Lettre ouverte au président de Région
Suite à la suppression annoncée des subventions régionales accordées aux groupements d'employeurs, la FRSEA et la FRGEAR (fédération régionale des groupements agricoles et ruraux) ont adressé une lettre au président du Conseil régional.
«Nous tenons à vous saisir du dossier des groupements d’employeurs en tant que fédération régionale des groupements agricoles et ruraux Bourgogne Franche-Comté (FRGEAR) et en tant qu’organisation représentative des employeurs de la production agricole (FRSEA).
L’emploi des salariés agricoles représente plus de 15 000 ETP (équivalent temps plein, ndlr) en Bourgogne Franche-Comté, avec une croissance importante du nombre de CDI (+ 38 % en dix ans). Les emplois agricoles représentent 4,1 % des emplois de la région. Dans de nombreuses petites communes rurales, les agriculteurs restent les premiers employeurs. À ce titre, ils méritent une attention particulière et jouent un rôle important pour l’attractivité de ces territoires, car ce sont des emplois locaux non-délocalisables.
Le secteur agricole a de nombreux métiers en tension, avec les grosses difficultés de recrutement rencontrées actuellement, en particulier pour les vendanges, les travaux hivernaux ou les récoltes.
Cette gestion de l’emploi peut devenir un facteur limitant pour de nombreuses petites entreprises réparties dans toutes les zones rurales de notre région.
Aussi, les groupements d’employeurs agricoles et ruraux jouent un rôle essentiel dans le développement économique et social de notre territoire. En mutualisant les besoins en main-d’œuvre des entreprises, ils offrent une réponse innovante, souple et sécurisée aux enjeux de l'emploi, notamment pour les entreprises agricoles ne disposant que d’un salarié. Ils favorisent également l'emploi durable, la montée en compétences des salariés, ainsi que l’attractivité du secteur en forte tension.
D’ailleurs, le bilan depuis 8 ans du développement des groupements est encourageant, avec au départ 248 500 heures en 2017 pour arriver à plus de 466 000 heures en 2024 soit plus de 300 ETP. À l’échelle régionale, nous avons réussi à atteindre nos objectifs de croissance.
Cependant, ces bons résultats restent fragiles et un arrêt brutal de la subvention (à la hussarde), sans anticipation possible pour les groupements, peut entraîner l’arrêt rapide de plusieurs d’entre eux. Une remise en question des échanges de pratiques entre groupements va couper net le travail de mutualisation engagé ces dernières années.
Les groupements d’employeurs agricoles et ruraux étaient soutenus à hauteur de 200 000 € pour 7 groupements présents sur tous les territoires. À l’heure des contraintes budgétaires, nous comprenons bien que l’exercice n’est pas facile pour les financeurs comme pour les bénéficiaires. À ce titre, nous regrettons que des crédits régionaux soient mobilisés, à la place des crédits européens qui malheureusement eux ont été dégagés et perdus pour la région. Parfois des optimisations budgétaires éviteraient de faire ce type de coupe franche sur des programmes dynamiques.
Le groupement d’employeurs est bien souvent le primo employeur dans de nombreuses exploitations agricoles. Ne pas tenir compte de ce rôle d’accompagnement serait une vraie perte pour de nombreuses exploitations. Il sécurise ses adhérents utilisateurs et les salariés embauchés par le groupement. Il conforte les exploitations familiales par un apport ponctuel de main-d’œuvre.
Le rôle des groupements d’employeurs est d’ailleurs reconnu par le fait que la FRGEAR soit identifiée comme partenaire associé, sur plusieurs fiches actions du Copa Bourgogne Franche-Comté.
Aussi, prendre une décision de cette nature n’est pas sans conséquence, l’apprendre par sms en est une autre…
Nous restons, bien entendu, à votre disposition pour échanger plus en détail sur les actions concrètes que nous menons, les résultats obtenus grâce au soutien régional, et les perspectives d’évolution de nos activités».
