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Productions végétales

Les grandes cultures puis la vigne

Un agriculteur des Hautes Côtes de Beaune aborde ses différentes récoltes.
Par Aurélien Genest
Les grandes cultures puis la vigne
Lucien Rocault exploite 6,5 ha de vignes et 130 ha de grandes cultures à Baubigny.
Sans orges cette année, Lucien Rocault a débuté sa moisson seulement le week-end dernier dans ses différentes parcelles de blés. L’agriculteur de 35 ans s’attendait à un bilan « très moyen », de l’ordre de 40 q/ha, suite à d’importants problèmes d’insectes à l’automne, un tallage décevant au printemps et l’impact de la canicule en fin de cycle.

Le colza a été normalement fauché dans la foulée avec des incertitudes de taille liées à l’attaque de grosses altises.

La récolte de moutarde terminera la moisson 2019 sur le plateau séchant des Hautes Côtes, Lucien Rocault espère tirer un rendement entre 8 et 10 q/ha.

Les vendanges s’effectueront quelques semaines plus tard, entre le 10 et le 20 septembre, avec davantage de promesses dans des parcelles principalement composées de Hautes côtes de Beaune blancs et rouges : « La récolte s’annonce plutôt bien, nous avons de belles sorties de grappes, mais il faut qu’il pleuve, car le manque d’eau commence à se faire ressentir sur la roche. De plus en plus de feuilles sont en train de sécher. Heureusement, nous ne sommes pas au stade de nos collègues du sud de la France, dont les vignes ont littéralement grillé. Au cours de l’été 2018, deux orages nous avaient sauvés, avec une récolte d’un niveau inédit à la clé. Tout est encore possible pour un grand millésime ».

Cap sur la bio
Lucien Rocault a fait le choix de l’agriculture biologique dans ses vignes dès son installation en 2009. Le Côte-d’Orien a franchi le pas dans ses grandes cultures il y a seulement un an, en débutant la conversion de 50 premiers hectares : « ce passage a été plus long dans les champs, c’est vrai. L’agriculture conventionnelle en grandes cultures m’a apporté une certaine liberté et une souplesse dans mon travail dans les vignes. Cette nouvelle étape relevait pour moi du bon sens, j’ai pu me former techniquement ces dernières années ». La recherche de résilience « n’est pas simple sur notre plateau séchant », poursuit le producteur : « l’avenir de chaque exploitation doit se raisonner au cas par cas. Faire davantage de traitements de semences et réaliser des insecticides à l’automne ne me convenait pas. Depuis deux ans, je me suis orienté vers un système intégrant des productions fourragères. J’ai aujourd’hui de la luzerne, du trèfle et du sainfoin, en contrat avec des éleveurs locaux. Mon futur système grandes cultures, je le vois avec beaucoup de légumineuses et une céréale tous les quatre ou cinq ans. Le chanvre est également une piste intéressante malgré la récolte au même moment que les vendanges ».

Changement climatique

Des pistes pour s’adapter
Lucien Rocault est responsable du pôle « productions pérennes » de la Chambre d’agriculture depuis les dernières élections professionnelles. Le successeur de Frédéric Mazilly participe à chaque réunion mensuelle du bureau et travaille sur les grandes orientations à donner au vignoble côte-d’orien, ainsi qu’à la production de cassis. « Les discussions tournent bien souvent autour de l’adaptation au climat », fait remarquer Lucien Rocault, « une fois de plus, cette année, nous n’avons pas la moindre goutte d’eau, nous avons frôlé 40 degrés pendant une semaine entière. Des pistes existent pour limiter l’impact de ce changement climatique. À très court terme, il faut arrêter de sortir le pulvérisateur en pleine journée, qui est la meilleure façon d’avoir des grillures sur les feuilles. Il est aussi fortement déconseillé d’aller rogner les vignes en pleine chaleur ou à l’annonce d’une canicule, exposer le raisin au soleil de manière excessive n’est jamais très bon. À plus long terme, une adaptation du matériel végétal paraît nécessaire : il nous faut trouver des porte-greffes qui résistent au sec, trouver des sélections qui supportent mieux la chaleur. Peut-être faut-il également réfléchir aux densités de plantation ». Le responsable professionnel de la Chambre d’agriculture aborde ensuite le cassis, dont la récolte vient de s’effectuer : « je n’ai pas encore en ma possession les chiffres définitifs, mais les résultats ne semblent pas très bons, surtout dans les Hautes-Côtes. Le coup de sec a été sans pitié pour les fruits, ces derniers ont grillé et sont tombés en partie devant la machine. Le cassis est mis à rude épreuve ces derniers temps avec les aléas climatiques et la cochenille du mûrier. Une parade a bien été trouvée pour cet insecte, avec le rajeunissement des plantations, mais cette solution implique une baisse de rentabilité ».