Ovins
Les éleveurs dans la tourmente
Avec la crise du coronavirus et le confinement imposé par le gouvernement, la consommation d’agneaux pour les fêtes de Pâques a été moins importante. Coopératives et éleveurs ont dû s’adapter.

«Il a fallu s’adapter très vite». Séverine Breton, responsable de la filière ovine à Sicarev a accepté de revenir pour nous sur les semaines qui ont précédé Pâques et l’adaptation dont ont dû faire preuve les éleveurs. «Notre situation concerne aussi bien Sicarev que les autres structures car nous avons observé les mêmes phénomènes. Pâques étant en fin de semaine 15, nous avions demandé à nos adhérents d’être en mesure de proposer des agneaux dès la semaine 12. Mais avec le confinement tout s’est arrêté en raison d’un comportement d’achat qui s’est reporté sur d’autres produits que l’agneau, de la baisse de fréquentation dans les magasins et de la fermeture des rayons traditionnels. Conséquences : pour éviter la surproduction, les abattages ont été limités et certaines structures ont fait de la congélation» nous explique la technicienne. Elle ajoute : « en collectif, nous avions fait passer la consigne aux éleveurs de conserver leurs agnelles et de rationner un peu leurs animaux pour être sûr qu’ils soient encore en capacité d’être vendus. Nous avons également beaucoup communiqué dans les médias et auprès des préfets pour inciter les consommateurs à acheter de l’agneau français aux travers des marchés ou des drives qui se sont mis en place dans le pays. Je suis donc persuadé que l’on a jamais autant parlé d’agneaux cette année, ce qui est un comble ! Quoi qu’il en soit, par rapport à l’estimation de ce qu’aurait dû rapporter Pâques, les éleveurs ont perdu 1,50 euro du kilo de carcasse » conclut-elle.
Les éleveurs impactés par la crise
Matthieu Moreau, éleveur à Saint Parize le Châtel avec 360 brebis à l’agnelage qui sont réparties pour deux tiers en agneau de bergerie et un tiers en agneau d’herbe avec trois périodes d’agnelages dans l’année : octobre, 15 décembre-15 janvier et avril.
«Cette année, j’avais prévu 150 agneaux à l’engraissement au moment de Pâques. Ils sont ramassés en général 15 jours avant Pâques et un peu après les fêtes. Mais avec le confinement, les cours se sont effondrés et comme les autres éleveurs, j’ai perdu 1,50 euro du kilo de carcasse. Le problème du niveau de prix va se poursuivre car les premiers agneaux d’herbes vont arriver, donc nous allons avoir les mêmes difficultés à écouler nos stocks et la chute va continuer. En général, je n’ai jamais de problème pour valoriser mes agneaux car ils sont engagés dans le label «agneaux cœurs de France». Cette situation vient ralentir une année qui avait très bien débuté pour moi. Le souci, c’est que le prix a baissé pour nous mais pas sur les étals pour le consommateur ce qui ne favorise pas la consommation» explique t-il. Par ailleurs, il se dit opposé à la stratégie des coopératives qui consiste à repousser les animaux : «Ce n’est pas une solution car on ne va pas les rationner pendant six mois. Avec l’arrivée des agneaux d’herbe, le volume va mécaniquement augmenter. Tout ce que je vois, ce sont des frais en plus, de la marchandise qui va se déprécier et ça ne résout pas le problème. Un agneau qui est mis à l’auge si on le rationne c’est plus de travail, plus de consommation et c’est une bête moins bien finie. Alors on fait quoi de nos agneaux ?» s’interroge l’éleveur. L’autre stratégie pour lui serait de trier les femelles pour améliorer son renouvellement, encore faut-il avoir de la trésorerie. «Si vous gardez des agnelles, c’est de l’argent qui ne va pas entrer pour la catégorie des agneaux de boucherie. Lorsqu’on sait que ce type de bête est vendu 6 euros le kilo, ça fait quand même réfléchir. Mais vous savez aujourd’hui, le coronavirus n’est rien à côté de la sécheresse qui se profile». Jean-Marc Bertrand, gérant de l’EARL de la Folie à Sainte-Colombe-des-Bois craint pour sa part la reprise post-confinement. «J’ai eu de la chance de travailler en local avec des bouchers entre autres pour écouler mes stocks. Je n’ai donc pas trop à me plaindre pour le moment. Mais lorsque viendra l’heure du déconfinement, je ne suis pas sûr que les consommateurs auront la trésorerie et l’envie de venir acheter un gigot. Je suis persuadé que la crise va se poursuivre durant l’année» estime-t-il.
Les éleveurs impactés par la crise
Matthieu Moreau, éleveur à Saint Parize le Châtel avec 360 brebis à l’agnelage qui sont réparties pour deux tiers en agneau de bergerie et un tiers en agneau d’herbe avec trois périodes d’agnelages dans l’année : octobre, 15 décembre-15 janvier et avril.
«Cette année, j’avais prévu 150 agneaux à l’engraissement au moment de Pâques. Ils sont ramassés en général 15 jours avant Pâques et un peu après les fêtes. Mais avec le confinement, les cours se sont effondrés et comme les autres éleveurs, j’ai perdu 1,50 euro du kilo de carcasse. Le problème du niveau de prix va se poursuivre car les premiers agneaux d’herbes vont arriver, donc nous allons avoir les mêmes difficultés à écouler nos stocks et la chute va continuer. En général, je n’ai jamais de problème pour valoriser mes agneaux car ils sont engagés dans le label «agneaux cœurs de France». Cette situation vient ralentir une année qui avait très bien débuté pour moi. Le souci, c’est que le prix a baissé pour nous mais pas sur les étals pour le consommateur ce qui ne favorise pas la consommation» explique t-il. Par ailleurs, il se dit opposé à la stratégie des coopératives qui consiste à repousser les animaux : «Ce n’est pas une solution car on ne va pas les rationner pendant six mois. Avec l’arrivée des agneaux d’herbe, le volume va mécaniquement augmenter. Tout ce que je vois, ce sont des frais en plus, de la marchandise qui va se déprécier et ça ne résout pas le problème. Un agneau qui est mis à l’auge si on le rationne c’est plus de travail, plus de consommation et c’est une bête moins bien finie. Alors on fait quoi de nos agneaux ?» s’interroge l’éleveur. L’autre stratégie pour lui serait de trier les femelles pour améliorer son renouvellement, encore faut-il avoir de la trésorerie. «Si vous gardez des agnelles, c’est de l’argent qui ne va pas entrer pour la catégorie des agneaux de boucherie. Lorsqu’on sait que ce type de bête est vendu 6 euros le kilo, ça fait quand même réfléchir. Mais vous savez aujourd’hui, le coronavirus n’est rien à côté de la sécheresse qui se profile». Jean-Marc Bertrand, gérant de l’EARL de la Folie à Sainte-Colombe-des-Bois craint pour sa part la reprise post-confinement. «J’ai eu de la chance de travailler en local avec des bouchers entre autres pour écouler mes stocks. Je n’ai donc pas trop à me plaindre pour le moment. Mais lorsque viendra l’heure du déconfinement, je ne suis pas sûr que les consommateurs auront la trésorerie et l’envie de venir acheter un gigot. Je suis persuadé que la crise va se poursuivre durant l’année» estime-t-il.