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Viticulture

«Le rêve est devenu réalité»

Depuis son installation en août 2018, Mallorie Pabiot, viticultrice à Tracy-sur-Loire, n’a qu’une idée en tête : convertir les vignes de l’exploitation vers l’agriculture biologique puis la biodynamie. Le chemin est encore long mais la jeune femme vient de sortir sa toute première cuvée issue de la biodynamie. Elle nous a ouvert les portes de sa cave pour nous présenter cette nouvelle gamme.
Par Théophile Mercier
«Le rêve est devenu réalité»
Mallorie Pabiot pose fièrement devant sa nouvelle cuvée intitulée «Fleur de vignes».
Son sourire en dit long sur la satisfaction d’avoir réussi enfin sa toute première cuvée en biodynamie. Mallorie Pabiot, 27 ans, est viticultrice en Gaec avec son père sur la commune de Tracy-sur-Loire. Elle s’est installée en 2018 avec une idée en tête : convertir l’ensemble du domaine viticole (soit 11 hectares en Sauvignon pour la production de Pouilly Fumé) vers l’agriculture biologique puis la biodynamie.
«Pour moi la base de la vigne c’est d’avoir des insectes et une vie microbienne» estime-t-elle. Alors la jeune femme a pris le parti de travailler selon le cahier des charges de la biodynamie : «Mon objectif est d’améliorer la vie du sol et renforcer les défenses immunitaires de la vigne». Elle a suivi des formations au Sicavac à Sancerre pour appréhender cette nouvelle méthode de culture. Prudente, Mallorie Pabiot ne s’est pas lancée dans cette aventure avec de grandes surfaces, elle a d’abord fait un test sur 1,30 hectare. «Ce qui est pratique avec la parcelle en question c’est qu’elle est en un seul tenant, il était donc plus facile de la travailler» explique la viticultrice. «Je me suis équipée en interceps et en disques pour réaliser le désherbage mécaniquement. Ma vigne est traitée avec du souffre, du cuivre et de la valériane ou prêle qui sont inscrits dans le cahier des charges de l’agriculture biologique» explique-t-elle. Au moment des vendanges, Mallorie Pabiot a appliqué des levures de bioprotection pour éviter l’ajout de soufre et ainsi réduire les intrants. «Ce procédé permet de créer une protection naturelle sur la baie grâce à une colonisation du milieu par les levures. Une fois récolté, le vin n’a été sulfité une fois à 4g/hectolitre avec fermentation et une autre fois à 2g/hectolitre avant mise en bouteille. Je n’ai pas jugé nécessaire d’en ajouter davantage. Le vin a ensuite fermenté une dizaine de jours à 19°» explique-t-elle. Une fermentation facilitée par des «drapeaux» installés dans la cuve qui jouent un rôle de régulation de la température. «Sans ce système, mon vin aurait été moins contrôlable» concède-t-elle.

Une mise en abyme du produit
Cette cuvée exceptionnelle devait forcément s’accompagner d’une étiquette et d’un packaging spécial. «Je voulais des éléments forts qui rappellent à la fois mon engagement écologique mais aussi la nature. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à ce qu’il y ait une abeille et une fleur de vigne. Nous avons tendance à l’oublier, mais la vigne, lorsqu’elle est en fleur devient mellifère pour les abeilles. C’est donc extrêmement important de la préserver. Je voulais que cette étiquette serve à quelque chose, c’est pourquoi j’y ai mis un message résolument militant. Elle a été réalisée par Marine Nique, une amie d’enfance avec qui j’ai travaillé de long mois pour aboutir à ce résultat. J’ai également fait appel à Yves Marchand qui est poète. Avec sa plume, il a réussi à résumer le message que je souhaite faire passer aux consommateurs : à savoir qu’il y a une urgence écologique qu’il faut prendre en compte dans notre vie de tous les jours. Je précise que cette étiquette est réalisée avec du papier recyclé à 60 % qui est le maximum que l’on puisse faire en viticulture. Le bouchon est lui aussi particulier puisqu’il est composé de sucre de canne, donc 100 % recyclable. Enfin, le carton est assez inhabituel car il contient six bouteilles couchées, dans un format rectangulaire» détaille cette viticultrice indépendante. 3 100 bouteilles de cette cuvée intitulée «Fleur des vignes» ont ainsi été produites. «J’attends les premiers retours de mes clients pour savoir si cette cuvée a été appréciée et s’il faut améliorer des choses. Pour le moment, elle ne sera disponible qu’en vente directe au domaine. En tous les cas, la première pierre de la transition écologique est lancée au sein de l’exploitation. Je vais désormais travailler à convertir la totalité du domaine d’ici la fin de l’année» dit-elle en conclusion.

La biodynamie en bref

L’agriculture biodynamique est une forme d’agriculture biologique à la fois holistique, régénérative et positive. C’est une agriculture holistique car elle considère la ferme et plus généralement la Terre comme un écosystème vivant. Elle favorise le développement de fermes plus autonomes et diversifiées. Elle prend également en compte, dans la mesure du possible, les cycles qui rythment la vie de la Terre (cycles solaires et lunaires par exemple) pour optimiser les travaux agricoles et la qualité des produits (conservation notamment).