Le tandem gagnant élevage-qualité des eaux
En permettant la concrétisation de solutions d'abreuvement de bovins dans l'ouest de la Côte-d'Or, l'Établissement public d'aménagement et de gestion de l'eau (Épage) Armançon prouve que soutenir l'élevage est compatible avec la préservation et la restauration de milieux naturels.
Le 4 octobre, à Montigny-Montfort, petite commune côte-d'orienne située près de Montbard, une visite était organisée dans une prairie. L'Établissement public d'aménagement et de gestion de l'eau (Épage) Armançon avait décidé de montrer le résultat concret d'un appel à projet qu'il avait lui-même lancé en 2020, dans le double but de restaurer et de préserver un milieu naturel (sa fonction première) mais aussi d'apporter aux éleveurs des solutions d'abreuvement pour leurs bêtes. Un tandem de préoccupations pas si courant mais qui pourrait faire école. À l’origine, c'est la commune de Montigny-Montfort qui avait sollicité l'Épage, étant confrontée à la problématique d'éleveurs prélevant des eaux abreuvement du bétail sur un réseau d'eau potable qui avait déjà du mal à répondre complètement aux besoins des particuliers. « La nécessité de trouver une solution collective évitant le risque de pénurie et permettant aux éleveurs de prélever de l'eau ailleurs que sur le réseau d'eau potable devenait incontournable, précise Mélanie de Waele, chargée de mission Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) au sein de l'Épage Armançon. Nous avons décidé de lancer notre appel à projet parce qu'uniquement financer des solutions d'abreuvement n'est pas notre vocation. Nous avons avant tout pour objectif de restaurer et préserver les milieux aquatiques. »
Combiner deux objectifs
En ayant recours à un appel à projet, l'Épage a pu obtenir des financements de l'agence de l'eau Seine-Normandie et du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) permettant de combiner les deux objectifs :
- proposer une solution d'abreuvement avec des citernes souples, remplies l'hiver avec l'eau disponible sur la parcelle (source, cours d'eau) et réserver ce volume d'eau pour la période critique qui commence en général en juin. En fonction du nombre de bovins habituellement présents dans la parcelle concernée, une citerne souple de 300 m3 entourée d'une haie pour mieux s'intégrer au paysage, a été prévue, afin d'abreuver 30 vaches pendant trois mois.
- restaurer le milieu naturel à l'échelle de l'exploitation agricole concernée.
L'agence de l'eau et le Conseil régional ont financé 80 % du montant des travaux nécessaire, le reste étant réparti entre l'Épage, les propriétaires de parcelles et les éleveurs concernés.
Expérimentation
La visite terrain du 4 octobre permettait de découvrir un aménagement qui fonctionne depuis deux ans et qui a prouvé toute sa pertinence lors des périodes sèches de l'été 2025. « Sur cette parcelle, précise Mélanie de Waele, passe le Ru de la Louère. Il a fait l'objet de travaux de reconstitution de ses méandres dans la pâture sur une longueur de 550 mètres. En agissant de la sorte on parvient à ralentir le flux et à éviter des dégâts, en cas de flux trop important lié à de fortes précipitations. » Un puits a été mis en place pour protéger la source. Il alimente la citerne souple par gravité, et celle-ci alimente à son tour une auge de 1 000 litres en béton. « C'est une réalisation qui a un caractère expérimental, conclut Mélanie de Waele, elle va nous permettre d'évaluer, sur le temps long, l'évolution de la qualité de l'eau. On travaille avec le GDS sur ces questions. On veut faire financer des analyses régulières de l'eau. Pour l'Épage Armançon, le lien entre préservation de la qualité de l'eau et présence de prairie, donc de l'élevage, est essentiel. En soutenant l'activité d'élevage via un coup de pouce à l'abreuvement, on participe à l'intérêt général de la préservation de la qualité de l'eau. » L'Épage Armançon a réalisé trois projets de ce type mais il souhaite relancer un nouvel appel à projet très prochainement, afin de répondre à une demande réelle.