Mais que se passe t-il en Côte-d'Or ?
Le Châtillonnais a été durement frappé par les orages de la mi-juin. Ce nouveau sinistre en rappelle d'autres, toujours dans la même région.

S'il s'agissait d'une série TV, on pourrait l'appeler « les tempêtes de l'Ouest ». Chaque année, un phénomème météo de grande ampleur secoue un secteur en particulier de l'Ouest de la Côte-d'Or, dans des proportions inédites. Comme nous le rapportions la semaine dernière dans nos colonnes, les plus gros dommages de ce mois de juin 2025 ont été enregistrés dans le Châtillonnais, avec notamment un poulailler complètement arraché à Chaumont-le-Bois. En 2024, tout le monde se souvient des sinistres du côté de Vitteaux, Semur, Venarey et Montbard. Un an plus tôt, le village de Savoisy, encore une fois près de Châtillon, y était passé avec, souvenez-vous, un de nos reportages vidéo dans les cultures de Yannick Salomon. Et que dire de 2022, avec le fameux orage à Liernais, un peu plus « bas » dans le département.
Le colza a du mal
Jérémy Rognon, agriculteur à Pothières, n'a pu que constater les dégâts, dimanche 15 juin au petit matin : « Je n'ai pas de casses sur mes bâtiments mais les cultures sont touchées comme celles de plusieurs confrères. Pour ma part, mes 6 ha de lentilles sont dans un sale état, tout est au sol. À mon avis, le broyeur sera de sortie... Le colza, qui était sans doute la culture la plus prometteuse de l'année, est touché à environ 60-70% sur mes 28 ha de champs. Il est tout blanc, il y a encore certaines gousses mais les tiges sont cassées. Au moment où je vous parle, lundi 16 juin, l'expert n'est pas passé, nous verrons ce qu'il dit ». Celui qui préside l'équipe JA de Châtillon-Laignes-Montigny se prononce sur ces phénomènes météo : « les orages s'intensifient au fil des années, le réchauffement climatique y est sans doute pour quelque chose... Ici dans le Châtillonnais, nous sommes situés dans l'axe de grandes forêts et de cours d'eau. Avant, les orages étaient bénéfiques, nous avions 15-20 mm d'eau avec seulement quelques éclairs mais là, ça devient du grand n'importe quoi ! Dans le cas de Chaumont-le-Bois, le vent s'engouffre comme dans un entonnoir et emmène tout sur son passage ». Jérémy Rognon poursuit : « face à cette problématique grandissante, il faut bien sûr s'assurer pour pouvoir repartir de l'avant, même si cela ne fait pas tout. Pour minimiser les risques, il faut aussi privilégier la diversification quand cela est possible ».
Avis de Groupama
David Doyer, agriculteur à Chaudenay-la-Ville près de Bligny-sur-Ouche, membre de la commission assurance régionale de Groupama Grand-Est qui est en charge des risques climatiques, a en tête plusieurs chiffres démontrant l'étendue des dégâts : « La zone Ouest du département est effectivement très touchée, très régulièrement. Cette récurrence, nous ne la retrouvons pas dans la plaine ni en viticole. Les sinistres de Liernais s'étaient traduits par des dédommagements de 12 millions d'euros ! Pour le Châtillonnais un an plus tard puis dans la zone de Vitteaux l'an passé, c'était trois millions d'euros à chaque fois. Il se passe quelque chose tous les ans et 2025 n'a pas échappé à la règle ». David Doyer partage un autre élément chiffré : « en 1990, les coûts des aléas climatiques pour l'ensemble des assureurs, sécheresses et inondations comprises, affichaient une facture nationale d'1,5 milliard d'euros. Aujourd'hui, c'est plus de trois fois plus, nous sommes à 5 milliards ». L'éleveur poursuit : « pour la partie agricole, à l’échelle de la caisse régionale Groupama Grand Est, cela s’est traduit par un fort déséquilibre des primes encaissées et des sinistres versés avant la réforme de la multirisque climatique de 2023 : 10 millions d'euros reçus, contre 23 millions versés en moyenne chaque année entre 2012 et 2022. C’est colossal. Évidemment, tout ceci est corrélé au changement climatique ». Le coût du sinistre de Liernais avait motivé une étude locale : « il n'est pas simple d'expliquer ces phénomènes, des couloirs favoriseraient davantage la formation d'orages dans ces secteurs. Demain, l’intelligence artificielle pourra sans doute nous aider à mieux comprendre. Tous les assureurs comptent beaucoup sur l’IA pour une meilleure prise en charge en amont, lors de la survenance de ces aléas climatiques violents ».