accompagner un nouvel élan» sous forme de politiques et de stratégies favorisant les outils structurants, la gestion de l’eau et la production énergétique. Ce qui suppose aussi «un accompagnement positif des services de l’État». Les JA se sont aussi fait l’écho d’une forte incompréhension des agriculteurs face «à l’incohérence des politiques d’État».
D’un côté le Ceta et les accords du Mercosur ouvrent les portes de l’Europe à des produits alimentaires (viande en particulier) mal identifiés et souvent mal contrôlés… de l’autre les réglementations nationales lavent plus blanc que blanc et limitent la compétitivité des productions françaises en alourdissant leurs charges…
De son côté Nicolas Michaud a dénoncé «un désengagement global sur l’eau» au travers de politiques publiques inadaptées au vu «des années catastrophiques» qui se succèdent. En dépit «d’une situation de crise extrême» relève l’élu Chambre, «les lignes ne bougent pas». Également président d’Alyzé, Nicolas Michaud rappelle aussi que les dérogations pour la récolte et la consommation des jachères interviennent trop tardivement, alors qu’il faudrait savoir en temps de crise prévisible, anticiper sur les demandes et les besoins.
Les interventions du GDS ensuite, sur «la difficulté de faire du sanitaire dans l’ambiance actuelle», et la nécessité d’encourager la constitution de nouvelles ressources en eau pour l’élevage en Auxois Morvan, ont fini de dresser un portrait en demi-teintes de gris, d’une situation pour le moins préoccupante de l’agriculture en Côte d’Or.

Des «bouts de solutions» qui ne suffiront pas
Après avoir salué la mémoire du Président Jacques Chirac qui ne manquait pas une occasion de souligner que «l’intérêt des agriculteurs était aussi l’intérêt de la France», Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture 21, a relevé les «bonnes nouvelles» que sont «une récolte correcte en céréales d’hiver en dépit d’une grande variabilité des résultats» et le bon millésime qui se profile pour les domaines viticoles. Non sans confirmer les craintes qui s’étaient exprimées auparavant concernant le colza, la moutarde, le cassis, les cultures d’automne et la sécheresse qui perturbe toutes les productions animales, l’affouragement et l’abreuvement des troupeaux.
Les «bouts de solutions», pour efficaces qu’ils soient, ne dispenseront pas d’une réflexion globale et de fond entre tous les acteurs, agricoles, économiques, de l’État et des collectivités locales. Le président de la Chambre d’agriculture 21 a aussi dénoncé «l’escalade de la violence» de la part «d’une minorité d’activistes qui occupe de plus en plus d’espace pour faire avancer ses idées».
À l’heure des discours, le Préfet de Côte d’Or, préfet de Région, Bernard Schmelz, a encouragé au pragmatisme «en regardant le monde tel qu’il est».
Les marges de manœuvre de l’État se rétrécissent, soumises d’une part à des économies obligatoires et d’autre part à des demandes persistantes. L’équation est simple : moins d’impôts = moins de services…
Ce nouveau monde, c’est aussi «un monde où tout le monde harcèle tout le monde», mais c’est un monde où justement, a rappelé le préfet, les services déconcentrés de l’État sont là pour accompagner au mieux les projets et les hommes sur le terrain.
Sachant aussi que «tout le monde va devoir faire mieux avec moins», il va falloir «faire preuve d’imagination».

(Dans notre prochaine édition, suite de la session de la Chambre 21 avec un exposé/explication de texte de Jean-Pierre Fleury sur les relations commerciales internationales et la prochaine Pac)