Accès au contenu
APPV21

Le taux de protéines dans le viseur

L’Association pour la promotion des productions végétales de Côte d’Or présentait la restitution de son étude BOP vendredi dernier à Dijon.
Par Aurélien Genest
Le taux de protéines dans le viseur
Les intervenants du 7 novembre à la foire gastronomique.
0,12 points/an : telle est la baisse de la teneur en protéines des blés enregistrée depuis 2004 en Bourgogne. Cette diminution, qui inquiète fortement la profession, a fait l’objet d’une étude de l’APPV21, dans le cadre du projet «Blé, objectif protéines» (Bop). En Côte d’Or, une tonne de blé sur deux est destinée à l’exportation, les critères commerciaux sont stricts et toujours plus nombreux. Pour Laurent Vittoz, directeur général adjoint de Cérévia, la baisse du taux de protéines représente un véritable danger : «La France était autrefois le pays de référence en terme de blés meuniers. Elle s’efface petit à petit devant la concurrence mondiale. Les pays de l’Est, notamment, proposent des taux bien supérieurs. Si l’on reste sur de tels niveaux, cela va se ressentir sur la valorisation du blé et je crains fort que les acheteurs se tournent définitivement vers d’autres pays». Philippe Nicot, directeur de Nicot Meunerie, fait part lui aussi de ses inquiétudes : «Cette baisse n’est pas sans conséquences sur le marché français : une évolution technologique des pratiques en boulangerie nécessite des taux supérieurs à ce qu’il se faisait il y a une quinzaine d’années». Le pétrissage, la fermentation et autres opérations de la panification débutent désormais la veille et non plus le jour même vers une heure du matin. Un taux de protéines minimal est requis pour que la pâte «tienne le coup» durant la nuit. En clair, les débouchés les plus rémunérateurs ne seront plus accessibles pour les blés de la région si la situation n’évolue pas.

Fertilisation azotée et variétés
La réunion de l’APPV21 du vendredi 7 novembre a mis en avant plusieurs pratiques culturales pouvant servir de leviers. Pour remonter cette teneur en protéines, Claire Cros (APPV21) et Luc Pelcé (Arvalis) se sont attardés sur la fertilisation azotée et le choix des variétés : «La date des apports et la forme d’azote ont leur importance» commente Claire Cros, «des éléments sont à rappeler, nous avons observé que l’apport montaison était effectué avant 2 nœuds sur plus d’un tiers des parcelles. Le dernier apport ne doit pas avoir lieu avant ce stade pour ne pas pénaliser le rendement, le meilleur compromis avec la teneur en protéines se situant à dernière feuille pointante ou étalée. Autre point à ne pas négliger: il faut chercher la pluie au moment de l’apport, quinze millimètres d’eau dans les deux semaines qui suivent l’apport est idéal. Sur l’apport tallage, beaucoup d’agriculteurs apportent systématiquement 50 unités : dans les sols profonds, nous préconisons un report de la dose qui n’est pas utile. Pour les sols superficiels, cette dose peut facilement passer à 40 unités, c’est largement suffisant». Le choix de la variété est également un critère de taille. «Chaque variété doit d’abord être choisie selon ses performances, ses caractéristiques commerciales et l’historique de la parcelle. Mais il existe des variétés à rendements équivalents avec des taux de protéines bien supérieurs» ajoute Claire Cros. D’autres leviers ont été présentés lors de ce rendez-vous (précédents culturaux, type de travail du sol, date de semis, gestion des pailles). Tous les résultats sont à consulter sur le site internet projetbop.wordpress.com.

La profession unie
Plusieurs représentants de la profession agricole sont intervenus lors de cette réunion. Fabrice Genin, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, a insisté sur l’intérêt de former les agriculteurs et de vulgariser certaines pratiques. Gérard Million, directeur d’Artémis, a présenté différents programmes de recherche et plébiscité Farmstar, outil d’aide à la décision très utile pour lutter contre l’hétérogénéité des parcelles. Un responsable de l’Agence de l’eau a rappelé la mauvaise qualité des eaux en France et s’est dit prêt à «avancer» avec la profession agricole, en tenant compte de ses objectifs. Jacques De Loisy, président de la commission production végétales de la FDSEA 21 et Didier Lenoir, président de l’APPV21, ont souligné l’enjeu majeur de cette étude et évoqué la création d’un groupe de conseil technique, certainement appelé Ferti’blé, qui fera perdurer ces réflexions devant déboucher sur des améliorations. Les échanges qui ont vu le jour dans le cadre du projet entre les acteurs de la production, de la filière et du territoire doit également être entretenu, «Il en ira de la pérennisation de nos débouchés et de notre crédibilité vis-à-vis de la société. Le dialogue instauré doit perdurer, cette mission doit se poursuivre».