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Sécheresse

« Le terrain n’est plus écouté »

La FDSEA et les JA viennent d’organiser deux visites d’élevages en présence de l’administration.
Par Ma signature
« Le terrain n’est plus écouté »
Jeudi 8 août, une cinquantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la FDSEA et des JA de Côte-d’Or pour évaluer les conséquences de la canicule et envisager des mesures de soutien. Deux visites terrain étaient ainsi proposées à l’EARL Lachot (Villy-en-Auxois) et chez Philippe Poillot (Dompierre-en-Morvan), avec la participation de représentants de la DDT et de la préfecture. « Les années se suivent et se ressemblent », déplore Fabrice Faivre, président de la FDSEA, « il y a un an, pratiquement jour pour jour, nous organisions déjà une visite sur le thème de la sécheresse. Le phénomène s’est aujourd’hui amplifié sur différents secteurs, notamment le Morvan ». En faisant allusion à la dérogation de fauche des jachères obtenue « bien trop tardivement », Fabrice Faivre pointe clairement du doigt le manque de réactivité du Ministère et de l’État : « il devient très compliqué d’obtenir quelque chose avec eux. Je pense sincèrement que le travail est fait à l’échelle du département. À l’étage supérieur, ça rame sérieusement, le manque d’anticipation est énorme, notre situation n’est pas prise en compte ». Antoine Carré, président des JA, rappelle avoir formulé une demande de dérogation dès le mois de mars, lors de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs. « Récolter des jachères aujourd’hui n’a plus de sens, la valeur alimentaire ne vaut plus rien. Une dérogation ne coûtait pourtant rien à l’État, le but était de reconstituer des stocks. L’administration n’entend plus la base, c’est regrettable. Ceta, Mercosur, jachères et j’en passe, nous ne sommes plus écoutés du tout. Je préviens aujourd’hui qu’il va se passer quelque chose à la rentrée, nous ne pouvons pas faire autrement ». Les discussions de la semaine dernière ont également porté sur les calamités agricoles, malheureusement réservées à un certain type d’exploitation. « Une vache, qu’elle soit dans un élevage spécialisé ou non, a toujours les mêmes besoins alimentaires. Pourquoi ne pas mettre tous les élevages dans le dispositif », s’interrogeait-on durant ces rendez-vous.
Vincent Lavier pour la Chambre d’agriculture, Jean-Michel Gros pour le Crédit Agricole, Brigitte Fleury et Gérald Grignet pour Groupama participaient notamment à cette rencontre.AG

Lourdes factures

- Jean-Louis Lachot, de Villy-en-Auxois, estime les surcoûts de la sécheresse à 20 000 euros minimum pour son exploitation laitière, avec notamment l’achat de 100 tonnes de paille supplémentaires (5 000 euros) et le remplacement de son maïs par 180 tonnes de pulpe surpressée (9 000 euros). L’affouragement a débuté dès le 15 juin, l’approvisionnement en eau a commencé dix jours plus tard, pour un volume journalier de 9 m3. Les prairies temporaires enregistrent une baisse de 50 % de rendement. Une seule coupe, à -20 %, a été effectuée dans les prairies permanentes. Les critères de spécialisation n’ont pas permis à l’EARL Lachot de toucher le moindre centime l’an passé dans le dossier des calamités agricoles Le prix de l’eau, récemment multiplié par quatre, inquiète l’exploitant agricole, qui déplore un déficit de pluviométrie inédit : « Le problème a commencé non pas en mai dernier mais en 2018. Les 250 mm que nous n’avons pas eus cet hiver nous impactent énormément ».

- Philippe Poillot, à Dompierre-en-Morvan, n’a réalisé qu’une seule coupe dans ses prairies temporaires (rendement en baisse de 25 %) et dans ses prairies permanentes (-40 %). L’affouragement et l’approvisionnement en eau de ses vaches allaitantes ont débuté le 15 juillet. Le manque de fourrages pour l’hiver s’établit à 230 bottes de foins et 100 bottes d’enrubanné. La facture de la sécheresse est estimée à près de 15 000 euros, répartis comme suit : 5 500 euros pour l’achat de 55 tonnes de paille, 2 000 euros pour l’achat de mélasse, 1 800 euros pour 11,25 tonnes de céréales, 3 200 euros pour 10 tonnes d’aliments pour veaux et 2 250 euros pour 15 tonnes de foin.