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Circuits courts

Localink : le circuit court sans contraintes

Localink développe depuis un an un nouveau mode de distribution de produits locaux en circuit court via internet. Gommer les contraintes des clients et des producteurs en « consommant responsable » : pari réussi pour la petite entreprise.
Par Orianne Mouton
Localink : le circuit court sans contraintes
Patrick Hanser et Élisabeth Grigne font le lien entre producteurs et consommateurs pour manger local et de saison sans contraintes.
Si acheter local ne coûte pas toujours plus cher, cela peut devenir un véritable parcours du combattant pour les consommateurs. Entre le nombre de kilomètres parcourus pour aller chez les producteurs, aux points de ventes ou de retraits et les contraintes horaires de la vie active : manger local, sain et de saison est compliqué et pas toujours écologique. À cela s’ajoutent les nombreux déplacements et contraintes de commercialisation « directe » des producteurs. C’est de ce constat personnel que sont partis Élisabeth, Patrick et Loïc en s’associant pour créer Localink en décembre 2017 : un vrai lien entre les producteurs locaux et les consommateurs qui limite les contraintes de chacun.

La logistique au cœur du métier
Le principe de Localink est relativement simple, mais impose une logistique de fer et une adaptation permanente, tant envers les clients qu’envers les producteurs. Près de 1 000 produits issus de 37 producteurs locaux et de fournisseurs bios, complétant l’offre, sont disponibles à la commande sur le site.
Le fonctionnement : les clients font leurs courses sur le site internet. Les commandes globales sont éditées et envoyées à chaque producteur qui prépare les produits pour que le fourgon les récupère pendant sa tournée de l’après-midi. Une fois ramenés à l’entrepôt d’Appoigny, ils sont répartis par commande dans des bacs consignés adaptés pour une bonne conservation de tous les produits. Le client peut ensuite récupérer sa commande à l’entrepôt, ou se faire livrer dans un rayon de 35 km autour de l’entrepôt (303 communes) : à domicile, sur son lieu de travail (50 % des livraisons) ou en point relais. Au vu du volume actuel, les livraisons sont concentrées sur la journée du vendredi. « Notre volonté finale est de lisser les livraisons sur toute la semaine pour pouvoir mutualiser complètement les tournées chez les producteurs et chez les clients, ainsi, on réduira les trajets au maximum » expliquent Patrick et Élisabeth.

« Consommer local et responsable »
L’entreprise livre 50 à 80 paniers de 60 € en moyenne par semaine, et la clientèle augmente de 20 à 25 % par mois. Le consommateur n’a plus à se déplacer, tout en étant sûr à 99,5 % de recevoir les produits commandés. Avec un fourgon motorisé au gaz naturel, la mutualisation des transports et l’absence de suremballage, Localink, les producteurs et les clients s’inscrivent une démarche écoresponsable. Côté producteurs, « chacun fixe son prix de vente, sachant qu’on prend une commission de 13 % pour couvrir les frais de déplacement. C’est un vrai partenariat, il n’y a pas de contrat, si l’un des deux veut arrêter il peut. On se limite juste à ne pas dépasser les 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires : on ne veut pas qu’ils dépendent uniquement de nous…» raconte Patrick.
Le tout se fait dans une coopération basée sur la communication, essentielle pour garantir la disponibilité des produits proposés sur le site et le bon déroulement des tournées. À ce jour, l’entreprise cherche de nouveaux producteurs pour élargir sa gamme de produits, « on essaie d’éviter la compétition entre les producteurs… On verra quand on aura plus de commandes ! »

Du côté des producteurs : un circuit court juste et pratique
Le Gaec Leclere vend des produits laitiers ainsi que de la viande de veau et de porcs avec Localink depuis sa création, et commercialisent également par d’autres biais : à la ferme, sur deux marchés, via une « ruche qui dit oui » et les locavor. Pour eux, l’avantage de Localink est indéniable « On ne se déplace pas, on met tout dans une caisse et ce sont eux qui répartissent les commandes dans leur entrepôt, quel gain de temps ! Il faut être sûr qu’on a la marchandise mais on s’adapte, si besoin on fait abattre un porc en plus, on relance un peu de yaourts s’il en manque. Ils sont à l’écoute, on travaille vraiment ensemble. Niveau commission, 13 % c’est largement raisonnable, comparé à certains circuits courts qui prennent 20 % alors qu’on fait bien plus de choses… Ça mérite d’être connu parce que c’est vraiment bien pour nous ! »
Même son de cloche au Moulin du Seignelay, artisan meunier boulanger transformant des céréales bios locales.
« Patrick est venu nous voir dès le début de Localink, ça nous plaisait bien comme concept. Aujourd’hui les commandes augmentent : on peut avoir deux ou trois pains par semaine, et des fois on en a 15 ! Ce n’est pas encore significatif pour nous mais si je pouvais, je ne passerais que par eux ! Je fais même mes courses chez Localink, je ne compte pas mes heures alors c’est vraiment très pratique, je ne vais plus en grande surface. C’est une démarche hyper juste, on aligne les prix, commission incluse, sur ceux des produits vendus au marché… Je peux me permettre de faire un prix revendeur parce que je fais moins de choses. En résumé, c’est le pratique, le bon et le prix au même endroit ! »