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Génétique porcine

Le top de la race Large White

Denis Bailliet et Pascal Cornu, éleveurs porcins, se sont tournés vers la sélection génétique en race Large White. Gestion sanitaire stricte, technicité poussée et suivi individuel des animaux : un autre visage de l’élevage porcin.
Par Orianne Mouton
Le top de la race Large White
Denis Bailliet dans la maternité.
L’exploitation familiale située à Sépeaux-Saint-Romain a bien évolué depuis les années soixante. Aujourd’hui, parmi les quatre associés, Hervé et Stéphane travaillent les 340 ha de cultures et Denis et Pascal s’occupent de l’élevage porcin. D’abord engraisseurs, puis naisseurs - engraisseurs, ils ont commencé à mettre un doigt dans la génétique en devenant multiplicateurs, c’est-à-dire, en croisant les races Large White et Landrace français pour fournir les truies reproductrices aux éleveurs de porcs charcutiers. En 2012, les mises aux normes du bien-être animal ont poussé la structure à réaliser de nombreux aménagements. «On a également décidé de faire un repeuplement pour repartir sur une base sanitaire saine, et pousser la gestion sanitaire. On a remarqué que moins il y avait de germes, plus les performances étaient bonnes» explique Denis Bailliet. À ce moment-là, la société Axiom, groupement d’organismes de sélection génétique porcine, leur propose de devenir sélectionneurs de la race Large White.

«Un suivi poussé des animaux»
«Ça nous a paru intéressant, c’est l’occasion de faire un nouveau métier au sein de notre métier. On peut continuer à produire des porcs avec des variations» raconte Pascal. «Et puis il y a beaucoup de gestion informatique, j’aime bien ça. On est toujours en train de recueillir des données, il y a un suivi poussé des animaux» ajoute Denis. Les aménagements du bâtiment ont été réalisés en conséquence pour favoriser une manipulation simple des animaux, un enregistrement des données individuelles, une alimentation automatisée et une gestion sanitaire impartiale : air filtré, douche obligatoire. «Les animaux en race pure sont plus fragiles. En plus avec un microbisme neutre comme le nôtre, les cochettes qui arrivent dans leur nouvel élevage s’adaptent plus facilement que si deux microbismes devaient d’abord se confronter. L’équilibre se fait plus rapidement pour l’animal».

Sélectionner la meilleure génétique : une organisation nationale
Dès la reproduction, la sélection commence. Denis réalise un plan d’accouplement entre ses cochettes ou truies et des verrats de centres d’insémination. Il choisit le meilleur accouplement grâce au programme informatique tenu par l’Ifip (institut français du porc), utilisant la méthodologie de calcul Blup, un modèle pour le calcul des valeurs génétiques. L’Ifip regroupe les données génétiques de chaque animal du programme de sélection et récupère régulièrement les données des élevages pour mettre à jour les indices génétiques des animaux.
L’objectif est d’avoir la descendance avec la meilleure valeur génétique globale sans diminuer les autres caractères. Dans la race Large White, la prolificité est le critère d’amélioration le plus important, suivi par la croissance, la qualité de carcasse et la qualité de la portée.

Suivi et tri, la clé de la sélection génétique
Dès la naissance, les porcelets sont pesés individuellement puis identifiés. À 140 jours, ils sont pesés une nouvelle fois et triés : poids, morphologie, nombre de tétines (qui doit être supérieur à 16) et échographie permettant de mesurer l’épaisseur de gras et de muscle. Parmi ceux répondant aux critères, les 15 meilleures cochettes sont élues au regard de leur potentiel génétique. Un test génomique est réalisé, permettant de sélectionner les 9 meilleures pour le renouvellement du troupeau, afin de garantir une amélioration génétique constante. «C’est assez récent la génomique, mais ça permet un gain de temps d’un an ! Ça nous permet aussi de voir directement le potentiel d’une cochette» explique Pascal.

La génétique française prisée à l’international
Les animaux ne respectant pas les critères de sélection sont engraissés et vendus en tant que porcs charcutiers. Quant aux mâles à fort potentiel génétique, ils sont envoyés par Axiom aux centres d’inséminations. Les 230 truies conduites en sept bandes produisent 850 animaux reproducteurs, dont les cochettes qui partent entre 35 et 50 kg pour être commercialisées par Axiom, principalement à l’international. Celles issues de l’élevage partent en Chine, aux Philippines, au Vietnam, dans les pays de l’Est ou encore dans les Dom-Tom. D’ailleurs, l’élevage comprend un showroom, où les acheteurs peuvent voir les animaux avant de les acheter sans entrer dans l’élevage. «Les chinois viennent toujours voir les animaux avant de les acheter. Certains choisissent leurs animaux de visu puis regardent la VG» raconte Denis.
Niveau rémunération, les éleveurs, restent mitigés : «c’est difficile pour tout le monde… On a fait de gros investissements de mise aux normes et d’aménagement pour faire la sélection, mais le prix de vente des animaux reproducteurs est tributaire du cours des porcs charcutiers. En 2017 les cours étaient corrects mais l’an dernier, il y a eu moins 13 % sur les cours…» Malgré cela, les producteurs sont très satisfaits de leur modèle d’élevage, le seul sélectionneur en race pure du département : «C’est très intéressant, on a mis du temps à bien régler toutes nos nouvelles installations automatisées et à s’adapter à la race pure, au caractère plus hétérogène et vif ! Mais il faut s’adapter sans cesse pour avoir le meilleur de la génétique et c’est vraiment passionnant !»

Repères

Les élevages de porcs charcutiers utilisent généralement des truies hyperprolifiques issues du croisement des races Large White et Landrace français avec des verrats Piétrain ou Duroc, apportant la qualité de viande et d’engraissement. Parfois, la race chinoise Tai Zumu est introduite dans la lignée des cochettes reproductrices.