Prédateur
Loup y es-tu ?
Six attaques de troupeaux ont été recensées à la frontière de l’Aube et de l’Yonne, à quelques kilomètres d’écart : la présence d’un loup est suspectée.

Les 20 et 26 mai, puis le 5 juin, trois attaques successives ont eu lieu sur un même élevage ovin à Etourvy dans l’Aube. Quelques semaines après, les 20 et 22 juin, c’est à Arthonnay dans l’Yonne qu’une éleveuse a découvert au total 10 moutons tués et 5 blessés. Le 11 juillet, à quelques kilomètres de là, sur la commune de Mélisey, un autre a été retrouvé tué et consommé par «un grand prédateur».
Suite à ces attaques, les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) ont réalisé des constats et des recueils d’indices, notamment des prélèvements de poils, dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines. A chaque fois, les conclusions des rapports mentionnaient une «mortalité liée à une prédation, responsabilité du loup non écartée, au bénéfice du doute». Les procédures d’indemnisation des éleveurs ont été engagées par la Direction Départementale des Territoires (DDT). Dans la nuit du 21 au 22 juin, l’image du prédateur a été captée par un piège photographique et expertisée par l’ONCFS qui a conclu que «tous les critères phénotypiques relevés sur ces images sont compatibles avec l’identification d’un loup Canis lupus».
Séverine Martin, de la DDT de l’Yonne, met en garde sur les conclusions hâtives : «d’après la photo, les experts n’arrivent pas à statuer s’il s’agit vraiment d’un loup. Il faut attendre les résultats des analyses pour en être certains et mettre en place les mesures nécessaires, si c’est bien un loup. A priori pour le moment, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, il s’agit de cas isolés».
Des attaques lourdes de conséquences
C’est au sein de l’EARL des Iles que les deux attaques de fin juin ont eu lieu. L’exploitation en polyculture-élevage compte 450 brebis romanes, en système pâturant sur 40 ha de prairies au total. Lors de la première nuit d’attaque, six brebis ont été saignées et un bélier a été tué et consommé au niveau de la poitrine. La seconde attaque a laissé trois brebis tuées. Quant aux cinq brebis blessées, «elles ne s’en remettrons pas…», s’attriste l’éleveuse Laurence Godin. «L’ONCFS pense que ça pourrait être un hybride… pour moi, c’est un loup. Les chiens errants, ça attaque aux pattes ! Et il n’y avait pas de sang séché autour des plaies à la gorge, comme si la bête avait tout léché». Pour l’éleveuse, les semaines qui ont suivi les attaques ont été difficiles. «Les troupeaux touchés étaient composés de jeunes brebis gestantes… Les survivantes sont stressées et apeurées, je ne sais pas ce que vont donner les agnelages en octobre. On rentre tout le monde chaque soir maintenant, ça fait mal au cœur, elles sont mieux dehors. Mais on a peur à chaque fois qu’on ouvre les volets, peur de découvrir de nouveaux cadavres». Laurence va être indemnisée pour la perte de ses bêtes, mais le stress engendré et les conséquences sur les agnelages à venir ne sont pas pris en compte. L’éleveuse subit également les réactions parfois blessantes «On parle de bien-être animal à tout va, les consommateurs veulent que les brebis pâturent, et moi aussi ! Mais dans ces conditions, il n’y a plus de bien-être animal… On nous dit qu’il faut bien que le loup mange… mais on est pas là pour nourrir le loup !»
Actuellement, aucune mesure particulière n’est à mettre en place dans les élevages de la zone concernée selon la DDT, ce qui n’empêche pas les éleveurs de rentrer leurs animaux chaque soir, d’autant plus que le loup serait aperçu régulièrement par les habitants. Tout animal suspect observé dans la zone, chien ou autre, doit d’ailleurs être signalé à l’ONCFS, pour faire avancer l’identification du responsable des attaques. Le 5 septembre prochain, le Préfet de l’Yonne, la Chambre d’agriculture et la Fédération Ovine se réuniront pour examiner la situation et évaluer les mesures à mettre en place. D’ici là le loup, s’il en est un, aura été démasqué par la science.
Suite à ces attaques, les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) ont réalisé des constats et des recueils d’indices, notamment des prélèvements de poils, dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines. A chaque fois, les conclusions des rapports mentionnaient une «mortalité liée à une prédation, responsabilité du loup non écartée, au bénéfice du doute». Les procédures d’indemnisation des éleveurs ont été engagées par la Direction Départementale des Territoires (DDT). Dans la nuit du 21 au 22 juin, l’image du prédateur a été captée par un piège photographique et expertisée par l’ONCFS qui a conclu que «tous les critères phénotypiques relevés sur ces images sont compatibles avec l’identification d’un loup Canis lupus».
Séverine Martin, de la DDT de l’Yonne, met en garde sur les conclusions hâtives : «d’après la photo, les experts n’arrivent pas à statuer s’il s’agit vraiment d’un loup. Il faut attendre les résultats des analyses pour en être certains et mettre en place les mesures nécessaires, si c’est bien un loup. A priori pour le moment, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, il s’agit de cas isolés».
Des attaques lourdes de conséquences
C’est au sein de l’EARL des Iles que les deux attaques de fin juin ont eu lieu. L’exploitation en polyculture-élevage compte 450 brebis romanes, en système pâturant sur 40 ha de prairies au total. Lors de la première nuit d’attaque, six brebis ont été saignées et un bélier a été tué et consommé au niveau de la poitrine. La seconde attaque a laissé trois brebis tuées. Quant aux cinq brebis blessées, «elles ne s’en remettrons pas…», s’attriste l’éleveuse Laurence Godin. «L’ONCFS pense que ça pourrait être un hybride… pour moi, c’est un loup. Les chiens errants, ça attaque aux pattes ! Et il n’y avait pas de sang séché autour des plaies à la gorge, comme si la bête avait tout léché». Pour l’éleveuse, les semaines qui ont suivi les attaques ont été difficiles. «Les troupeaux touchés étaient composés de jeunes brebis gestantes… Les survivantes sont stressées et apeurées, je ne sais pas ce que vont donner les agnelages en octobre. On rentre tout le monde chaque soir maintenant, ça fait mal au cœur, elles sont mieux dehors. Mais on a peur à chaque fois qu’on ouvre les volets, peur de découvrir de nouveaux cadavres». Laurence va être indemnisée pour la perte de ses bêtes, mais le stress engendré et les conséquences sur les agnelages à venir ne sont pas pris en compte. L’éleveuse subit également les réactions parfois blessantes «On parle de bien-être animal à tout va, les consommateurs veulent que les brebis pâturent, et moi aussi ! Mais dans ces conditions, il n’y a plus de bien-être animal… On nous dit qu’il faut bien que le loup mange… mais on est pas là pour nourrir le loup !»
Actuellement, aucune mesure particulière n’est à mettre en place dans les élevages de la zone concernée selon la DDT, ce qui n’empêche pas les éleveurs de rentrer leurs animaux chaque soir, d’autant plus que le loup serait aperçu régulièrement par les habitants. Tout animal suspect observé dans la zone, chien ou autre, doit d’ailleurs être signalé à l’ONCFS, pour faire avancer l’identification du responsable des attaques. Le 5 septembre prochain, le Préfet de l’Yonne, la Chambre d’agriculture et la Fédération Ovine se réuniront pour examiner la situation et évaluer les mesures à mettre en place. D’ici là le loup, s’il en est un, aura été démasqué par la science.