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En assemblée générale régionale à Château-Chinon (58)

Les JA Bourgogne face au scénario Afterres 2050

Une fois n'est pas coutume. L'AG régionale de JA Bourgogne avait lieu, cette année, dans la Nièvre, au lycée agricole de Château-Chinon, le 30 avril dernier. Le thème choisi «Quelle utilisation des terres en 2050 en France?» jouait la "provoc" et Madeleine Charru, directrice de l'association Solagro, enfonçait quelques clous. Samuel Legrand, nouveau président régional des jeunes agriculteurs y voyait là l'occasion «d'élargir nos horizons et d'acquérir d'autres schémas argumentaires».
Par Emmanuel Coulombeix
Les JA Bourgogne face au scénario Afterres 2050
80 JA de Bourgogne se sont réunis à Château-Chinon pour un débat sur «l'utilisation des terres en 2050 en France».
[I]«On est jeune. Profitons-en pour réfléchir à l’avenir de notre agriculture et de nos forêts»[i] témoignait un jeune présent la semaine dernière au lycée agricole de Château-Chinon. Et Samuel Legrand, le nouveau président des JA Bourgogne d’enfoncer le clou: [I]«Certes, ce n’est pas ce que l’on souhaite entendre mais c’est bien que cela nous fasse réagir et débattre. Les précédentes générations de JA ont déjà changé les choses, pourquoi pas nous? Je ne suis pas OK avec tout ce que je viens d’entendre mais je sais déjà qu’il y a des choses que je ferai sur mon exploitation dans les trente ans à venir »[i]...
Sous les réactions pour le moins fraîches de certains d’entre eux, dont Jean-Pierre Condamine, le président de la FDSEA58 présent dans la salle, Madeleine Charru, la directrice de l’association Solagro, venait de présenter le scénario [I]«Afterres 2050»[i], un outil de réflexion sur l’avenir de l’agriculture au regard des perspectives démographiques, économiques et écologiques mondiales. Avec des préconisations, certes pas nouvelles, mais délicates à faire passer à un public de jeunes professionnels de l’agriculture.

[INTER]«Bon appétit !» et pas «Bonne chance !»[inter]
[I]«C’est un travail prospectif et non pas une feuille de route pour les 40 ans à venir»[i] s’est empressée de préciser l’intervenante qui fixait les enjeux: [I]«peut-on à la fois se nourrir, produire de la biomasse pour l’énergie et la construction tout en construisant une agriculture respectueuse de son environnement ?»[i] Le postulat de départ, c’est de [G]«maîtriser les consommations, s’appuyer sur les techniques connues, faire vivre une agriculture et des territoires ruraux dynamiques»[g]... Mais les efforts à consentir en désarçonnent plus d’un : [I]«diminuer les gaz à effet de serre quand on sait que l’agriculture, de la fourche à la fourchette, en est responsable à hauteur de 40%... Retrouver un équilibre nutritionnel, mis à mal par les crises de la vache folle, du poulet à la dioxine, des lasagnes au cheval, qui nous permettra de dire «bon appétit» et non pas «bonne chance»... Stopper l’artificialisation et la perte de 80000 ha par an... Diminuer la part de protéines animales au profit de protéines végétales dans l’alimentation... Nourrir neuf milliards d’humains en 2050 en réduisant les sucres courts dans les produits agroalimentaires de masse... Ramener l’indice de masse corporelle (IMC) à celui de l’an 2000, diviser par 2,5 les gaspillages entre la ferme et l’assiette (190 kg sur 900 kg/personne/an)... Remplacer le travail du sol (labours) par des facteurs biologiques (légumineuses et fumure organique) pour arriver à une «agriculture écologiquement intensive»[i]...
Vaste programme! Et il n’y a pas de mystère, si on réduit le rendement, [I]«comment assurer les besoins ?»[i] ou [I]«combien d’agriculteurs resteront encore en exercice dans un équilibre économique viable ?»[i] s’est-on demandé dans la salle. Les réponses sont moins évidentes que les pronostics. Solagro, qui compte 200 adhérents et 27 salariés depuis 30 ans, est soutenue par la Fondation Charles Léopold Mayer et gagne sa vie comme bureau d’études (méthanisation...). Solagro, donc, n’y répond pas encore. [I]«La 1ère étape consistait à fabriquer les outils de modélisation. La 2ème, qui est en cours, s’attachera à la territorialisation et l’évaluation socio-économique, la 3ème étape, de 2015 à 2017, se demandera «comment fait-on, quelles transitions engager en France et en Europe»[i]? a prévu Madeleine Charru. D’ici-là, d’autres débats syndicaux auront été engagés.