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Élevage

Les vêlages d’automne sont lancés

Depuis plusieurs jours, les éleveurs ayant fait le choix des vêlages précoces sont sur le pont. Nous sommes allés à la rencontre d’un d’entre eux dans le Morvan.
Par Théophile Mercier­
Les vêlages d’automne sont lancés
Éric et Valérie Boucher en stabulation aux côtés de leurs jeunes veaux.
Le rendez-vous a été pris au Gaec de Fontaine Blanche à Moux-en-Morvan. Valérie, Éric et Laurent Boucher sont les trois associés de l’exploitation. «Nous avons une centaine de vaches à faire vêler. Des bêtes qui sont inscrites au Herd-Book Charolais. Nous avons toujours opté pour le vêlage précoce car ça s’intégrait bien dans notre système de production» nous dit Éric Boucher. L’exploitation réalise la totalité de ses inséminations de manière artificielles. «On insémine à partir du 25 janvier en bâtiment de telle manière à avoir toutes les bêtes sous la main au même moment. L’objectif est aussi d’avoir des veaux aptes à la saillie sur une période de deux mois. L’idée c’est de pouvoir inséminer toutes les vaches avant la mise au pré» précise Éric Boucher. Une période de vêlage qui est courte et qui s’étale de novembre à décembre. «Nous sélections les bêtes sur le critère de la fertilité car nous les mettons à la reproduction pendant trois ans». 135 bêtes sont mises ainsi à la reproduction pour un objectif de 100 vêlages. Le reste des vaches sont vendues pleines, entre 25 et 30 par an.

Un système contraignant
Réaliser des vêlages précoces n’est pas sans contrainte surtout pour des exploitations situées dans le Morvan. «L’hiver est long et plus rude que dans d’autres secteurs. Ce système demande un stock de fourrage important. Or après une période estivale comme nous celle que nous venons de subir, les stocks vont commencer à manquer. En ce qui nous concerne, nous avons commencé l’affouragement au mois d’août. De plus, réaliser des stocks de fourrages avec la multiplication des dégâts de sangliers devient difficile tant sur le plan de la quantité que sur la qualité. Pour le moment nous n’avons pas trop ressenti les conséquences de la sécheresse sur nos vêlages. Les premières vaches ont vêlé à 9 mois et 5 jours alors qu’habituellement c’est plutôt 9 mois et 15 jours. Les veaux seront un plus petit» détaille Éric. Calculette en main, l’éleveur nous donne le surcoût lié à la sécheresse. «On peut estimer à 20 000 euros le surcoût pour l’ensemble du troupeau». Il avance quelques solutions. «L’idéal serait de faire plus de stock et de mieux gérer l’herbe au printemps. À l’avenir il faudra sans doute trouver des espèces de fourrage plus résistantes».

­Le point de la Chambre d’Agriculture

À l’heure des premiers bilans des vêlages d’automne ce qui préoccupe les conseillers du service élevage c’est la quantité de fourrage disponible. «Ce qui est important c’est l’encombrement de la bête. Certains éleveurs vont devoir faire une complémentation plus élevée en concentré» précise Christophe Dagouneau, conseiller élevage à la Chambre d’Agriculture. «Pour bien valoriser des fourrages riches en cellulose, il est important d’apporter des aliments riches en azote. C’est nécessaire pour la lactation afin d’avoir un colostrum de bonne qualité. Ainsi en respectant ces principes, les éleveurs ont des animaux en bonne santé au moment du vêlage (bonne concentration, bonne délivrance et bonne vitalité du veau.) Avec la sécheresse, certains éleveurs ont distribué 1 tonne de matière sèche par UGB. Conséquences, nous risquons d’avoir des vaches maigres qui vont se retrouver invendables. Il faut de toute manière avoir en tête qu’on va passer un hiver très dur. Le service élevage est à la disposition des éleveurs qui souhaitent trouver des alternatives au manque de fourrage ou qui souhaitent des conseils pour mieux caler les rations» conclut Christophe Dagouneau.