Lutter contre le réchauffement climatique
À cette période, il n'y a pas que les viticulteurs qui vendangent. Manon Pinot, conseillère à la Chambre d'agriculture, le fait également de son côté… mais pour une toute autre raison.
Depuis quelques années, la Chambre d'agriculture de l'Yonne s'emploie, à travers un projet d'ampleur régionale, à trouver des solutions pour permettre aux vignes de lutter contre le réchauffement climatique et le bouleversement climatique. Manon Pinot, conseillère à la Chambre d'agriculture en section viticole, est en charge du projet intitulé, « GreffBourgogne », qui, comme son nom l'indique, a pour objectif d'intégrer des « porte-greffes aux neuf parcelles réquisitionnées pour le projet ». Avec trois de ses collègues, elle, terminait les vendanges, dans des vignes implantées à Courgy, ce mardi 9 septembre après-midi. « Nous avons choisi, en nous concertant avec les viticulteurs qui collaborent sur ce projet, d'intégrer des porte-greffes venus du sud de la France sur les parcelles icaunaises », confie-t-elle. Cette provenance n'est pas choisie par hasard, « nous savons que depuis quelques années, les vignobles du sud sont fortement impactés par la canicule et ils réagissent bien à ces intempéries. Nous avons donc décidé de tester des procédés techniques pour améliorer la santé des vignes icaunaises », ajoute-t-elle. Sophie Bardet, également conseillère à la Chambre d'agriculture, souhaite contextualiser le projet. « Depuis une quinzaine d'années, nous ressentons fortement les effets du bouleversement et réchauffement climatique. Sur dix ans, on se rend compte qu'on peut compter seulement trois années bonnes », constate-t-elle. Ce projet vient donc d'un appel à projet lancé par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et qui compte d'autres départements de la Bourgogne, comme la Côte-d'Or ou la Saône-et-Loire. L'idée d'intégrer trois types de porte-greffe, également appelés, « américains », est que ceux-ci, « échangent avec le cépage, s'enracinent mieux et aient potentiellement un meilleur rendement », développe-t-elle.
« Avant il y avait une mauvaise récolte tous les dix ans »
Cette année, c'est pour l'équipe viticulture la première année de vendange, et donc, « c'est encore un peu trop tôt pour avoir du recul sur notre travail avec les viticulteurs. Ce sont des projets qui s'inscrivent sur le long terme. Dans dix ans, on pourra en voir les effets », conclut-elle. L'objectif, pour la Chambre d'agriculture, est de « guider les viticulteurs sur leurs stratégies de plantation pour les choix de porte-greffe sur le critère de la résistance à la sécheresse et au gel », annonce Sophie Bardet. Quant au second projet, intitulé, « PerN » alliant le « N » d'azote, et la viticulture « pérenne », il a pour objectif de guider les viticulteurs à « utiliser l'apport d'azote de la meilleure façon ». Pour ce projet, d'envergure nationale, six parcelles sont utilisées et les arboriculteurs sont également inclus dans le projet. Piloté par l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), ce projet a pour objectif de « valider un outil opérationnel de raisonnement et de pilotage de la fertilisation azotée, minérale, organique en viticulture », confie Manon Pinot. Pour ce faire, la conseillère en viticulture réalise un suivi du reliquat d'azote, après les vendanges (en septembre) et avant le débourrement (en février), afin de réaliser une analyse du sol. Un projet à suivre au long terme…