Arboriculture
Les cerises de la colère
Colère, incompréhension… La profession arboricole est en émoi après la décision du ministre d’interdire l’utilisation du diméthoate sur les cerises. Témoignage avec Yves Lemoule, producteur à Coulanges la Vineuse.
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Sur les hauteurs de Coulanges, le damier jaune des champs de colza se conjugue aux parcelles enneigées des cerisiers en fleurs. Dans ce petit coin de l’Yonne dévolu depuis longtemps à une production qui a fait la renommée de tout le département, colère et incompréhension se mêlent, après que Stéphane le foll ait saisi la Commission européenne pour lui demander d’interdire le diméthoate et les cerises traitées avec cet insecticide. Yves Lemoule est l’un des derniers producteurs de la région, farouchement attaché à ce qui relève d’une tradition familiale : «mon père en a toujours fait en complémentarité de la vigne et j’ai continué. Je me rappelle qu’il disait il y a cinquante ans, que c’était grâce aux cerises qu’on avait pu acheter un tracteur ! En ai même replanté 6 ha à une époque où tout le monde arrachait. A l’époque, j’y croyais encore, aujourd’hui, beaucoup moins». La production annuelle avoisine les 30 tonnes, pour un marché réparti à parts égales entre les grossistes, la vente directe et la grande distribution. La météo favorable de ces dernières semaines a accéléré la floraison des demi tardives dans cette parcelle où sont implantés 300 arbres et les ruches installées à proximité bourdonnent du travail de leurs occupantes, la pollinisation bat son plein. Le diméthoate est bien connu par ici : «c’est un insecticide vieux comme Hérode, que mon père utilisait déjà il y a un demi-siècle. Sans doute c’est vrai, à des doses un peu excessives, les plans de traitement étant réalisés à l’époque par les vendeurs de produits. Inutile de dire que ça «sauçait» !» Rien de comparable aujourd’hui, insiste Yves Lemoule, avec des normes établies à 0,75 l maximum par ha : «une dose que l’on réussit même à diminuer de moitié en bas volumes, avec des pulvés bien réglés et en prenant soin de positionner le produit le soir, lorsque le vent est tombé».
Des filets protecteurs, mais à quel prix ?
L’incompréhension domine chez le producteur, qui s’interroge : «avant de l’interdire, il aurait fallu vérifier si on avait des alternatives, parce qu’avec la mouche, la récolte entière peut être «cramée» ! Utilisable à 14 jours avant récolte, une période passée par la suite et par mesure de sécurité à 21 jours, afin d’être certain qu’il n’y ait plus aucun résidu dans la cerises. Si zéro résidu et donc zéro danger, pourquoi le supprime t-on ?» D’autant, explique Yves Lemoule, que l’utilisation d’insecticides de substitution multipliera les traitements : «avant, un seul passage suffisait, suivi parfois d’un traitement d’appoint autorisé, avec un insecticide bio une semaine avant récolte, afin de supprimer tout risque de voir les vers envahir les cerises. Demain, si je suis amené à utiliser d’autres produits disponibles sur le marché, avec le droit de les utiliser chacun deux fois, je vais multiplier par trois les traitements». L’homme est de nature joviale et sait rire de tout, même si parfois l’humour est teinté de jaune : «vouloir arrêter l’importation de cerises de l’étranger, c’est du pipi de chat ! Il arrive des trains entiers de Turquie, vous croyez qu’il y aura un contrôleur derrière chaque !» La piste du filet de protection avait été envisagée à une époque, pour recouvrir les vergers, mais les devis ont freiné toute idée d’investissement supplémentaire : «je souhaitais surtout, recouvrir d’un filet anti pluie et anti mouches les plus jeunes vergers implantés à plat, mais le prix m’en a vite dissuadé : 35 000 € pour couvrir 1 seul ha, plus le coût des piquets et de la mise en place. Au total, il y en avait pour près de 200 000 €». Avec la question de savoir si le «jeu en vaut la chandelle ?» D’autant que les enfants viticulteurs eux aussi, ont déjà prévenu, ce sera sans eux !
Des filets protecteurs, mais à quel prix ?
L’incompréhension domine chez le producteur, qui s’interroge : «avant de l’interdire, il aurait fallu vérifier si on avait des alternatives, parce qu’avec la mouche, la récolte entière peut être «cramée» ! Utilisable à 14 jours avant récolte, une période passée par la suite et par mesure de sécurité à 21 jours, afin d’être certain qu’il n’y ait plus aucun résidu dans la cerises. Si zéro résidu et donc zéro danger, pourquoi le supprime t-on ?» D’autant, explique Yves Lemoule, que l’utilisation d’insecticides de substitution multipliera les traitements : «avant, un seul passage suffisait, suivi parfois d’un traitement d’appoint autorisé, avec un insecticide bio une semaine avant récolte, afin de supprimer tout risque de voir les vers envahir les cerises. Demain, si je suis amené à utiliser d’autres produits disponibles sur le marché, avec le droit de les utiliser chacun deux fois, je vais multiplier par trois les traitements». L’homme est de nature joviale et sait rire de tout, même si parfois l’humour est teinté de jaune : «vouloir arrêter l’importation de cerises de l’étranger, c’est du pipi de chat ! Il arrive des trains entiers de Turquie, vous croyez qu’il y aura un contrôleur derrière chaque !» La piste du filet de protection avait été envisagée à une époque, pour recouvrir les vergers, mais les devis ont freiné toute idée d’investissement supplémentaire : «je souhaitais surtout, recouvrir d’un filet anti pluie et anti mouches les plus jeunes vergers implantés à plat, mais le prix m’en a vite dissuadé : 35 000 € pour couvrir 1 seul ha, plus le coût des piquets et de la mise en place. Au total, il y en avait pour près de 200 000 €». Avec la question de savoir si le «jeu en vaut la chandelle ?» D’autant que les enfants viticulteurs eux aussi, ont déjà prévenu, ce sera sans eux !