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Politique agricole commune

Le soja enfin reconnu ?

L’éligibilité du soja aux aides européennes pourrait être très prochainement annoncée par le ministre. Un Côte d’orien réagit.
Par Aurélien Genest
Le soja enfin reconnu ?
Laurent Garnier : «C’est une très bonne nouvelle, d’autant qu’il ne devrait pas y avoir de plafonnement de budget».
[I]«Depuis le temps que l’on attendait ça... Le soja devrait être enfin éligible à la Pac»[i] se réjouit Laurent Garnier, agriculteur dans le canton de Gevrey-Chambertin. Il y a quelques jours, l’administrateur Fop a reçu un mail de son président Gérard Tubéry l’informant d’une [I]«bonne tournure des événements»[i]. S’il convient de rester [I]«prudent»[i] tant que Stéphane Le Foll n’a pas rendu publics ses arbitrages définitifs, le soja ne devrait plus être exclu de la liste des cultures éligibles au niveau communautaire. Dans l’application franco-française de la Pac, le Ministère propose de classer le soja comme [I]«éligible aux côtés des pois, féveroles et lupin doux, en pur et en mélange céréales/protéagineux à 50%»[i]. [I]«C’est une très bonne nouvelle, d’autant qu’il ne devrait pas y avoir de plafonnement de budget»[i] signale Laurent Garnier, lui-même producteur de soja depuis l’arrêt de la betterave en 2007. Cette reconnaissance s’explique par la volonté de la France de réduire sa dépendance protéique, tout en améliorant l’autonomie fourragère de l’élevage.

[INTER]L’importance de la contractualisation[inter]
Les modalités d’application de l’enveloppe des 2% recouplés relatifs à la relance des protéines végétales exigeraient la nécessité, pour les producteurs de grandes cultures, de démontrer un retour vers le secteur animal. [I]«C’est la condition fixée par François Hollande lors de son discours de Cournon»[i] rappelle Laurent Garnier, [I]«un solide dispositif de contractualisation est à construire pour pérenniser le soutien des protéagineux. Une évaluation serait d’ores et déjà prévue pour mesurer les effets bénéfiques de ce dispositif»[i]. Laurent Garnier appelle toutefois à la vigilance : [I]«il faudra être attentif sur la façon dont cette prime agira sur les cours de notre production franco-française. Il ne faudrait par qu’une partie de cette aide soit consommée par l’administratif et les coûts de gestion des dossiers liés à la contractualisation. Si ces derniers sont trop élevés, l’éleveur pourrait se retourner vers des produits du marché mondial qui seraient de ce fait moins chers, bien que non tracés. Pour réussir cette contractualisation et la faire durer dans le temps, il faudra jouer gagnant-gagnant à chaque extrémité de la filière, tant pour le producteur de végétal que pour le producteur animal»[i].

Forte mobilisation de la Fop

La Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, association spécialisée de la FNSEA, s’est fortement mobilisée en faveur de la mise en œuvre d’un plan protéines «ambitieux» comprenant notamment le soja.
 De nombreuses rencontres se sont déroulées en présence des parlementaires européens. Plusieurs démarches ont été conduites auprès des différents services des ministères de l’Agriculture et de l’écologie. Le président Gérard Tubéry a abordé ce sujet à chacune de ses rencontres avec le ministre de l’Agriculture et les élus des Conseils régionaux. La Fop a affiché une «réelle fermeté» lors les discussions autour de l’enveloppe des 2% recouplés relatifs à la relance des protéines végétales. Ces démarches ont été renforcées par celles conduites par les administrateurs de la Fop et leurs multiples partenariats avec le Cetiom, l’Unip (interprofession des protéagineux), Coop de France déshydratation, le Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles) et la FNSEA. La Fop reste mobilisée dans son travail de lobbying auprès de tous ses interlocuteurs politiques et administratifs pour que ces avancées deviennent des acquis syndicaux.