Les assemblées générales cantonales se multiplient

Lieu d’échanges et de rencontres, les assemblées cantonales organisées par la FDSEA de l’Yonne se déroulent actuellement aux quatre coins du département. Avec à chaque fois, l’occasion de revenir sur les moments forts de l’année syndicale écoulée et les grands sujets d’actualité, au premier rang desquels bien sûr la réforme de la Pac et ses conséquences. Eleveurs allaitants, céréaliers, arboriculteurs, anciens exploitants…, ils étaient une vingtaine à Jussy, le 15 décembre dernier, à participer à la réunion, en présence des présidents cantonaux, Alain Duruz et Pierre Allard, du secrétaire général de la FDSEA 89, Frédéric Blin, ainsi que de Marianne Ranque, animatrice productions animales.
Retraçant en détail les activités syndicales de l’année, Frédéric Blin est revenu sur la manifestation du 5 novembre dernier à Dijon, en réponse à une réglementation jugée trop excessive : «nous étions plus de 200 agriculteurs de l’Yonne et quand ça bouge si massivement dans le département, c’est bien la preuve et le signe que ça va mal !» Evoqués également, les points positifs obtenus en 2014, suite à l’action syndicale menée : «nous avons réussi notamment, en ce qui concerne les contrôles sur les exploitations, que les contrôleurs changent un peu d’attitude et n’effectuent plus de visite surprise…» Concernant ces contrôles, le président du canton de Vermenton, Pierre Allard, rajoute ce conseil : «n’hésitez pas à nous alerter au niveau local si vous êtes amené à vous faire contrôler, de manière que l’on puisse vous accompagner et dans la mesure du possible, de recadrer les choses de temps en temps, car les contrôleurs ont parfois un peu tendance à être en dehors de la réalité. Les contraintes administratives aujourd’hui sont telles, que seul, on ne peut pas toujours tout savoir…» Si nécessaire, Marianne Ranque se dit prête à se rendre en amont sur les exploitations, afin de consulter les documents présents et apprendre aux exploitants à anticiper les questions des contrôleurs.

Un contrôle pédagogique en 2015
Pour l’heure, pas d’arrêté préfectoral concernant les 18 nouveaux Bassins d’alimentation de captage (Bac) pressentis sur le département, souligne Frédéric Blin : «en la matière, sur la zone du Bac de Brienon/Champlost, un dialogue constructif est mené entre l’administration et les producteurs et on va essayer, partant de cet exemple, de le transformer en zone expérimentale et l’étendre à l’échelle départementale…» Plusieurs formations sont planifiées pour 2015 : la nouvelle Pac, les futures MAE, une formation éleveurs/dégâts de gibier avec délivrance d’une attestation de piégeur pour ceux qui voudraient limiter le nombre de ravageurs, une formation sur entretien des cours d’eau, en partenariat avec la DDT, l’Agence de l’Eau et l’Onema : «trop souvent, comme on ne sait pas ce qu’on a le droit de faire, on ne fait rien…» Cette formation pourrait être élargie aux élus. En projet également, une enquête auprès des GMS et boucheries afin d’identifier pourquoi ils ne s’approvisionnent pas auprès de réseaux locaux, alors que producteurs et abattoir sont présents dans la région. Au 1er semestre 2015 devrait également se tenir un contrôle pédagogique sur exploitation, réclamé depuis deux ans par la profession, en lien avec la DDT et les autres organismes de contrôle. Le nouveau préfet de l’Yonne, Jean-Christophe Moraud, s’est dit favorable à cette action.

La Pac face à d’autres exemples de politiques agricoles
A l’ordre du jour également, de cette réunion, un comparatif des politiques de soutiens agricoles, entre la Pac, le Farm Bill Américain et l’exemple du protectionnisme suisse. Les échanges entre les participants sur le sujet de la future Pac ont été nombreux et un débat sur les nouvelles MAE s’est très vite engagé, suite aux menaces pesant sur le non paiement en 2015 des actions déjà engagées : «s’ils n’ont plus de fonds disponibles, moi je n’ai plus de parole ! Ils s’étaient engagés à nous prévenir au plus tard le 1er janvier 2015, on perd des quintaux depuis 5 ans, il y a des limites à ne pas dépasse !» D’autant que, comme le fait remarquer un exploitant céréalier du Vermentonnais, «nos MAE sont aujourd’hui déjà programmées, nombre de cultures, commandes d’engrais, nombre de phytos, tout est fait ! Et si nous devons recommander des engrais, c’est maintenant. Après, il sera trop tard…» Présentant en quelques chiffres de l’agriculture américaine, Marianne Ranque a évoqué la politique libérale menée en la matière par les Etats-Unis : «la politique interventionniste menée jusqu’en 1981 a aujourd’hui disparu et le Farm Bill a vu disparaître toutes ses aides directes, 80% du budget étant consacré aux SNAPS. Un soutien alimentaire pour les 46 millions d’américains les plus pauvres, sous forme de bons, sans équivalent en Europe, l’Etat achetant les matières premières à un prix de soutien…» En comparaison, le système suisse peut faire rêver certains, avec une sécurisation du revenu agricole et des aides à l’ha sans commune mesure, mais le revers de la médaille existe : «un prix du foncier très cher, des aides à la biodiversité très complexes et un système soumis à une très forte réglementation et un encadrement exigeant…»