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Moissons

Les plateaux, pas que du beau

La zone plateau est en pleine récolte. Les conséquences du gel sont bien réelles, malgré un printemps «réparateur» comme dans le reste de la Côte d'Or.
Par AURɉLIEN GENEST
Les plateaux, pas que du beau
Dans le canton de Saint-Seine-l'Abbaye, Fabien Cordier et Éric Fevret misent sur la récolte de blé et d'orges de printemps pour sauver la mise.
Enfin, on moissonne dans la partie nord-ouest du département. Les orges d'hiver, habituellement récoltées les premières, sont quasi-absentes du plateau cette année. [I]«Sur Francheville, il restait environ 40 des 800 hectares d'orges d'hiver»[i] signale Fabien Cordier, agriculteur de 39 ans qui en a ressemé 36 hectares, soit 100% de sa sole dédiée à cette culture. Son début de moissons est peu réjouissant : [I]«Sur les 20 hectares de colza moissonnés la semaine dernière, je ne fais que 20q/ha, au lieu de 30q/ha une année normale. Le salissement des parcelles est important»[i] signale l'agriculteur. Si les blés que devait commencer Fabien Cordier il y a quelques jours étaient plutôt prometteurs en rendements (estimation de 55-60q/ha, soit une bonne moyenne pour ses terres), des problèmes de poids spécifiques planaient autour de la récolte. L'agriculteur du hameau de Prairay ne semblait pas rassuré : [I]«si la pluie revient, les PS pourraient friser les 64-65 kg/hl»[i].
La bonne nouvelle vient des orges de printemps pour lesquelles Fabien Cordier vise un rendement de 55q/ha. [I]«Nous avons eu, fort heureusement, un bon printemps pour les orges. S'il avait fallu les faucher à 20-30q/ha, ça aurait été très difficile pour nous»[i] enchaîne le producteur. Celui-ci se livre à un rapide calcul : [I]«entre une orge d'hiver à 60q/ha et une orge de printemps à 30q/ha, pour un prix à 180 euros et sur une quarantaine d'hectares, ça aurait fait plus de 20 000 euros de pertes. Heureusement, ça ne devrait pas atteindre cette somme»[i]. Fabien Cordier, comme bien d'autres agriculteurs, n'avait pas souscrit à une assurance récoltes et avait déjà [I]«laissé de l'argent»[i] dans le ressemis en début d'année (41 de ses 155ha).
[INTER]Dates de semis décalées?[inter]
Pour à‰ric Fevret, délégué cantonal FDSEA de Saint-Seine-l'Abbaye, la situation n'est pas [I]«florissante»[i] sur les plateaux : [I]«Sans ces conséquences du gel, nous aurions pu refaire nos trésoreries d'exploitation. Elles en avaient bien besoin après le carton de l'an passé. Finalement, la situation reste compliquée. Pire, les récoltes sont tardives et décalent nos trésoreries. Heureusement que le printemps s'est déroulé ainsi : nous attendons des rendements à peu près corrects en blés et orges de printemps dans nos terres à faibles potentiels»[i].
Un autre problème va se poser avec ces moissons tardives : les agriculteurs ne disposeront que de très peu de temps pour préparer leurs terres à colza, eux qui sèment généralement entre le 20 et 25 août. «Il va y avoir beaucoup de travail à effectuer en très peu de temps, il va falloir aller vite» ajoute à‰ric Fevret. Pour le délégué cantonal FDSEA, [I]«les dates de semis seront vraisemblablement décalées pour ceux qui ont ressemé du blé de printemps. Les cultures sont encore vertes et les moissons devraient durer jusqu'au 25 août»[i].

Jacques de Loisy : «Une double peine pour les agriculteurs»

Le président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA de Côte d'Or livre son point de vue sur les moissons : «Les rendements de la plaine dijonnaise semblent être à la hauteur du potentiel agronomique des terres. En revanche, dès que l'on commence à franchir les premiers contreforts du plateau, ça devient un peu plus compliqué. Les rares orges d'hiver restantes donnent des rendements allants de 25 à 50q/ha et les colzas peuvent aller en-dessous de 20q/ha selon les conséquences du gel. Cela pose problème pour dégager une marge brute et un chiffre d'affaires intéressants. C'est d'autant plus ennuyeux que cette année, les prix sont à peu près au rendez-vous. C'est une double peine pour les agriculteurs du plateau : ils ne feront pas de gros rendements et ne pourront pas bénéficier de prix convenables tels qu'ils le sont actuellement».