Rencontre avec les parlementaires
Les responsables FDSEA/JA du Morvan cherchent des assurances
Samedi 14 mars au matin, dans la salle de réunion du lycée agricole du Morvan, à Château-Chinon, une vingtaine de représentants syndicaux FDSEA/JA des cantons du Morvan s’est entretenue, durant deux heures, avec Anne Emery-Dumas, sénatrice de la Nièvre, et Christian Paul, député, à propos des difficultés de l’agriculture du territoire.
Sollicités il y a plusieurs jours, les parlementaires du Morvan avaient déjà reporté le rendez-vous d’une semaine, peut-être par souci d’éviter un choc politique à quelques jours des élections. Finalement, c’est samedi dernier, qu’Anne Emery-Dumas et Christian Paul ont accepté de rencontrer les responsables syndicaux agricoles des différents cantons du Morvan. Loin d’un débat politique, les délégués ont préféré, durant deux heures, passer en revue la longue liste des inquiétudes grandissantes, des difficultés économiques et réglementaires qu’ils rencontrent dans leurs fermes... La teneur du rendez-vous est restée très technique et le ton s’est voulu, de part et d’autre, convivial et attentif. A la fin de la réunion, la sénatrice a réaffirmé que les agriculteurs pouvaient «croire en notre soutien, l’élevage demeurant un enjeu majeur pour la Nièvre, et particulièrement pour le Morvan, tant sur le plan de l’économie, de l’emploi que du territoire»... Un peu plus tôt, Christian Paul avait voulu se montrer le plus rassurant possible à l’égard de ses interlocuteurs, rappelant que les enveloppes budgétaires étaient maintenues dans le cadre de la Pac à l’horizon 2019 et qu’on en est à l’étude «des modalités d’application». «L’enveloppe est connue : elle était de 112 millions d’euros en 2013, elle sera de 114 millions en 2019» a-t-il assuré. La Politique agricole commune (Pac) a concentré toutes les attentions durant la première partie de l’entretien, Michel Loison, pour la FDSEA, et Clément Blandin, pour les JA, canalisant la majeure partie des questions et des interventions. Tous les responsables, tour à tour, ont insisté fortement auprès des parlementaires, pour dénoncer les «incohérences du ministère de l’Agriculture et l’absence d’éléments d’information sur les modalités de l’aide aux bovins allaitants (Aba, ex-PMTVA), de l’ICHN», dont il est prévu qu’elle soit revalorisée, sachant que la période des déclarations approche à grands pas et que les agriculteurs aimeraient bien savoir à quelle sauce ils vont être mangés.
Cas particuliers et recherche de garanties
Si la Pac monopolise les inquiétudes et les interrogations, les responsables syndicaux morvandiaux ont aussi fait part aux parlementaires de leurs situations collective et individuelles, ainsi que de celle de leurs adhérents. Outre les revenus en berne et les détails pratiques de certaines mesures qui ne sont pas encore connues, ils s’interrogent sur la bonne volonté des pouvoirs politiques à les soutenir. Et cherchent des assurances, des garanties, que l’agriculture soit prise en compte comme une priorité par les pouvoirs publics. Certaines voix se sont élevées pour rappeler aux deux élus qu’ils avaient voté la loi d’avenir agricole et qu’ils étaient donc redevables et responsables de leurs actes devant eux. Par la voix de Clément Blandin, les JA ont ainsi évoqué le problème tout particulier de l’installation, dont les récentes mesures en vigueur ou à venir, sont pour le moins en contradiction avec les engagements pris par le gouvernement ces derniers mois (lire Terres de Bourgogne n°1313). Le député de la circonscription a largement ouvert la porte aux jeunes, en leur répondant que sa permanence leur était ouverte pour étudier avec eux les points particuliers qui achoppent sur ce sujet sensible. Car, ce qui est ressorti de la réunion de samedi, au-delà de l’intervention des JA, c’est bien aussi l’examen par les délégués présents de situations particulières, passées au crible des spéculations en cours sur les prochaines décisions. Certes, les syndicats escomptent une approche globale de l’accompagnement à leur spécificité commune, dans le Morvan, mais ils n’en oublient pas pour autant de mettre sur la table les cas particuliers de chacun, comme autant de sources de mécontentement, affinées, par rapport à un cadre dont ils estiment qu’il ne les prend pas assez en compte. L’agriculture morvandelle, l’élevage allaitant, ici, n’ont rien à voir avec l’élevage laitier intensif ou l’élevage porcin bretons. Et les Morvandiaux s’estiment globalement incompris.
«Les exploitations vers la friche»...
Le doute qui plane encore sur les mesures à venir ont fait l’objet des interventions de deuxième partie de matinée, qu’il s’agisse des contraintes à venir sur les surfaces en herbe (prairies temporaires/ prairies permanentes), des critères d’accès à l’Indemnisation compensatoire de handicap naturel (ICHN), des obligations sur l’entretien des haies, la végétalisation, l’accessibilité aux prochaines MAE sur le territoire, le respect des zones de prairies sensibles «qui nous tombent dessus comme les zones vulnérables sans savoir d’où çà vient», ou encore l’aquataxe ou le défrichage des sapinières, vieux problème qui semble connaître de nouveaux rebondissements désagréables, selon Pierre Bobin. Michel Loison, concernant les MAE, a souligné qu’il adoptait un double langage : «économiquement, c’est intéressant, mais techniquement on emmène les exploitations vers la friche. Je ne peux pas accepter que l’on encourage la non-production, le non-développement de l’agriculture» a-t-il lancé avant que ne se conclut l’entretien. Tous ont eu le sentiment, vers midi, que, parlementaires ou représentants agricoles, le dialogue était bien passé. «Nous avions besoin de clarifier les choses» a admis le député, quand Michel Prévotat avait exprimé sa satisfaction d’avoir échangé : «Quand on vous invite à Château-Chinon, n’ayez pas peur ! Cela ne peut qu’être bénéfique pour vous» a-t-il dit. De son côté Christian Paul a réagi à l’argument de Michel Loison qui venait d’indiquer que «l’administration à Paris complexifie toujours les choses et qu’il y a des contrôles derrière çà». Le parlementaire a conclu que «avec Anne, nous allons digérer tout çà. Tout ce qui a été évoqué n’est pas de même nature. Dans la Nièvre, il n’y a pas 5 techniciens capables de répondre à tout ce qui a été dit. Mais nous somme conscients qu’en France, avec l’argent public qui va à l’agriculture, on a remis des couches supplémentaires depuis dix ans qui rendent les choses plus complexes pour le métier, de manière insupportable». Les choses ont le mérite d’avoir été dites...
Cas particuliers et recherche de garanties
Si la Pac monopolise les inquiétudes et les interrogations, les responsables syndicaux morvandiaux ont aussi fait part aux parlementaires de leurs situations collective et individuelles, ainsi que de celle de leurs adhérents. Outre les revenus en berne et les détails pratiques de certaines mesures qui ne sont pas encore connues, ils s’interrogent sur la bonne volonté des pouvoirs politiques à les soutenir. Et cherchent des assurances, des garanties, que l’agriculture soit prise en compte comme une priorité par les pouvoirs publics. Certaines voix se sont élevées pour rappeler aux deux élus qu’ils avaient voté la loi d’avenir agricole et qu’ils étaient donc redevables et responsables de leurs actes devant eux. Par la voix de Clément Blandin, les JA ont ainsi évoqué le problème tout particulier de l’installation, dont les récentes mesures en vigueur ou à venir, sont pour le moins en contradiction avec les engagements pris par le gouvernement ces derniers mois (lire Terres de Bourgogne n°1313). Le député de la circonscription a largement ouvert la porte aux jeunes, en leur répondant que sa permanence leur était ouverte pour étudier avec eux les points particuliers qui achoppent sur ce sujet sensible. Car, ce qui est ressorti de la réunion de samedi, au-delà de l’intervention des JA, c’est bien aussi l’examen par les délégués présents de situations particulières, passées au crible des spéculations en cours sur les prochaines décisions. Certes, les syndicats escomptent une approche globale de l’accompagnement à leur spécificité commune, dans le Morvan, mais ils n’en oublient pas pour autant de mettre sur la table les cas particuliers de chacun, comme autant de sources de mécontentement, affinées, par rapport à un cadre dont ils estiment qu’il ne les prend pas assez en compte. L’agriculture morvandelle, l’élevage allaitant, ici, n’ont rien à voir avec l’élevage laitier intensif ou l’élevage porcin bretons. Et les Morvandiaux s’estiment globalement incompris.
«Les exploitations vers la friche»...
Le doute qui plane encore sur les mesures à venir ont fait l’objet des interventions de deuxième partie de matinée, qu’il s’agisse des contraintes à venir sur les surfaces en herbe (prairies temporaires/ prairies permanentes), des critères d’accès à l’Indemnisation compensatoire de handicap naturel (ICHN), des obligations sur l’entretien des haies, la végétalisation, l’accessibilité aux prochaines MAE sur le territoire, le respect des zones de prairies sensibles «qui nous tombent dessus comme les zones vulnérables sans savoir d’où çà vient», ou encore l’aquataxe ou le défrichage des sapinières, vieux problème qui semble connaître de nouveaux rebondissements désagréables, selon Pierre Bobin. Michel Loison, concernant les MAE, a souligné qu’il adoptait un double langage : «économiquement, c’est intéressant, mais techniquement on emmène les exploitations vers la friche. Je ne peux pas accepter que l’on encourage la non-production, le non-développement de l’agriculture» a-t-il lancé avant que ne se conclut l’entretien. Tous ont eu le sentiment, vers midi, que, parlementaires ou représentants agricoles, le dialogue était bien passé. «Nous avions besoin de clarifier les choses» a admis le député, quand Michel Prévotat avait exprimé sa satisfaction d’avoir échangé : «Quand on vous invite à Château-Chinon, n’ayez pas peur ! Cela ne peut qu’être bénéfique pour vous» a-t-il dit. De son côté Christian Paul a réagi à l’argument de Michel Loison qui venait d’indiquer que «l’administration à Paris complexifie toujours les choses et qu’il y a des contrôles derrière çà». Le parlementaire a conclu que «avec Anne, nous allons digérer tout çà. Tout ce qui a été évoqué n’est pas de même nature. Dans la Nièvre, il n’y a pas 5 techniciens capables de répondre à tout ce qui a été dit. Mais nous somme conscients qu’en France, avec l’argent public qui va à l’agriculture, on a remis des couches supplémentaires depuis dix ans qui rendent les choses plus complexes pour le métier, de manière insupportable». Les choses ont le mérite d’avoir été dites...