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Production

Le solaire comme facteur d'amélioration de la production en ruminants

En quoi une installation photovoltaïque peut-elle contribuer à améliorer la production d'un élevage de ruminant ? L'Institut de l'élevage étudie la question de manière très poussée.

Par Berty Robert
Le solaire comme facteur d'amélioration de la production en ruminants
L'impact des parcelles équipées en panneaux photovoltaïques sur la performance et le comportement des animaux reste encore largement à documenter.

Au-delà du revenu supplémentaire qu'une installation photovoltaïque en pâture peut apporter à une exploitation, et de l'amélioration du bien-être animal qu'elle peut générer, l'agrivoltaïsme peut-il avoir un effet bénéfique sur la performance globale d'un troupeau ruminant ? L'Institut de l'élevage (Idele) travaille sur la question et a livré une partie des observations et constats réalisés lors du Sommet de l'Élevage de Cournon d'Auvergne. L'institut produit déjà depuis longtemps des références sur l'agrivoltaïsme et la question de la performance agricole qui se rattache à des installations de ce type se trouve aujourd'hui renforcée par le décret de 2024 imposant à l'agrivoltaïsme de justifier la dimension agricole propre à chaque projet. Parmi les services que doit apporter un projet agrivoltaïque figurent, noir sur blanc, des objectifs de bien-être animal, d'adaptation au changement climatique, mais aussi d'amélioration du potentiel agricole. « Une parcelle agricole doit conserver au minimum 90 % de son rendement, une fois équipée d'installations agrivoltaïques, précise Julien Fradin, ingénieur agronome pour le service Fourrage et Pastoralisme à l'Idele, et la production agricole doit demeurer l'activité principale de la parcelle ».

Un guide pour s'y retrouver

Pour se retrouver dans un cadre réglementaire parfois complexe à appréhender en totalité, l'Idele a créé un guide des bonnes pratiques (1). Les centrales pâturées doivent répondre à un certain nombre de recommandations : permettre la libre circulation des animaux, leur éviter des blessures, permettre des interventions mécaniques (semis, broyage) et limiter l'artificialisation des sols au niveau des supports des panneaux ou des zones d'accès. Concernant les impacts des centrales solaires sur les systèmes agricoles, on manque encore de données. Les premiers retours d'expérience concernent des centrales d'ancienne génération. Ils permettent toutefois de dessiner quelques tendances, mais dans les prochaines années, on pourra s'appuyer sur les références obtenues dans les centrales en conformité avec les critères du décret de l'agrivoltaïsme. « Les réponses seront en effet évolutives, poursuit Julien Fradin, en fonction des nouvelles technologies qui entreront en vigueur. Les constats actuels sur l'impact sur les systèmes agricoles devront donc être affinés ». Il est toutefois possible, aujourd'hui, de documenter l'impact de ces installations sur les comportements des prairies. Une étude le l'Inrae de 2025 portant sur la synthèse de six suivis de parcs révèle des baisses de rendement pour 2 parcs sur 6, une absence de changement sur 3 parcs et un rendement amélioré pour le parc équipé en panneaux trackers, qui suivent les mouvements du soleil. « Les trackers, qui bougent, signale l'ingénieur de l'Idele, prélèvent plus de lumière que les fixes, lumière qui pourrait aller à la prairie. Par ailleurs, dans les situations avec beaucoup d'ombrage, on note une perte de production de légumineuses dans les prairies ».

Observation dans la Nièvre

Une observation a été menée sur un élevage ovin situé dans le sud de la Nièvre, à Verneuil. Elle montre une croissance des agneaux maintenue même s'il y a une baisse significative de la biomasse fourragère. Le comportement des animaux sur les parcelles équipées de panneaux montre des temps d'activité peu différenciés entre zone témoin et zone agrivoltaïque. Les activités de rumination et de repos sont majoritairement réalisées à l'ombre des panneaux, et on observe une tendance des ovins à moins boire pendant les périodes chaudes. En conclusion, l'Idele poursuit son travail sur des questions annexes du type de l'éventuel effet des champs magnétiques liés à l'agrivoltaïsme sur les animaux et sur un étalement de la production des prairies, qui ne s'observe pas beaucoup pour l'instant. Les gains de productions n'apparaissent pas énormes en été. Pour Julien Fradin, « l'éleveur doit prendre part largement à la conception de la centrale agrivoltaïque afin d’y apporter un regard pertinent et expérimenté. De manière plus générale, nous avons encore besoin d'acquérir des références afin de justifier les services rendus et mesurer l'impact des panneaux sur les systèmes agricoles ».

(1) L'agrivoltaïsme appliqué à l'élevage des ruminants, à télécharger sur le site idele.fr