Crise agricole
Libérer la parole pour préparer l’avenir
Les trois rencontres sur le terrain que vient d’organiser la FDSEA de l’Yonne avaient pour but, outre d’expliquer les actions entreprises, d’échanger autour de débats participatifs pour que chacun s’exprime sur les pistes de solutions à mettre en place face à la crise sans précédent traversée par toute la sphère agricole
Des moissons catastrophiques, des éleveurs qui voient leur avenir s’assombrir chaque jour davantage, des arboriculteurs pénalisés par le manque de fruits, des vignes ravagées par le gel et la grêle… Toutes les filières sont touchées et il y a urgence aujourd’hui à trouver des solutions pour «sauver le soldat agricole icaunais» ! Les réunions terrain mises en place par la FDSEA de l’Yonne dans le Tonnerrois, l’Auxerrois et le Sénonais, après celle consacrée à l’élevage, dans l’Avallonnais, auront permis à chacun de s’exprimer : sur les solutions que l’on voudrait voir mises en place, mais aussi, parfois, pour crier sa détresse. Une libération de la parole à valeur catharsistique, pour aider à construire l’avenir. Présent lors de ces rencontres avec les adhérents, le président de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier a rappelé toute l’importance pour un exploitant, où qu’il se trouve et quelle que soit sa situation économique, à ne pas se replier sur lui-même : «il ne faut pas avoir honte de ce qui nous arrive aujourd’hui ! Expliquez-le autour de vous, nous ne sommes pas responsables de cette situation. On ne pouvait pas imaginer que l’on ferait une récolte réduite de moitié, avec des prix absents et des charges en hausse…» Appel est lancé à se montrer vigilent face au mal être d’amis, de voisins, trop souvent enclins à se replier sur soi pour masquer les difficultés.
Une collecte diminuée de moitié
Les bancs installés sous le hangar de l’EARL Fleury étaient pleins ce jeudi matin à Jully, dans le tonnerrois. Preuve s’il en était besoin, de l’inquiétude soulevée par le contexte agricole particulièrement difficile de ces dernières semaines. Une première estimation de la collecte 2016 pour la Ferme Yonne a été dressée par la Chambre d’agriculture et rappelée en début de réunion : une moyenne de rendement à 31 q/ha, que ce soit en plaine ou plateaux pour ce qui est du blé, avec un prix de vente de l’ordre de 130 €/t. En colza, disparité entre le secteur plateaux avec 17 q/ha et la plaine, où l’on atteint 29 q/ha. Déficit de qualité brassicole pour les orges d’hiver, avec une moyenne rendement à 50 q/ha et des prix à 120 €/t, mais à condition que la qualité soit au rendez-vous. Espoirs déçus également, pour ce qui est des orges de printemps, avec une moyenne de rendement de 40 q/ha. Quant aux pois d’hiver, on frise la «correction», avec une fourchette allant de 0 à 10 q/ha ! À priori meilleures, les variétés de printemps ne dépassent pas 20 q/ha. D’une manière générale, la moisson se traduit pour les OS par une collecte ne dépassant pas 50% du volume habituel : «un exemple parmi d’autres : à Capserval, là où d’ordinaire la coopérative faisait d’ordinaire 40 000 tonnes d’orges de brasserie, elle n’en espère pas plus de 9 000 aujourd’hui !» L’agriculture bio n’échappe pas à la sanction : «certains ont broyé et n’ont même pas récolté…» Au final, le manque à gagner au niveau départemental, a été estimé par l’UPVY entre 450 et 550 €/ha, voire 700 €/ha au niveau national, selon ORAMA. Le combat syndical contre la surprime aux 52 premiers ha est plus que jamais de mise, explique Francis letellier : «on dit stop, ça suffit ! Ce n’est pas le moment d’aller encore creuser un peu plus dans les exploitations, particulièrement celles situées en zone intermédiaire, comme ici, en faisant baisser les aides au 1er pilier…»
Les seuls en France à vendre à perte
Évoqué également, le sujet de l’assurance aléas climatiques, avec ces chiffres fournis par Groupama PVL : 48% de surfaces assurées pour une surface totale en grandes cultures de 318 606 ha. Rapport moindre en vigne, avec 19 % d’hectares assurés pour une surface de 7 660 ha. L’Yonne se situant en GC, à un niveau plus élevé qu’au national, où la moyenne ne dépasse pas 20%, «même si certains dans le département, comme ici sur les plateaux, ont préféré arrêter, du fait d’un rendement de référence trop bas suite aux aléas…» Il est vrai que le secteur a été particulièrement frappé par les intempéries, comme le rappelle cet exploitant du Tonnerrois : «gel en 2012, pluies à l’automne en 2013, germination en 2014, pas de prix en 2015 et cette année, touchés de plein fouet !» Cet autre, fraichement installé, en rirait presque : «c’est ma première année, on pourra difficilement faire plus mal… !» D’où l’importance à voir reconnu, comme le réclament beaucoup, «le statut de zone intermédiaire, avec, pourquoi pas, comme en filière bio, une aide au maintien de l’agriculture, pour ce type de région…» Mais il y aura aussi demain, des leviers à trouver en interne, pour faire baisser les coûts de production : «reprenons nous en main et travaillons sur les marges de manœuvre possibles. On a peut-être trop délégué dans le passé notre métier à d’autres et il est temps de se le réapproprier. Aujourd’hui, si l’on veut économiser 100 à 150 € de l’ha, il va falloir jouer sur tous les leviers…»
Prêts de trésorerie à 0%, gratuité en cas d’intervention de la Banque Publique d’Investissement, éligibilité de tous les prêts au principe d’année blanche, prise en charge des cotisations MSA pour l’année, arrêt des mises aux normes trop couteuses, une PAC adaptée… Les mesures de soutien annoncées ou réclamées, sont légion, mais seront-elles suffisantes pour passer le cap et surtout, seront-elles applicables rapidement ? Il y a urgence. C’est le constat dressé par tous, avec cette question aujourd’hui sans réponse : «pourquoi en France, sommes-nous les seuls à vendre à perte ? Le seul métier où on ne vend pas selon nos coûts de production, mais selon ce qu’on veut bien nous donner… !»
Une collecte diminuée de moitié
Les bancs installés sous le hangar de l’EARL Fleury étaient pleins ce jeudi matin à Jully, dans le tonnerrois. Preuve s’il en était besoin, de l’inquiétude soulevée par le contexte agricole particulièrement difficile de ces dernières semaines. Une première estimation de la collecte 2016 pour la Ferme Yonne a été dressée par la Chambre d’agriculture et rappelée en début de réunion : une moyenne de rendement à 31 q/ha, que ce soit en plaine ou plateaux pour ce qui est du blé, avec un prix de vente de l’ordre de 130 €/t. En colza, disparité entre le secteur plateaux avec 17 q/ha et la plaine, où l’on atteint 29 q/ha. Déficit de qualité brassicole pour les orges d’hiver, avec une moyenne rendement à 50 q/ha et des prix à 120 €/t, mais à condition que la qualité soit au rendez-vous. Espoirs déçus également, pour ce qui est des orges de printemps, avec une moyenne de rendement de 40 q/ha. Quant aux pois d’hiver, on frise la «correction», avec une fourchette allant de 0 à 10 q/ha ! À priori meilleures, les variétés de printemps ne dépassent pas 20 q/ha. D’une manière générale, la moisson se traduit pour les OS par une collecte ne dépassant pas 50% du volume habituel : «un exemple parmi d’autres : à Capserval, là où d’ordinaire la coopérative faisait d’ordinaire 40 000 tonnes d’orges de brasserie, elle n’en espère pas plus de 9 000 aujourd’hui !» L’agriculture bio n’échappe pas à la sanction : «certains ont broyé et n’ont même pas récolté…» Au final, le manque à gagner au niveau départemental, a été estimé par l’UPVY entre 450 et 550 €/ha, voire 700 €/ha au niveau national, selon ORAMA. Le combat syndical contre la surprime aux 52 premiers ha est plus que jamais de mise, explique Francis letellier : «on dit stop, ça suffit ! Ce n’est pas le moment d’aller encore creuser un peu plus dans les exploitations, particulièrement celles situées en zone intermédiaire, comme ici, en faisant baisser les aides au 1er pilier…»
Les seuls en France à vendre à perte
Évoqué également, le sujet de l’assurance aléas climatiques, avec ces chiffres fournis par Groupama PVL : 48% de surfaces assurées pour une surface totale en grandes cultures de 318 606 ha. Rapport moindre en vigne, avec 19 % d’hectares assurés pour une surface de 7 660 ha. L’Yonne se situant en GC, à un niveau plus élevé qu’au national, où la moyenne ne dépasse pas 20%, «même si certains dans le département, comme ici sur les plateaux, ont préféré arrêter, du fait d’un rendement de référence trop bas suite aux aléas…» Il est vrai que le secteur a été particulièrement frappé par les intempéries, comme le rappelle cet exploitant du Tonnerrois : «gel en 2012, pluies à l’automne en 2013, germination en 2014, pas de prix en 2015 et cette année, touchés de plein fouet !» Cet autre, fraichement installé, en rirait presque : «c’est ma première année, on pourra difficilement faire plus mal… !» D’où l’importance à voir reconnu, comme le réclament beaucoup, «le statut de zone intermédiaire, avec, pourquoi pas, comme en filière bio, une aide au maintien de l’agriculture, pour ce type de région…» Mais il y aura aussi demain, des leviers à trouver en interne, pour faire baisser les coûts de production : «reprenons nous en main et travaillons sur les marges de manœuvre possibles. On a peut-être trop délégué dans le passé notre métier à d’autres et il est temps de se le réapproprier. Aujourd’hui, si l’on veut économiser 100 à 150 € de l’ha, il va falloir jouer sur tous les leviers…»
Prêts de trésorerie à 0%, gratuité en cas d’intervention de la Banque Publique d’Investissement, éligibilité de tous les prêts au principe d’année blanche, prise en charge des cotisations MSA pour l’année, arrêt des mises aux normes trop couteuses, une PAC adaptée… Les mesures de soutien annoncées ou réclamées, sont légion, mais seront-elles suffisantes pour passer le cap et surtout, seront-elles applicables rapidement ? Il y a urgence. C’est le constat dressé par tous, avec cette question aujourd’hui sans réponse : «pourquoi en France, sommes-nous les seuls à vendre à perte ? Le seul métier où on ne vend pas selon nos coûts de production, mais selon ce qu’on veut bien nous donner… !»