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Soirée FDSEA 58

Les impacts d’une «année calamiteuse»

Lundi 5 octobre au soir, au Foyer rural de Rouy, plus de 130 agriculteurs ont répondu à l’appel de la FDSEA 58 qui organisait une réunion d’information pour essayer d’y voir plus clair dans un contexte «calamiteux». FCO, sécheresse, trésoreries  : les sujets abordés par les chefs au grand complet ne manquaient pas  !
Par Emmanuel Coulombeix
Les impacts d’une «année calamiteuse»
Beaucoup de monde, lundi soir, au Foyer rural de Rouy, pour la soirée d’information de la FDSEA58.
2015 aura donc réuni tous les critères d’une triple calamité, économique, climatique et sanitaire. Entre des prix en berne, une sécheresse estivale intense et «pour couronner le tout», la fièvre catarrahle ovine, la FDSEA 58 a souhaité organiser une réunion d’informations sur les revendications qu’elle a portées et les enveloppes, aménagements et dérogations qu’elle a obtenues. Il s’agissait surtout, alors qu’un deuxième cas de FCO venait d’être révélé dans la Nièvre, de prendre la température du monde de l’élevage, par des échanges directs avec la salle. Plus de 130 éleveurs, «dont beaucoup de non adhérents», selon Stéphane Lafranchise, le directeur du syndicat, avaient fait le déplacement à Rouy, lundi soir. Signe qu’au-delà des résignations, il se trouve des professionnels qui engagent -ou continuent- un mouvement de résistance face aux adversités. Le ton a parfois été viril mais jamais le dialogue n’a dérapé. Chacun mesure désormais l’impérieuse nécessité d’avancer unis, dans la diversité des points de vue, vers des sorties de crise, préparées, négociées, et portées au plus haut niveau.

Le sens des zonages
La FCO a bien sûr constitué le plat de résistance, puisque le commerce, à la fois à l’export mais aussi vers les zones françaises encore sous statut indemne, est suspendu et que, dans la Nièvre, avec les deux cas récents mis à jour, les deux périmètres interdits et la zone de protection s’étendent progressivement. Après que le directeur de la FDSEA58 a rappelé le contexte, les implications, le cadre de la campagne vaccinale et les limitations de mouvements, c’est Eric Chapelle, juriste de la Fédération nationale bovine (FNB), venu spécialement de Paris, qui a pris la parole. «Ces zonages n’ont un sens qu’en début de maladie. S’il y a des foyers durant quelques semaines un peu partout en France continentale, les zonages n’auront plus le même intérêt. Il vaudrait mieux que nous ayons tous le même statut» a-t-il lancé. La FNB négocie très finement depuis le début de la crise pour que des accords bilatéraux soient mis en place avec les pays acheteurs de bovins français, afin de déroger au protocole communautaire en vigueur: sortie des animaux des zones de protection et de surveillance 60 jours après la vaccination. Eric Bertrand a indiqué qu’un de ces accords avait été trouvé avec l’Espagne qui accepte une sortie des animaux de ces zones 10 jours après le rappel. Sauf que l’Espagne est un petit marché pour les Nivernais. éric Chapelle a aussi indiqué que la FNB avait sollicité la DGAL pour la mise en place d’un dispositif visant
à sortir les broutards des zones de protection et de surveillance (200 000 têtes par an) vers les zones indemnes.

Questions/réponses
Plusieurs éleveurs dans la salle se sont interrogés sur les capacités d’exporter des broutards qui, après un mois, atteindront des poids non adaptés aux marchés vers lesquels ils sont destinées (Turquie, Algérie...). Ils se sont aussi interrogés sur le prix auquel il pourront les vendre, dans ce contexte, les opérateurs n’hésitant plus à vouloir sortir l’argument sanitaire pour le faire baisser. A tel point qu’Emmanuel Bernard, le président de la Section bovine et secrétaire général adjoint de la FNB, a dû faire une mise au point  : «il ne faut pas céder commercialement à la panique. Plus on se dévoilera, plus ils en profiteront. Il faut leur faire comprendre qu’ils doivent nous les acheter, qu’on cherche peut-être d’autres débouchés, pour tendre un peu la demande, même si ce n’est pas évident et pas gagné» a-t-il dit. Une autre voix s’est élevée pour demander  : «la FCO a 27 sérotypes. On vaccine des animaux sur lesquels la maladie n’a aucun effet. On va où ? Qui commande, les énarques?» «Il y a un dispositif, il faut passer par ce dispositif, même s’il faudra peut-être que les professionnels se mobilisent auprès de l’état pour aller faire évoluer les règles de l’OIE» a admis éric Chapelle. Côté accompagnement financier, Stéphane Aurousseau, le président de la FDSEA, a aussi clairement indiqué que «la question posée est celle de la perte de valeur et de la compensation par l’état». Enfin, éric Chapelle a présenté le fonctionnement du tout nouveau Fonds de mutualisation sanitaire et environnemental, sa section commune et sa section ruminants, dont il estime qu’il s’agit «d’un formidable levier et que nous accompagnerons les adhérents de la section ruminants». Pour finir la soirée, vers minuit, c’est Dominique Thibault et Jérôme Boulan, pour le Crédit Agricole, qui ont confirmé que l’année blanche, revendication syndicale de longue date, avait été entérinée entre les banques et l’état, même si les modalités techniques ne sont pas encore fixées par le gouvernement. Emmanuel Bernard a insisté sur le fait que toutes les annuités n’étaient peut-être pas bonnes à reporter, citant l’exemple des tracteurs plutôt que des bâtiments.