Les métiers de l’agriculture sont toujours en tension
Peu d’agriculteurs se reconnaissent en tant qu’employeur ou manager. L’embauche de saisonniers agricoles est pourtant une expérience et un moment clé à ne pas négliger. Cette main-d’œuvre, vitale pour le bon fonctionnement de l’exploitation, nécessite ainsi d’être anticipée et bien préparée.

Selon l’Association nationale emploi-formation en agriculture (Anefa), 52 % des projets de recrutement dans l’agriculture ont été considérés comme difficiles par les employeurs l’année passée. Un constat largement corroboré par le nouvel arrêté gouvernemental fixant la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement. Peu importent les régions, les activités directement et indirectement liées à l’agriculture apparaissent bien souvent dans les trois premiers métiers en tension.
Ne pas négliger la rédaction de l’offre d’emploi
C’est dans ce contexte que l’Anefa Auvergne Rhône-Alpes (Aura) et la FRSEA Aura ont organisé une série de webinaires dédiée au recrutement. Selon Emma Martin, conseillère à l’antenne France Travail de Villefranche-sur-Saône (Rhône), la rédaction de l’offre d’emploi est une étape à ne pas négliger. « Il est primordial de donner le plus d’informations possibles, sans pour autant noyer le candidat », assure-t-elle. Les avantages, tels que la prise en charge du repas du midi ou la mise à disposition d’une salle de repas, d’un logement ou d’un espace réservé aux caravanes ou aux vans aménagés, sont également des éléments valorisants à mentionner. « L’annonce va refléter l’accueil et la considération que vous portez à vos futurs salariés », assure Nathalie Chuzeville, chargée de mission pour l’Anefa Aura. Mais l’embauche directe d’un salarié saisonnier n’est pas l’unique solution. De plus en plus d’employeurs font appel à la main-d’œuvre d’une entreprise prestataire. Dans ce cas de figure, Sophie Chermat, responsable du département de lutte contre le travail illégal pour la Dreets Aura (1), recommande d’établir une contractualisation. « L’objectif est de vérifier qu’on ait bien affaire à une vraie entreprise, mais également de négocier un tarif forfaitaire lié à la tâche et à l’importance des travaux à exécuter, et non pas lié au nombre de salariés, ni au nombre d’heures de travail effectué ». Autre élément à ne pas négliger : l’entreprise sous-traitante doit rester l’unique employeur du salarié. « Elle encadre, donne les instructions et s’occupe de la rémunération, en aucun cas l’exploitant ne doit devenir l’employeur… Si petit à petit, le traitement est similaire à celui d’un salarié de l’exploitation, le lien de subordination risque de glisser », met en garde Sophie Chermat.
Faire appel à une entreprise de prestations
Dans le cas d’un recours à une entreprise de prestations de travaux agricoles (ETA), les règles demeurent quasi identiques. Mais une nouvelle tendance semble se dessiner. « Dorénavant, de nombreuses entreprises existent deux ou trois années, le temps de réaliser un certain chiffre d’affaires, mais leurs prestations se limitent à la seule mise à disposition d’une main-d’œuvre étrangère, sans technicité propre, alerte Vanessa Raynaud, agente de contrôle à la Dreets. Le risque est alors une dilution des responsabilités, ainsi qu’une dégradation des conditions de travail ». Ces structures établissent un cadre similaire à celui des entreprises de travail temporaire (ETT), sans être pour autant soumises au même cadre légal. Les risques sont alors de couvrir certaines infractions, comme le prêt illicite de main-d’œuvre, le marchandage ou encore l’emploi d’étrangers sans titre. Afin d’éviter ces écueils, Vanessa Raynaud conseille de vérifier certaines obligations relatives à la structure sous-traitante. « Pour une prestation égale ou supérieure à 5 000 €, l’entreprise doit être immatriculée avec un extrait Kbis datant de moins de 3 mois et ses salariés ont l’obligation d’être déclarés auprès des organismes compétents, tels que l’Urssaf et la MSA, tous les six mois jusqu’à la fin de l’exécution du contrat ». Le recours à un saisonnier, qu’il soit en direct ou par le biais d’un prestataire, ne doit donc pas être pris à la légère. L’anticipation et la responsabilisation demeurent les maîtres-mots d’une collaboration réussie.

(1) Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités Auvergne Rhône-Alpes