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Pêche et poissons

Le silure, un adversaire de taille

L’été est souvent la meilleure saison pour la pêche. Celle de l’imposant silure ne déroge pas à la règle.
Par Aurélien Genest
Le silure, un adversaire de taille
Paul Bernard a sorti une cinquantaine de silures depuis 2012.
Une touche des plus violentes, un moulinet qui débobine à grande vitesse dans la Saône : avec un vif dépassant le kilogramme, aucun doute, il s’agit d’un silure. Une grosse décharge d’adrénaline et un rude combat attendent le propriétaire de la ligne. Ces sensations, Paul Bernard les a vécues une cinquantaine de fois depuis 2012, année à partir de laquelle ce jeune homme de 29 ans s’est intéressé à la traque du plus gros poisson d’eau douce. «La capture de mon premier silure a été un véritable déclic pour moi ! Je pêche les carnassiers et les poissons blancs depuis mon plus jeune âge mais là, c’est autre chose. On s’attaque à des poissons parfois plus lourds que soi, chaque prise livre son lot de surprises et génère beaucoup d’émotions» confie Paul Bernard, originaire de Villefranche-sur-Saône.

Des monstres jusqu’à 140 kg
Son plus gros poisson est à ce jour un silure de 2,31 m, pris à la dérive, sur une tresse d’une résistance de 50kg au bout de laquelle tanguait un gros carassin. «Il m’a fallu une demi-heure pour sortir ce silure. Je n’avais pas pu le peser mais il devait faire aux alentours de 80 kg. Il était très intéressant en longueur car les plus grands de la Saône mesurent 2,55m. En revanche, il existe nettement plus lourd, le record doit approcher les 140 kg!» indique le pêcheur venant parfois tenté sa chance en Bourgogne et plus précisément au sud de la Saône-et-Loire. Les carassins ne sont pas les seuls vifs utilisés par Paul Bernard : «c’est un peu fonction de ce que je prends avant de tendre des lignes pour le silure. Je pêche parfois au chevesne, à la brème, avec de gros gardons ou de petites carpes. C’est une des particularités de la pêche du silure, quand on opte pour le vif: nous devons déjà capturer un gros poisson avant de commencer de pêcher !»

Des attaques de tout bord
Comme le veut l’éthique du pêcheur, les prises sont systématiquement remises à l’eau. «Certains ont eu déjà la chance de prendre le même poisson à plusieurs reprises. Je ne pense que cela me soit déjà arrivé» fait remarquer Paul Bernard, très riche en anecdotes sur le silure: «j’ai déjà vu des silures manger des rats et des petits canards. Un silure a même attaqué un cygne adulte devant mes yeux, il lui a enlevé plusieurs plumes! Dans la Loire, il paraît qu’il mange des pigeons. Des vidéos sur internet montrent un silure en train de s’approcher de la berge, prêt à s’échouer pour arriver à ses fins. Certains baigneurs affirment s’être déjà fait attaquer par des silures : il s’agit d’un mécanisme de défense de sa part, qu’il actionne quand il se sent en danger. Ces attaques sont plus impressionnantes que dangereuses. Il se dit également qu’il s’agit d’un poisson qui dévaste tout autour de lui et qu’il serait très néfaste à la vie aquatique... Si tel serait le cas, il n’y aurait pas autant de brochets et de sandres dans la Saône, il n’y en a d’ailleurs jamais autant eu qu’aujourd’hui». Selon des études, le silure mange l’équivalent de son poids chaque année.

Quelques caractéristiques

Le silure, originaire du Danube, s’est propagé dans toute l’Europe depuis les années cinquante. L’homme l’a introduit pour la pêche de loisir. La richesse des eaux d’Europe occidentale lui a été favorable. Avec un taux de fécondité important, et en l’absence de prédateurs à la hauteur de sa taille, le silure s’est rapidement acclimaté et développé. La tête du silure peut représenter jusqu’à 30% de son poids total. Sa bouche est pourvue de lignes de dents petites et nombreuses. Le silure possède des «bourgeons gustatifs» qui lui servent à localiser ses proies ou toute nourriture potentielle, même cachées dans la vase ou le gravier. D’autres organes lui servent à détecter des mouvements, dont ceux d’une écrevisse jusqu’à une distance de dix mètres.  Les yeux du silure sont minuscules lui seraient peu utiles pour la détection. Le silure fraye en couple : après avoir fécondé la femelle, le mâle resterait deux jours avec elle et lui donnerait des coups de tête dans le ventre pour l’inciter à pondre. Les œufs seront déposés dans un nid préparé à l’avance, le mâle défendra farouchement ce nid durant l’incubation.