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Joigny

Les bouchons de Joigny

Depuis 3 ans, la ville de Joigny vit, le temps d’une journée, dans le souvenir des bouchons qui rythmaient chaque été la traversée de la cité maillotine dans les années 60, avant la construction de l’autoroute du soleil.
Par Dominique Bernerd
Les bouchons de Joigny
«Papiers du véhicule s’il vous plait !»
C’était l’époque des «30 glorieuses». Un temps où la France entière se partageait le temps d’un été entre «juillettistes» et «aoûtiens», dans un chassé-croisé qui provoquait des bouchons automobiles aux quatre coins de l’hexagone. Nogent le Rotrou, Millau, Saint-André-de-Cubzac… Autant de noms évoqués à longueur d’antenne sur les radios estivales pour rappeler leur destin chronophage de «villes à bouchons»… Joigny faisait alors partie de ce club redouté de tous les automobilistes et ses plus anciens habitants se souviennent encore de ces processions de voitures et caravanes traversant le pont Saint-Nicolas, en route pour les vacances, direction le sud de la France. Le pays comptait alors à l’aube des années 60, moins d’une centaine de kilomètres d’autoroutes. Avec sa sœur jumelle la nationale 7, chère au poète, la RN6 fut pendant des années la voie de toutes les migrations estivales, traversant la Bourgogne sur toute sa longueur, pour aller se perdre aux portes de l’Italie. C’est à elle que la région doit quelques-uns de ses plus grands restaurants et Joigny n’échappe pas à la règle avec des étapes déjà très réputées à l’époque, comme le Paris-Nice, le Modern Hotel ou la Côte Saint-Jacques…
Depuis trois ans, l’association des «Vieilles Coquilles Icaunaises», en collaboration avec l’Office de tourisme de la ville, fait revivre cette époque révolue, le temps d’un dimanche de pré rentrée. Cette année encore, plus de 200 véhicules ont participé à la manifestation, tous nés dans les années 60 ou bien plus vieux pour certains… Nostalgie d’un temps où les GPS étaient en papier et où il fallait parfois près de 20 heures pour rejoindre la «grande bleue». Ancien garagiste installé avenue Gambetta à Joigny et président de l’association des «Vieilles Coquilles», Roger Fisseux se souvient : «il fallait parfois une heure pour traverser Joigny. Les pannes étaient nombreuses à l’époque et faisaient marcher l’économie locale. Les gens descendaient dans le midi mais étaient dans l’obligation de faire une halte dans l’Yonne car les voitures ne suivaient pas ! Surtout des joints de culasse et des bielles coulées, y’avait du potentiel ! (Rires)».
Une époque où les voitures «tapaient» une moyenne de 11 litres de carburant aux 100 kms et où l’on ne comptait alors qu’à peine plus de 13 millions de véhicules à travers tout le pays. On pouvait même circuler dans Paris, c’est dire…! Mais une époque aussi, où la ceinture de sécurité n’existait pas, où les routes n’étaient pas sécurisées et où la vitesse n’était pas réglementée. Avec un prix à payer particulièrement lourd, comme en cette année 1966, où 12 158 personnes perdirent la vie sur les routes de France…
Dominique Bernerd